Les frères Mahmoud et Hédi Ben Abbes, de retour en Tunisie après la révolution, sont apparus sur les devants de la scène avant de s'éclipser. Mais pas pour longtemps...
Par Nabil Ben Ameur
Relativement peu connus avant le 14 janvier 2011, les deux frères ont émergé sur la scène publique au cours des 3 dernières années. L'un dans le domaine des affaires, l'autre en politique, avec des fortunes diverses.
Universitaire, businessman et politicien
Hédi est le premier à s'être signalé à l'attention des Tunisiens. Jusqu'en 2011, celui qui deviendra secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, en charge de l'Amérique et de l'Asie dans le gouvernement de Hamadi Jebali, a fait tout à l'étranger : les études puis la carrière professionnelle.
Après avoir décroché ses diplômes (notamment un doctorat de littérature anglaise à Nice et un master en droit et sciences politiques à l'Université de Bourgogne à Dijon), Hédi Ben Abbes porte d'abord, pendant vingt et un ans (1990-2011), la casquette d'enseignant à l'Université de Toronto puis de maître de conférences à l'Université de Franche-Comté, avant de prendre pied dans le monde des affaires – en 2008 et durant trois ans – comme directeur général d'une société de transport international et logistique.
Auparavant, le jeune universitaire se lance – presqu'en même temps – dans la politique en devenant, en 2001, avec le futur président provisoire de la république tunisienne, membre fondateur du Congrès pour la République (CPR), et dans une carrière de chroniqueur pour le compte du journal ''L'Audace'', journal d'opposition publié alors par Slim Bagga à Paris.
Finalement, c'est la casquette politique qui prend le dessus chez Hédi Ben Abbes, dans un premier temps, après la chute du régime Ben Ali. C'est tout naturellement que le membre fondateur du CPR se présente sous cette bannière à l'élection législative du 23 octobre 2011 et se fait élire à l'Assemblée constituante dans la circonscription France 2.
L'ancien opposant à Ben Ali devenu conseiller diplomatique de Marzouki avant de claquer la porte de Carthage.
Dans la foulée, le nouveau député fait son entrée au gouvernement de Hamadi Jebali comme secrétaire d'État chargé des Affaires de l'Amérique et de l'Asie. Le 1er juin 2012, il devient porte-parole de son parti et, en avril 2013, conseiller principal auprès du président de la république, chargé des Affaires diplomatiques, avant de claquer la porte, en raison de profondes divergences politiques, à la fois avec le parti et avec la présidence de la république, successivement en juillet et août 2013.
Les voies de la diplomatie économique
Début 2014, l'universitaire-businessman-politicien démissionnaire remet son costume d'homme d'affaires et créé une série d'entreprises opérant dans la distribution de produits et équipements médico-dentaires, la commercialisation – et la maintenance – des produits et matériels médicaux.
Avant cela, l'ex-secrétaire d'Etat a commencé à réfléchir à la création d'un think-tank axé sur les questions de l'insertion économique de la femme – rurale en particulier – et de l'éducation. Et c'est à peu près au moment même où son frère quitte – provisoirement ? – le devant de la scène que Mahmoud Ben Abbes y fait son apparition.
Mahmoud Ben Abbes lors du lancement de Comatral à Tunis en avril 2013.
D'abord, cet homme d'affaires (groupe Comatral, Compagnie Maghrébine du Transit & de la Logistique) se fait élire président de la Chambre syndicale nationale des services express (CSNSE) en mars 2014. Déjà conseiller en diplomatie économique de la Belgique, il s'investit ensuite davantage dans le développement des relations économiques et du partenariat tuniso-belges en créant récemment le Conseil tuniso-belge des affaires économiques et culturelles (Tunbel).
Mais Mahmoud Ben Abbes n'a pas pour autant oublié de s'occuper de développer ses affaires. Bien au contraire, puisqu'en avril 2013, la Comatral noue un partenariat en Tunisie avec TNT, le leader européen du transport express. Et on peut imaginer qu'il a d'autres projets dans ses valises...
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