Des taximen, ayant acquis des Polo au moteur défectueux, protestent devant le siège d'Ennakl Automobiles, concessionnaire de la marque. Et crient à l'arnaque. Reportage...
Par Zohra Abid
Au pied de l'affiche frappée du slogan publicitaire «Le Printemps by Volkswagen», placardée sur les murs du siège de la société Ennakl Automobiles à la Charguia II, des dizaines de taximen observent, depuis lundi, un sit-in de protestation contre le concessionnaire en Tunisie des voitures Volkswagen, Audi, Seat et Porsche. Il crient à l'arnaque.
Un moteur Polo peu fiable
Ce mouvement tombe à un très mauvais moment. Car, le concessionnaire vient de lancer, en collaboration avec la société de leasing ATL, une campagne publicitaire pour une offre commerciale à zéro% d'autofinancement pour l'acquisition de ses voitures de la marque Wolkswagen (Polo, Golf ou Tiguan). La colère des taximen, exprimée de manière tapageuse, devant le siège de la société, dans une rue très circulante, ne va pas beaucoup aider à la réussite de la campagne.
Les taximen se plaignent des véhicules au moteur défectueux que le concessionnaire leur a vendus au prix fort.
«Les commandes ont été passées entre 2010 et 2012. Il s'agit de 2.100 voitures, destinées au transport des passagers. Ces véhicules devaient être robustes et équipées d'un moteur spécial. C'est ce que nous ont, en tout cas, promis les responsables d'Ennakl au moment de la commande. Après quelques centaines de km, nous étions surpris par les failles du moteur de ces 3 cylindrés encore neuves», raconte à Kapitalis Ridha Trabelsi, membre de la Chambre nationale des chauffeurs de taxi. Il était entouré de quelques dizaines de ses collègues, rassemblés près de leurs véhicules de couleur jaune.
«Il suffit qu'on emprunte une pente pour que le véhicule tombe en panne», se plaignent les taximen.
A chacun son expérience avec la Polo. «Il suffit qu'on emprunte une pente pour que le véhicule tombe en panne. Les Polo sont souvent en panne au milieu de la route, c'est zéro fiabilité. Nous avons signalé ces pannes du moteur à l'administration d'Ennakl... Après les négociations, il y a eu accord, mais les responsables de la société n'ont pas respecté leurs engagements et ont fermé toutes les portes de la discussion», explique M. Trabelsi.
L'accord est-il tombé à l'eau?
Selon ce dernier, il y a eu une réunion entre la Chambre nationale des chauffeurs de taxi et le syndicat d'Ennakl Automobiles, en présence du directeur général adjoint de la société, Zied Kamoun, ainsi que d'autres membres des 2 syndicats, comme Hachemi Bellouza et Faouzi Khabbouchi.
Les taximen en sit-in devant la maison Volkswagen depuis lundi.
«Nous avons demandé le remboursement de 6.000 DT pour que nos collègues puissent remplacer le moteur de la Polo par celui d'une Golf 7, plus puissant et qui dure plus longtemps. Après les négociations, on s'est mis d'accord sur la somme de 4.000DT. C'était le 29 avril dernier. Mais pour nous remettre cette somme échelonnée sur quelques mois, toutes les portes étaient fermées», a ajouté le responsable syndical.
Hier, lundi 5 mai, il y a eu, en présence d'un huissier de justice, une autre rencontre avec les responsables de la société. «Ces derniers sont revenus sur l'accord et ont proposé de réparer les moteurs à chaque fois où il y a une panne», précise M. Trabelsi.
Ridha Trabelsi déplore le silence des responsables d'Ennakl.
Cette décision n'a pas satisfait les taximen. C'est un euphémisme: «Nous avons décidé d'observer un sit-in ouvert pour qu'il y ait une intervention rapide des autorités, car cette société nous a vendu des plateaux d'œufs et non des voitures. Nous payons cette Polo avec le leasing plus de 32.000 DT. Alors que la société la vend à 25.000DT. On en a marre!», crient Aziza, Sami et les autres taximen.
Certains taximen, qui ont des problèmes financiers les empêchant de subvenir aux besoins de leurs familles, se plaignent du fait qu'ils n'arrivent pas à travailler en raisons des pannes récurrentes des voitures. «A cause de cette maudite Polo et de son moteur, nous évitons de prendre des clients au risque de leur demander de descendre au milieu du trajet», se plaint un taximan. Il ajoute: «Un simple injecteur coûte la bagatelle de 1.200 DT. Regardez-moi ce moteur qui dégage de la fumée. La voiture était pourtant au garage, la semaine dernière», s'est plaint un autre taximan, en soulevant le capot de sa voiture qui a moins de 2 ans d'âge.
«L'injecteur à 1 200 DT qui tombe souvent en panne», se plaignent les taximen.
Le silence d'Ennakl
«Après la réparation au garage, quelques km parcourus, puis rebelote. Une autre panne. C'est le dégoût. Déjà pour réparer, il faut attendre 5 jours au moins. Nous restons bloqués une semaine. Car, la voiture reste au garage d'Ennakl du lundi jusqu'à la fin de la semaine. Entre-temps, nous devons payer nos traites à la banque. Nous avons derrière nous des enfants et des bouches ouvertes. Ennakl Automobiles reste insensible à nos soucis au quotidien», se plaint un quinquagénaire.
Nous avons contacté au téléphone la direction commerciale de la société pour avoir sa version. «Les responsables sont en réunion et personne ne peut pour le moment vous répondre», nous a-t-on répondu au téléphone. «Laissez votre numéro de téléphone, on vous rappellera», nous demande la dame. Plusieurs heures après, aucune réaction.
A l'ombre d'un mur en face du siège d'Ennakl Automobile, les protestataires poursuivent leur sit-in. Ils crient à l'escroquerie...
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