Selon Dr Noureddine Bouzouïa, son Pdg, le BiotechPôle de Sidi Thabet est une passerelle entre la recherche et l’entreprise, et une locomotive pour l’innovation et le développement de projets dans le domaine de la biotechnologie.
La Tunisie compte, actuellement, 12 pôles de développement technologique. Ils seront 24 en 2014, soit un dans chaque gouvernorat. Parmi ces pôles, dont la mission est de contribuer à la polarisation des projets innovants à haute valeur ajoutée, le BiotechPole de Sidi Thabet, situé à une vingtaine de kilomètres au nord de la Tunis, est dédié, comme son nom l’indique, aux biotechnologies.
Partenaires en savoir et associés économiques
Ce technopôle est géré par la Société de gestion de la BiotechPôle Sidi Thabet. Cette société anonyme, créée le 23 juin 2008, est soutenue par des partenaires, qui sont aussi des associés: l’Institut Pasteur de Tunis (Ipt), qui détient 35% de son capital, la Société des industries pharmaceutiques de Tunisie (Siphat, 5%), ainsi que des institutions financières publiques et privées: Sicar Amen (2%), la Société tunisienne de Banque (Stb, 10%), la Banque de l’habitat (BH, 10%) et l’Arab Tunisian bank (Atb, 10%).
Selon Dr Noureddine Bouzouïa, professeur à l’Université de Tunis-El Manar et Pdg du BiotechPole Sidi Thabet, les biotechnologies et les sciences biologiques et médicales sont solidement ancrés en Tunisie. Pour preuve: le pays compte 15.000 étudiants en biologie, 20.000 étudiants en sciences médicales et pharmaceutiques, 2.500 professeurs-chercheurs et 3.100 étudiants-chercheurs dans ces mêmes spécialités. Outre 4 instituts supérieurs en biotechnologie, la Tunisie compte aussi 2 instituts supérieurs en biologie appliquée, 1 institut supérieur des technologies médicales, 2 écoles supérieures des sciences et techniques médicales et 1 faculté de pharmacie.
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Le pays est également doté de 3 établissements de recherche et 388 laboratoires et unités de recherche dédiés à la biotechnologie, à la bio-pharmacologie et aux disciplines parentes (industries pharmaceutique et parapharmaceutique, ingénierie informatique appliquée à la santé, équipements médicaux, etc.), soit la moitié des laboratoires et unités que compte le pays.
La mise en place du BiotechPôle de Sidi Thabet vient compléter ce dispositif et ouvrir des perspectives pour une meilleure exploitation du savoir-faire national dans ce domaine.
Un pont entre la recherche et l’économie
Ce technopôle a pour principale mission de jeter un pont entre le monde de la recherche et celui de l’économie. Il réunit dans un même espace des instituts supérieurs de formation, des centres de recherche et des pépinières d’entreprises, de manière à faciliter les synergies entre les chercheurs, les inventeurs, les développeurs de projets innovants, les industriels soucieux d’améliorer leurs processus de production et les institutions de financement.
Le technopôle de Sidi Thabet est spécialisé dans la bio-banque, la génomique, les diagnostics génétiques, les protéines thérapeutiques, les molécules biologiquement actives (plantes médicinales, faune…), les anticorps et vaccins, les essais cliniques et la bio équivalence.
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Parmi ses missions: l’accompagnement et l’encadrement des porteurs de projets innovants, le renforcement de la veille technologique dans ses domaines de spécialisation, le développement de coopérations et d’échanges d’expériences aux échelles nationale et internationale et, bien entendu, l’attraction d’investissements nationaux et étrangers pour aider à développer les projets élaborés en son sein.
«Le BiotechPôle est à la fois une passerelle et une locomotive», explique Dr Bouzouïa. Traduire: un pont entre la recherche et l’entreprise et une locomotive pour impulser l’innovation et le développement de projets technologique dans ses domaines de spécialisation.
Il convient de savoir ici que la biotechnologie est une industrie très capitalistique et dont la rentabilité n’est souvent atteinte qu’à moyen et long termes.
Malgré son jeune âge, le technopôle de Sidi Thabet a identifié une soixantaine de recherches intéressantes dans ses domaines de spécialisation. Sur la quinzaine de travaux déjà bien avancés, 7 sont achevés. Et sur ces 7, un seul, réalisé par l’Institut Pasteur de Tunis et détenteur d’un brevet d’invention, a trouvé un partenaire étranger. Il s’agit d’un vaccin contre la rage rabique humaine, qui sera fabriqué en partenariat avec les célèbres laboratoires Mérieux de France.
Des compétences à 100% tunisienne
La pépinière d’entreprise, qui est l’une des principales composantes du technopôle, est dotée d’une superficie couverte de 1.305 m2 et d’une capacité d’accueil de 15 entreprises. Les travaux sont très avancés et l’inauguration est prévue en mars 2011.
Des équipements à la pointe de la technologie
La mission de la pépinière consiste, dans un premier temps, à détecter les projets innovants dans les domaines de la biotechnologie, des industries pharmaceutiques et des sciences de la vie appliquées à la santé. Dans un second temps, elle donne un coup de pouce aux start-up en leur proposant l’ébergement à un prix symbolique et un accompagnement individualisé, avec des services partagés qui simplifient leur travail (accueil, secrétariat, équipement, mise en réseaux, sécurité, etc.)
Le technopôle abrite également:
• le Centre des ressources technologiques (Crt) : un espace d’innovation et de valorisation qui fonctionne comme une interface entre les industriels, les centres de recherche & développement, les pépinières ; il aide à la mise au point de projet exploitable économiquement (150 ha de terrains industriels) ;
• l’Institut supérieur de biotechnologie de Sidi Thabet (Isbst): créé en 2004, cet institut accueille quelque 500 étudiants et 66 employés, dont 48 enseignants. Il dispense des formations en microbiologie industrielle, contrôle qualité, biomolécule et santé & sécurité alimentaire, et environnement ;
• le Centre national des sciences technologiques nucléaires (Cnstn): créé en 1993, ce centre compte 92 salariés, dont 53 chercheurs, ingénieurs et techniciens. Parmi ses missions : la réalisation d’études et recherches nucléaires à caractère pacifique, la maîtrise des technologies nucléaires, notamment dans les domaines agricole, industriel, énergétique, environnemental et médical ;
• l’Institut national de recherche et d’analyse physico-chimique (Inrap): créé en 1995, cet institut emploie 101 personnes dont 48 chercheurs, ingénieurs et techniciens. Sa mission: doter la Tunisie des moyens humains et matériels nécessaires pour effectuer les analyses les plus complexes, jusqu’aux traces et ultras traces, ainsi qu’aux niveaux atomique et moléculaire et aux phénomènes de surface.
Ce dispositif assez complémentaire, conçu et géré par des compétences à 100% tunisiennes, est censé aider au développement de la génétique et de la génomique, des ressources végétales et animales exploitables dans la fabrication de biomatériaux, médicaments et autres recherches pertinentes, de l’immunologie, de la parasitologie et de la microbiologie et autres spécialités à la base de la fabrication de vaccins, sans parler des recherches en cancérologie et autres disciplines de pointe.
Mot de la fin du Dr Bouzouia: «Si des pays en développement ou émergents comme Cuba, Porto Rico, le Brésil, l’Argentine, l’Inde, la Chine et la Corée du Sud ont pu réussir à développer des filières biotechnologiques, il n’y a aucune raison pour que la Tunisie, avec les compétences dont elle dispose, ne réussisse pas aussi.»
R. K.