Après la chute de Ben Ali, Orange Tunisie, détenu à 49% par France Télécom et à 51% par Investec, société tunisienne de Marwan Mabrouk, le gendre du président déchu, pourrait poser problème.


«Qu’est-ce que cette filiale va devenir?», s’est interrogé Sébastien Crozier, le président du syndicat Cfe-Cgc/Unsa. La question devrait être abordée aujourd’hui lors d’un comité central d’entreprise. La Cfe-Cgc/Unsa devrait demander à la direction du groupe de l’«informer des dispositions (...) prises pour le personnel d’Orange Tunisie» et «sur le devenir d’une filiale détenue à 51% par un actionnaire qui semble-t-il a fui son pays». «Marwan Mabrouk est en Tunisie et il n’a jamais fui», a toutefois indiqué un porte-parole du groupe  Mabrouk.

1.100 salariés dans le pays
Orange Tunisie est détenu à 49% par France Télécom et à 51% par Investec, société tunisienne de Marwan Mabrouk, a confirmé la directrice de la communication de l’opérateur historique français, Béatrice Mandine. La filiale emploie 1.100 personnes et sa direction opérationnelle est assurée par France Télécom. Selon la directrice de la communication, «il serait logique que cela soit un représentant de la société ayant la participation majoritaire» qui soit à la tête de la société.
En mai 2010, Didier Lombard, l’ancien patron d’Orange s’était dit «heureux de s'associer à Marwan Mabrouk» pour bâtir le premier opérateur réellement convergent de Tunisie lors du lancement des opérations d’Orange. Béatrice Mandine, qui s’est refusée à tout commentaire sur le devenir de la coentreprise, a souligné que «cela fonctionne bien, nous avons conquis 800.000 clients depuis mai 2010 dans un secteur qui contribue plutôt à faire circuler l’information». France Télécom a mis en place un dispositif d’urgence en Tunisie «pour faire face aux événements et tenter de protéger (ses) 1.100 salariés» dans ce pays.

La richesse des Mabrouk antérieure à Ben Ali
Marwan Mabrouk a épousé Cyrine, une des filles de la première femme de Ben Ali, Naïma Kefi. Issu d’une vieille fortune tunisienne, il dirige avec ses deux frères le groupe Mabrouk qui possède les concessions Fiat et Mercedes, ainsi que la Banque internationale arabe de Tunisie (Biat). Il est également présent dans la grande distribution (Géant, Monoprix).
En d’autres termes, Marwan Mabrouk et sa famille ne se sont pas enrichis grâce à leur alliance avec Ben Ali: ils étaient déjà riches avant cette alliance, grâce aux activités industrielles de leur père, Ali Mabrouk. Ils ont peut-être profité de cette alliance par la suite, à des niveaux et en vertu d’opérations dont il s’agit d’établir les preuves avant de lancer des accusations.
Le groupe Mabrouk, à l’instar des autres grands groupes tunisiens, qui réalisent une partie de la richesse nationale et emploient des dizaines de milliers d’employés, doivent être préservés, dans le strict respect de la loi.

Kapitalis (avec Afp).