Les 29e Journées de l'Entreprise auront lieu les 5 et 6 décembre 2014 au Port El-Kantaoui à Sousse. Au menu: «L'entreprise et le capital humain, productivité et partage».
Par Zohra Abid
Comme chaque année et à pareille période depuis une trentaine d'années, l'Institut arabe des chefs d'entreprises (Iace), un vivier de compétences, organise les Journées de l'Entreprise, devenues un rendez-vous incontournable, très suivi et très médiatisé.
A chaque session, son thème, ses spécificités, ses propositions et ses débats, qui changent au fil des ans selon l'évolution politique, sociale et économique dans le pays.
C'est ce qu'a souligné, jeudi 27 novembre 2014, à Tunis, l'homme d'affaires Ahmed Bouzguenda, président de l'Iace, lors d'une rencontre avec les médias où il a donné un avant-goût sur cette session. «Notre rôle reste cependant limité. Nous proposons et nous ne décidons pas. Ce sont les politiques qui décident», a-t-il précisé, laissant entendre que les responsables politiques seraient bien inspirés d'écouter davantage les analyses des opérateurs économiques. Et leurs doléances.
Réfléchir à de nouvelles propositions
Pour la session de 2014, l'Iace a innové en invitant non seulement les politiques, les économistes, les chefs d'entreprise et les syndicats, mais aussi, phase de transition oblige, des artistes, des journalistes et des blogueurs. Tous ce beau monde est invité à réfléchir et à proposer, chacun à partir de son angle de vue, des idées pour améliorer l'environnement des affaires, l'investissement et l'employabilité. Car, explique Ahmed Bouzguenda, il faut bien que des politiques, des experts dans les partis (surtout qu'il y aura à la prochaine Assemblée des représentants du peuple 21 hommes d'affaires), des opérateurs économiques, des représentants de la centrale ouvrière, des journalistes, etc., réfléchissent ensemble sur les moyens de relancer l'économie du pays en cette fin de période transitoire.
Ahmed Bouzguenda et Tarak Chaâbouni.
«L'économie est intimement liée à la politique et à la société. Ces secteurs sont indissociables. C'est pourquoi nous attendons des décisions politiques, pour avoir plus de visibilité. Nous avons rencontré les experts de plusieurs partis pour savoir leur orientation concernant certains sujets importants, comme les subventions. Car les programmes annoncés par les partis ont été présentés dans un cadre électoral et ne reflètent pas la réalité», a ajouté M. Bouzguenda.
Collaboration entre employeurs et employés
Tarak Chaâbouni, coordinateur des Journées de l'Entreprise 2014, a mis l'accent, de son côté, sur le partenariat entre employeurs et employés. Les deux parties sont condamnées à coopérer pour que l'ambiance au sein de l'entreprise soit sereine et que le travail avance. «Il y a aujourd'hui un nombre croissant de demandeurs d'emplois. Il nous faut une nouvelle politique d'intégration voire de partenariat entre l'entreprise et ses employés. L'entreprise est, on le sait, composée d'un capital humain, c'est-à-dire les investisseurs, employeurs et employés. C'est ce capital qui fait notre véritable richesse», a-t-il indiqué.
M. Chaâbouni a fait aussi remarquer que les «5% de taux de croissance en moyenne réalisé au cours des 20 dernières années en Tunisie n'ont pas aidé à absorber le chômage, dont le taux n'a cessé de monter pour atteindre des niveaux vertigineux. Il est temps de réfléchir, tous ensemble, sur la situation, faire des recherches et proposer des réformes».
Faire revenir les compétences au pays
Dans ce contexte, la fuite des compétences tunisiennes à l'étranger n'a guère arrangé les choses. Car, a précisé M. Chaâbouni, une entreprise n'a pas seulement besoin de diplômés et de cadres moyens mais de véritables compétences, seules capables de booster l'entreprise. «Nos compétences préfèrent, malheureusement, s'installer à l'étranger, privant ainsi le pays de leur savoir-faire. Il s'agit d'un vrai capital. Il faut séduire et faire appel à ces compétences qui n'ont pas été à l'aise dans les entreprises de leur pays et préféré vivre ailleurs». Le pays a, au final, formé ces jeunes et c'est l'étranger qui en profite, a regretté Tarak Chaâbouni.
Le coordinateur des Journées de l'entreprise 2014 estime, par ailleurs, qu'une plus grande implication du ministère de l'Intérieur dans la décentralisation de la gestion du dossier de chômage pourrait aider à résoudre ce problème.
On n'en est pas encore là, le ministre actuel fait face à d'autres urgences, notamment la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et la contrebande, mais il va falloir un jour «assurer la flexibilité du marché du travail à l'échelle régionale.»
Majdi Hassan.
Participants et invités
Majdi Hassan responsable à l'Iace a présenté le programme de la session qui sera inaugurée le 5 décembre par Mehdi Jomaâ, chef du gouvernement provisoire. 1000 personnes en provenance de 30 pays participeront à ces journées. L'ancien président du Nigéria Olusegun Obasanjo, Abdallah Ahmad Badawi, ministre malaisien, Dina Lahlou du Maroc, John Evans, l'économiste en chef de la Confédération syndicale internationale, Brent Wilton, secrétaire général de l'Organisation internationale des employeurs, Wided Bouchammaoui, présidente de l'Utica, Houcine Abbassi, secrétaire général de l'UGTT, Elizabeth Guigou, ancienne ministre française de l'Emploi et de la Solidarité, Miguel Angel Moratinos, ancien ministre des Affaires étrangères d'Espagne... seront parmi nous, a notamment annoncé Majdi Hassan.
La liste d'invités et plus de renseignements sur les thèmes des panels et des tables-rondes sur le site web de l'Iace.
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