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La conférence «Investir en Tunisie, start-up démocratie», tenue lundi 8 septembre 2014 à Gammarth, sans verser dans un optimisme excessif ou naïf, a été une franche réussite.

Par Moncef Dhambri

Que les Tunisiens, contre vents et marées, continuent de porter à bout de bras les rêves de leur Révolution reste tout à fait normal. Que les pays frères et amis de la Tunisie expriment, une fois de plus, leur forte volonté de ne jamais abandonner leur voisin et partenaire tunisien a une toute autre signification. Des calculs, il y en a et il y en aura toujours. Des vœux pieux et des beaux discours, il y en aura également...

Les amis et les frères de la Tunisie sont venus nombreux dire qu'ils joignent le geste à la parole de leur soutien à la cause tunisienne.

Tous les espoirs sont permis

Bien plus que les honneurs d'une standing ovation d'une Assemblée nationale, les belles promesses d'un sommet de Deauville ou les échanges de politesses diplomatiques dont notre 14 janvier 2011 a été inondé, cette rencontre, lundi 8 septembre 2014 à Gammarth, a été un haut fait des relations internationales.

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Abdelmalek Sellal: «Le succès de la Tunisie est également celui de l'Algérie».

Il importe peu, pour l'instant, de savoir si les projets que le gouvernement tunisien a soumis, lors de cette conférence, vont tous et tout de suite trouver preneurs, car ce ne sont pas ces 6 ou 7 milliards de dollars attendus ou espérés qui assureront définitivement notre plein salut économique. Il importera également peu de savoir si les projets en question trouveront des investisseurs gouvernementaux ou privés, et dans quelle proportion. Il importerait peu, aussi, que les engagements dans ces affaires soient immédiats ou devront encore patienter.

L'essentiel demeure que tous les participants à cette conférence – les voisins les plus immédiats, les partenaires les plus importants et les autres – ont fait le déplacement à Gammarth et marqué leur présence par l'expression d'une forte résolution d'associer leur sort au destin de la Tunisie révolutionnaire.

Certes, les mots, lorsqu'ils ne sont pas mensonges entiers, ne disent pas nécessairement toute la vérité sur les réelles visées des gouvernements ou les véritables objectifs des chefs d'entreprise. Ils traduisent, tout de même, une part des pensées de ceux qui les prononcent.

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Abdelilah Benkirane«L'heure est venue pour tous les amis de la Tunisie de soutenir l'expérience tunisienne et de l'appuyer sans aucun calcul»

Nos frères marocain et algérien déclarent clairement qu'ils misent, sans compter, sur la réussite de l'expérience tunisienne. Et nos amis français n'hésitent pas à parler d'une Tunisie «terre de promesses et d'opportunités».

Le Premier ministre marocain Abdelilah Benkirane a expliqué, lors de la cérémonie d'ouverture, que «la Tunisie, grâce à la sagesse de ses élites, a déjà réalisé une bonne part du miracle: elle a surmonté les obstacles de la discorde, préservé le consensus et défendu avec succès son indépendance». La lutte contre le terrorisme et le reste du parcours soumettront le pays à d'autres épreuves, ils imposeront d'autres contraintes et dicteront d'autres réussites obligatoires, notamment, selon M. Benkirane, celles «du développement des ressources humaines, de la croissance économique et de la poursuite du processus de démocratisation».

La conclusion du chef du gouvernement marocain a la valeur d'un rappel à l'ordre sans sommation à l'adresse de la communauté internationale, les chancelleries aussi bien que les financiers: «L'heure est donc venue, pour tous les amis de la Tunisie, ceux de la rive européenne de la Méditerranée tout autant que ceux de la région du Maghreb, de soutenir l'expérience tunisienne et de l'appuyer sans aucun calcul».

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Le soutien de la communauté internationale, toujours appréciable, ne résoudra pas la totalité des problèmes des Tunisiens, qui doivent d'abord compter sur eux-mêmes. 

Comprenant, lui aussi, l'importance cruciale de la réussite de l'expérience tunisienne pour la région maghrébine, le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal n'y est pas allé par quatre chemins. Il a réitéré le don total et franc que son pays offre à la Tunisie: «l'Algérie poursuivra son soutien à la Tunisie et sa solidarité fraternelle avec elle, notamment pour ce qui est de la coopération politique, économique, financière et sécuritaire. Le succès de la Tunisie est également celui de l'Algérie».

La France, une fois encore, «joue à fond» la carte de la réussite tunisienne. Le premier ministre français Manuel Valls, même s'il admet que «l'apaisement des tensions politiques et sociales sera un processus long et difficile», garde une confiance intacte que «la Tunisie est capable d'achever sa transition démocratique avec succès».

La deuxième moitié vide du verre

Cette confiance des uns et des autres pays frères et amis de la Tunisie ne suffira pas à remplir la deuxième moitié vide du verre de notre 14 janvier. Ce soutien de la communauté internationale, toujours appréciable, ne résoudra pas la totalité de nos problèmes. Notre apprentissage du vivre-libre, du vivre-mieux et du vivre-ensemble dans un pays où les règles de la véritable démocratie sont respectées dans leur totalité et où la justice, la dignité et l'ordre règnent en maîtres absolus nécessitera bien d'autres efforts de notre part.

Une obligation de réussite s'imposera à nous, les 26 octobre et 23 novembre prochains. Pour les premières échéances libres post-révolution, nous n'aurons pas droit à l'erreur, ni à l'oubli de l'expérience malheureuse du 23 octobre 2011.

Ce sont cette conscience des risques, cet éveil et cette vigilance qui mettront, définitivement, notre transition sur les rails, attireront de nouveau les investisseurs étrangers, redonneront goût et enthousiasme aux chefs d'entreprise tunisiens, relanceront l'activité économique, produiront croissance et développement et génèreront les emplois dont notre pays et sa jeunesse ont besoin.

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