L’économie tunisienne se porte plutôt bien. Seul point négatif, peut-être, un taux de croissance de 3.7% en 2010, alors qu’on espérait atteindre 5%. Et un taux de pauvreté qui augmente.
C’est ce qui ressort de l’exposé présenté par Fayçal Ben Derbel, expert comptable, président d’honneur de l’Ordre des experts comptables de Tunisie (Oect) et universitaire à l’Institut supérieur de gestion de Tunis (Isg), lors d’un petit-déjeuner-débat, samedi 8 janvier à l’hôtel Concorde, aux Berges du Lac de Tunis, organisé par le Centre des jeunes dirigeants (Cjd), le Centre des jeunes entrepreneurs de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Cjeiace), l’Association tunisienne des grandes écoles (Atuge) et la Chambre tuniso-américaine de commerce (Tacc), la loi de finances 2011.
De l’actif au passif
Les recettes fiscales pour l’année 2010 ont enregistré un surplus d’un milliard de dinars par rapport à ce qu’a été budgété. Est-ce à dire que les contribuables tunisiens se sont acquittés comme il se doit de leur devoir de citoyen intègre et que la fraude fiscale est en recul?
L’autre chiffre marquant concerne le taux de pauvreté, qui s’élève à 7,4% en Tunisie, contre 15% au Maroc, 20% en Egypte et 6,2% en France. L’on peut se demander comment le taux de pauvreté chez nous peut-il être si proche de celui de la France alors que le smig dans ce pays équivaut huit fois celui en Tunisie.
Ces chiffres, on l’imagine, n’ont pas manqué de faire rebondir certains participants, qui ont même exprimé quelque étonnement. En bon expert comptable, passant de l’actif au passif, le conférencier a admis cependant que si on table sur un taux de croissance de 5% pour ne récolter en fin de compte que 3.7%, on est loin de présenter un bilan positif.
M. Derbel a expliqué ce recul par l’effet négatif de la conjoncture économique internationale, la mauvaise saison agricole et le recul de l’apport du secteur du tourisme qui a connu en 2010 un faible taux de croissance de 2%.
Vacance des pauvres
En ce qui concerne ce dernier secteur, il apparaît que le nombre d’entrées en 2010 a augmenté mais les recettes ont diminué, situation certes alarmante mais non encore catastrophique. Le pays continue d’accueillir un nombre croissant de touristes, mais ces derniers sont plutôt désargentés. S’ils occupent les hôtels et accroissent ainsi le nombre de nuitées, ils ne laissent pas de recettes conséquentes dans les caisses de l’Etat. Ce qui a fait dire récemment à un humoriste français d’origine africaine: «Quand on est fauché en France on passe les vacances d’été en Tunisie».
Les seules vraies nouveautés de la loi de finances 2011 sont la création de la fonction de médiateur fiscal, qui va agir pour limiter et solutionner les litiges entre l’administration et les contribuables, et l’imposition d’une nouvelle taxe de 1% sur tous les achats que les contribuables peuvent déduire de leur assiette imposable lors du dépôt de leur déclaration d’impôt sur le revenu. Cette retenue à la source destinée à garnir les caisses de l’Etat essaie de compenser le manque à gagner causé par ceux qui omettent de remplir chaque année le fameux D.U.R. et ils sont très nombreux en Tunisie.
Cette nouvelle taxe entraîne une procédure facile à appliquer lors de l’encaissement par le fournisseur mais difficile à manœuvrer pour les contribuables lors de la déclaration.
L’assistance a été unanime pour dire que la loi de finances apporte comme chaque année son lot de points ambigus, même pour les experts comptables eux mêmes assez rodés mais qui trouvent, la plupart du temps, des difficultés pour remplir correctement les déclarations.
Ali Ben Mabrouk