«J’ai visité une trentaine de pays au cours des deux dernières années. Partout, la crise financière internationale a laissé des traces. Seuls deux pays parmi ceux que j’ai visités ont réalisé des chiffres positifs : la Chine et la Tunisie», a lancé Charles H. Dallara, directeur général de l’Institute Of International Finance (IIF), à l’ouverture du congrès annuel de son organisation, le second en Tunisie depuis 2007, au siège de l’Amen Bank (avenue Mohamed V à Tunis), mardi 13 avril.
Le président de l’IIF parlait en présence de Taoufik Baccar, Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), de Rachid Ben Yedder, Président du Conseil d’administration d’Amen Bank, Ahmed El Karam, vice-président et Directeur général du même établissement, ainsi que de plusieurs hauts responsables du monde de la finance tunisiens et internationaux.

Avancer prudemment et à son propre rythme
«Le monde des finances est passé par une période tumultueuse. Mais les banquiers maghrébins ont prudemment géré leurs systèmes financiers. Ils n’ont pas été tentés par les excès commis par leurs homologues aux Etats-Unis et en Europe», a enchaîné M. Dallara. Il a ajouté: «Les banquiers maghrébins devraient cependant tirer des leçons des expériences douloureuses vécues par leurs homologues dans le monde. La principale leçon est qu’ils devraient continuer à avancer prudemment et à leur propre rythme dans le processus devant leur permettre d’intégrer le système financier international.»
«La crise du système financier international, qui a eu des répercussions sur les économies du monde, est intervenue à un moment où les banques maghrébines essayaient d’intégrer ce même système», a renchéri Taoufik Baccar. Il a ajouté: «La croyance en une régulation par les marchés a révélé ses limites. L’idée qu’un marché tend naturellement vers l’équilibre s’est révélée exagérée. A cause de la bulle provoquée par la spéculation, des pans entiers de l’activité financière ont échappé à tout contrôle. D’où la nécessité de repenser le système financier mondial, qui devrait désormais se fonder sur des pratiques saines, une meilleure transparence des opérations et une régulation institutionnelle plus rigoureuse. L’objectif étant d’éviter la propagation des risques à grande échelles.»
Evoquant ensuite le cas de la Tunisie, le Gouverneur de la BCT a indiqué que notre pays a suivi en permanence le développement de la crise. Car il fallait anticiper les risques et prévenir l’instabilité des marchés. Et, surtout aussi, veiller à assurer une adéquation entre les performances du système financier et celles de l’économie réelle.

Vers d’autres modèles de croissance
«La crise nous a conforté dans nos choix», a souligné M. Baccar. En rappelant les mesures d’urgence prises par les autorités financières pour prévenir les effets induits de la crise mondiale sur l’économie nationale. Dans ce contexte, une attention particulière a été accordée aux entreprises exportatrices, eu égard à leur rôle moteur dans l’économie du pays et à leur relative vulnérabilité face aux bouleversements extérieurs.
En conclusion, le Gouverneur a plaidé pour la recherche d’autres modèles de croissance et pour le remodelage de l’économie mondiale. A cet égard, le Maghreb, à l’instar des autres marchés émergents, pourrait constituer un refuge pour les investisseurs et les opérateurs économiques internationaux, eu égard au potentiel de croissance que recèlent ses économies.
Les débats ont porté sur le rôle du système financier maghrébin dans la reprise économique dans la région, la réforme du secteur financier dans les pays du Maghreb et son positionnement dans le nouvel environnement régional et mondial, le financement des économies régionales dans le contexte international actuel, etc.

R.K.