La coopération entre la Tunisie et la Libye vient d'être renforcée par un partenariat entre l'Aviation Training Center of Tunisia (ATCT) et des compagnies aériennes libyennes.
Par Zohra Abid
Pour former leurs pilotes à la conduite des avions Airbus 320, les autorités aériennes libyennes ont fait confiance à un centre tunisien de formation, l'ATCT, créé en 2002, grâce à un partenariat par Tunisair, Nouvelair, Airbus et Thales. Doté d'une réelle compétence dans ce domaine, l'ATCT est certifié, depuis 2010, aux normes européennes en matière de formation des pilotes en ligne. Il dispose de 2 simulateurs de vol de type A320, d'instructeurs expérimentés ayant assuré plus de 15.000 heures de vol et de salles adaptées à la formation de pilotes en ligne.
Un centre régional de référence
L'ATCT et le Holding Libyan African, propriétaire des compagnies Libyan Airlines Afriqyah Airways se sont mis d'accord pour agir désormais en pool. Les Libyens sont entrés, début mai, à hauteur de 27%, dans le capital de l'ATCT, qui assurera désormais en exclusivité la formation aéronautique de leurs pilotes.
Vendredi 2 mai, une délégation de hauts responsables libyens s'est déplacée en Tunisie pour conclure l'accord afférent à ce partenariat. Accueillie par Chiheb Ben Ahmed, ministre du Transport et les responsables de l'ATCT, la délégation était présidée par le ministre libyen du Transport Abdelkader Mohamed Ahmed, qui était accompagné de Mohamed Maâloul, ambassadeur de Libye à Tunis.
Le partenariat tuniso-libyen dans le domaine aérien n'est qu'à ses débuts, les 2 parties semblent, en effet, déterminées à développer à l'avenir plusieurs autres projets.
«La dernière visite d'une délégation tunisienne à Tripoli remonte à fin octobre 2013. Il a été question de mettre en place une stratégie dans le transport aérien, marin et terrestre. Pour commencer, la Libye compte sur les compétences tunisiennes pour la formation et le recyclage de ses pilotes», a expliqué Thouraya Laâbidi Ayari, directrice générale de l'ATCT. Elle a ajouté : «Dans le cadre du développement et de diversification de ses activités, l'ATCT s'est rapproché du Holding Libyan African Aviation. Notre partenariat avec nos voisins a commencé depuis 2005. Aujourd'hui, il prend un autre élan et ce n'est encore qu'un début».
Chiheb Ben Ahmed a insisté, de son côté, sur le développement d'une série d'autres projets dans le secteur du transport. «A part la formation, il y aura l'ouverture de plusieurs lignes. Un accord a été signé en avril dernier entre les 2 pays pour lancer une ligne maritime entre les deux pays. D'autres lignes terrestres et aériennes sont au programme, notamment entre Jebel Nafoussa et Medenine. En ce qui concerne la voie ferrée, elle est au dernier tronçon de 25 km. D'autres lignes seront ouvertes entre Tunis, Syrte, Benghazi», a annoncé M. Ben Ahmed.
Une rencontre maghrébine sur la stratégie de transport régional se tiendra, par ailleurs, les 18 et 19 mai courant, à Tunis, sous l'égide du ministère du Transport. Ce sera l'occasion de discuter des nouvelles lignes à ouvrir entre la Tunisie et les autres pays de l'Afrique du Nord, a ajouté le ministre.
Abdelkader Mohamed Ahmed, ministre libyen du Transport, a, de son côté, souligné la qualité des relations traditionnelles entre la Libye et la Tunisie. «Nous sommes venus de notre pays vers notre autre pays. Nos 2 pays, arabes et musulmans, sont en pleine mutation. La Tunisie, où a pris naissance le Printemps arabe, a une avance sur la Libye. Nous avons les mêmes projets et les mêmes ambitions. Mettons donc la main dans la main et faisons le chemin ensemble», a-t-il lancé, un brin lyrique.
Le ministre libyen n'a pas omis de féliciter, au passage, son homologue tunisien. «Nous avons connu Chiheb Ben Ahmed à travers ses recherches et ses ouvrages édités dans le monde entier. Nous lui renouvelons nos félicitations, ainsi qu'à la Tunisie qui l'a choisi pour diriger le ministère du Transport. Nous l'avons fait déjà au téléphone, mais, aujourd'hui, nous le répétons de vive voix et au nom de notre peuple», a dit l'hôte libyen.
De g. à d., Abou Bakr Al-Fourtya, Abdelkader Mohamed Ahmed, Chiheb Ben Ahmed, Thouraya Laâbidi Ayari et Rabeh Jrad..
Pour le meilleur et le... meilleur
M. Mohamed Ahmed a dressé une liste de projets en cours de discussion et d'autres qui verront le jour prochainement. Comme l'ouverture d'un 3e poste frontalier, pour décongestionner ceux de Dhehiba et de Ras Jedir. «L'infrastructure et la construction du 3e poste-frontalier a déjà été confiée à un bureau d'étude tunisien», a précisé l'hôte de la Tunisie, tout en formant le souhait de voir les pays maghrébins plus que jamais reliés les uns aux autres et unis, à l'image de l'Union européenne.
«Malgré les problèmes politiques et sécuritaires que vivent nos 2 pays, nous-nous en sortirons ensemble, plus forts et sur des bases plus saines, pour être des partenaires et non des concurrents. Avec le Maroc et la Tunisie, nous sommes déjà 3 pays sur la même voie. Nous souhaitons que le 4e pays, l'Algérie en l'occurrence, se joigne à nous pour consolider les liens dans tous les domaines», a ajouté le responsable libyen.
Rabeh Jrad, Pdg de Tunisair, a déclaré, de son côté, que la formation des pilotes en ligne n'est qu'un premier jalon. «Nous allons gravir ensemble plusieurs autres marches et nous allons réussir. Malgré les difficultés, nous restons optimistes», a-t-il dit.
Plus optimiste encore, Abou Bakr Al-Fourtya, directeur général de Holding Libyan African Aviation, a annoncé, pour sa part, qu'après la formation à l'Airbus 320, les pilotes libyens seront formés, bientôt, en Tunisie, aux airbus 330 et 350.
Illustration: De gauche à droite, Abdelkader Mohamed Ahmed et Chiheb Ben Ahmed.
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