La fusion annoncée entre la Banque de l’Habitat (Bh) et la Société tunisienne de banque (Stb) pourrait donner naissance à un «champion national». Mais la notation du groupe à naître pourrait affectée par la faiblesse des actifs de qualité de la Stb, estime Standard & Poor’s.
L’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) vient d’annoncer que les notations attribuées à la Bh (BBB-/Stable/A-3) et à la Stb (BBpi) ne sont pas, pour le moment, affectées par l’annonce, le 16 décembre, par les deux banques, lors de leurs conseils d’administration respectifs, d’un accord sur un projet de fusion.
Des éléments d’incertitude
«Nous comprenons que le gouvernement tunisien, qui détient des participations majoritaires dans les deux banques, soutient le projet de fusion. Par conséquent, nous croyons que la transaction est hautement probable», notent les analystes de Standard & Poor’s. Ils sajoutent: «Nous considérons que la Bh a actuellement un meilleur profil financier que la Stb, dont les actifs de qualité et de capitalisation sont faibles. Par conséquent, le profil financier du groupe à naître pourrait être plus faible que celui que la BH prise à part».
Des éléments d’incertitude persistent, qui ne permettent pas de procéder à l’évaluation correcte de la solvabilité de ce groupe, note aussi S&P.
Il y a d’abord le calendrier de la fusion, encore incertain et qui pourrait aller au-delà de deux ans.
Siège de la Stb, sur l’avenue Mohamed V à Tunis.
Ensuite, et tout en reconnaissant que les deux banques ont des positions concurrentielles fortes sur des segments complémentaires, S&P estime que les conditions opérationnelles et financières de la fusion n’ont pas encore été décidées. L’agence affirme avoir très peu d’informations sur d’éventuels soutiens financiers du gouvernement tunisien au projet de fusion. Un tel soutien pourrait inclure une augmentation de capital, l’indemnisation des créances douteuses, qui affectent actuellement le profil financier de la Stb, ou un autre type de soutien financier ponctuel. Le soutien du gouvernement pourrait également renforcer les ratios de capitalisation de l’entité à venir à l’égard des nouvelles exigences de la réglementation bancaire qui entreront en vigueur à partir de 2012.
Quels appuis du gouvernement?
Enfin, et après l’opération de fusion, S&P estime devoir réévaluer l’éventualité d’un appui du gouvernement pour la nouvelle entité en cas de difficulté financière. Se fondant sur sa méthodologie de notation des entités liées au gouvernement, l’agence estime que la probabilité d’un tel soutien est «élevée» pour les deux banques.
S&P affirme, par ailleurs, qu’elle continuera de discuter de toutes ces questions avec les responsables des banques et les autorités financières tunisiennes et promet de mettre à jour ses évaluations dès qu’elle aura suffisamment de renseignements sur les modalités et les conditions de la fusion et ses conséquences probables pour les banques.
Imed Bahri