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La Tunisie qui a manqué le départ du e-Tourisme pourra-t-elle rattraper son retard dans ce domaine et avoir sa petite part du camembert?

Par Zohra Abid

Il n'est jamais trop tard, mais à condition de mettre les bouchées doubles et d'exploiter à fond les outils technologiques du 21e siècle qui coûtent, au final, trois fois rien en comparaison avec les coûts des campagnes publicitaires traditionnelles.

Il n'est jamais trop tard!

Tel est l'appel adressé par la ministre du Tourisme Amel Karboul au lendemain de la prise de ses fonctions, il y a 3 mois. Cet appel a interpellé Tarek Lassadi, directeur général de Traveltodo, première agence tunisienne de voyage on-line, qui a organisé, jeudi 24 avril, à Gammarth, la première journée dédiée au e-tourisme en Tunisie.

Dans son mot inaugural, ce dernier a mis l'accent sur les nouveaux modèles économiques autour de l'économie collaborative, les ruptures technologiques et l'évolution des pratiques d'achats... «Aujourd'hui, c'est notre premier rendez-vous avec le e-tourisme. Nous visons à réunir l'ensemble de l'écosystème du e-tourisme : le privé comme le public, les grands groupes comme les start-up, le produit, les services mais aussi les technologies», a-t-il lancé devant les professionnels des secteurs du tourisme et des nouvelles technologies, qui n'ont pas eu jusque-là beaucoup d'occasion de se rencontrer et de voir les synergies qu'ils pourraient développer ensemble.

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Intéresser le client et le fidéliser 

Lors de cette journée marquée par la présence de la ministre du Tourisme Amel Karboul et Taoufik Jelassi, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et des TIC, ainsi que de plusieurs sommités nationales et internationales des deux secteurs, le ton était plutôt alarmant et alarmiste. Car, la Tunisie a tardé à mettre sa montre à l'heure au e-tourisme et a négligé, des saisons durant, le créneau des ventes en ligne, pourtant très porteur.

Selon certains intervenants, la Tunisie n'a pas su exploiter les avantages ni de la toile, ni du mobile, ni encore du smartphone pour promouvoir ses secteur du tourisme et de la santé, qui sont, on le sait, très complémentaires avec le développement de ce qu'on appelle le tourisme de santé, un filon en plein boom dans notre pays.

La Tunisie peine aussi à mettre en ligne le développement durable, les produits du terroir, le patrimoine matériel et immatériel, et tous ses autres atouts qui ne sont pas négligeables, notamment ses régions intérieures qui regorgent de richesses inexploitées.

Kais Sellami, président de la Fédération des TIC à l'Utica, a indiqué, de son côté, qu'il existe aujourd'hui une multitude de projets à mettre en place avec le concours du ministère du Tourisme. «Nous devons créer un outil qui centralise toutes les données relatives au secteur pour pouvoir toucher les clients, les intéresser à la destination et les fidéliser», a-t-il dit.

Savoir vendre via Internet

Fréderic Vanhoutte, fondateur du 1er site d'information du tourisme digital, président de Level Com (association en ligne) et fondateur de Travelprice, estime que la Tunisie dispose de nombreux atouts mais il faut apprendre comment les valoriser et les vendre. Intéresser un client et le fidéliser grâce aux nouvelles technologies coûte, en fin de comptes, 3 fois rien à côté des dépenses et efforts à consentir pour chercher de nouveaux clients à travers des moyens de communication classiques.

Quant on sait que plus de 20% de recherches sur la Tunisie se font à travers le mobile, on est dans l'obligation d'apprendre à exploiter l'Internet pour rester en contact avec les clients. Et dans ce domaine, ajoute Fréderic Vanhoutte, rien ne vaut une bonne communication pour accrocher le client, l'accompagner dans ses goûts, répondre à ses attentes et le fidéliser.

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L'ex-ministre du Tourisme Elyes Fakhfakh parmi les présents.

La formation continue

Certains directeurs d'établissements hôteliers en Tunisie ont beaucoup négligé les nouvelles technologies et c'est bien dommage, fait encore remarquer le spécialiste du tourisme digital. «Certains hôtels ne sont même pas dotés d'un site sur Internet. Autant dire qu'ils sont, dans un certain sens, inexistants. Et leurs pertes sont énormes alors que monter un site et être connecté au monde ne coûte presque rien. Avec 2.000 dinars en moyenne, on peut avoir un site qui se respecte. Il faut seulement le mettre à jour, savoir comment le présenter et l'animer par des vidéos pour qu'il figure déjà dans les sites de booking en ligne. Ça doit être un réflexe», insiste M. Vanhoutte.

Pour se faire une place dans le paysage touristique, il convient donc aussi d'investir dans la formation du personnel et multiplier les ateliers de communication. Car, pour pouvoir vendre, il faut savoir communiquer.

Attention au revers de la médaille !

Le secteur du tourisme en Tunisie est frappé de plein fouet par la crise et il a besoin d'un sang neuf pour se relever. Il suffit d'avoir une petite dose d'audace et d'exploiter le e-Tourisme, sans négliger, bien sûr, la qualité du service et la propreté, qui restent les principaux atouts de la réussite dans ce secteur.

«Comme il existe aujourd'hui des ONG qui mettent en exergue les points forts de tel ou tel pays, il en existe d'autres qui sautent sur les failles de tel ou tel secteur pour les mettre en avant», a indiqué l'un des conférenciers. Et d'ajouter : «Le tourisme balnéaire n'est plus aujourd'hui le bon choix; il faut se tourner vers autre chose susceptible d'intéresser le client quitte à lui faire payer plus cher son séjour». Car la découverte et la nouveauté ont aussi un prix.

«Selon un sondage sur le tourisme sociétal et solidaire, 66% des personnes interrogées se disent prêtes à payer plus cher. Ceci reste dans le domaine du virtuel, car, en réalité, la majorité des clients négocie le prix à travers les agences», a cependant précisé Hedi Hamdi, journaliste spécialisé dans le tourisme. Comme pour rappeler que la donne commerciale reste primordiale...

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