Durant les événements qui ont précédé et suivi la fuite de l’ex-président, le 14 janvier, l’opérateur public a joué un rôle important en assurant son activité sur ses deux principaux vecteurs : la voix et l’Internet, notamment la communication à travers les réseaux sociaux et Twitter. «Il n’y a pas eu de saturation de ligne ni lenteur ou coupure de connexion, malgré les téléchargements vidéo échangés et partagés sur Facebook, Youtube, Dailymotion… »
La communication instantanée
Facebook, qui touche 18% de la population – et qui a accueilli, en l’espace de 2 ou 3 jours, plus de 200.000 nouveaux abonnés Tunisiens –, était devenu une source indispensable pour suivre les événements en temps réel.
Skype a aussi permis la communication entre les citoyens, surtout lors des premiers jours du couvre-feu. Chaque nouvelle ou chaque information importante était immédiatement répercutée à des centaines de milliers de personnes sur le Net ou par Sms.
D’ailleurs, jamais la sécurité des Tunisiens n’a été aussi tributaire de ces échanges instantanés. Les comités de quartiers sont parvenus à arrêter de nombreux miliciens armés, saboteurs et casseurs en échangeant, par Sms, et sur Facebook (via notamment l’internet mobile) des informations sur les mouvements des voitures suspectes.
L’augmentation de la capacité du numéro d’urgence (197), la gratuité vers les numéros d’urgence sur tout le territoire, le déploiement de plans de contingence dans les centres d’appels afin d’assurer les services client 24/24 et 7/7 malgré les conditions sécuritaires et le couvre feu, la mobilisation des équipes techniques qui ont réussi à implémenter les mesures exceptionnelles en un temps record, ou encore l’offre de 3 dinars de bonus gratuit à ses 4,5 millions d’abonnés – surtout après la fermeture des points de vente de cartes de recharge les jours suivants la fuite de Ben Ali et le désordre qui s’en est suivi –… sont autant d’actes solidaires qui ont également contribué à l’effort général de stabilisation du pays.
La libération de la parole publique
A l’instar des nombreuses autres entreprises, l’opérateur public de télécoms a subi des dégâts et des dégradations, provoqués par les saboteurs et les pilleurs qui ont semé la terreur parmi la population civile. Certains Actels et points de ventes ont ainsi subi des attaques, notamment à Bizerte, Nabeul et Jendouba. Dans plusieurs villes, les employés de Tunisie Telecom ont fait preuve de beaucoup de courage et d’abnégation en défendant les ateliers, dépôts ou bâtiments dont ils ont la charge.
A l’image de cette Tunisie qui n’en finit pas de faire sa révolution, Tunisie Telecom est aujourd’hui à l’aube d’une nouvelle ère, marquée par la libération de la parole publique, avec son cortège de protestations, de revendications et de grèves, mais toujours dans le respect de la réglementation et de la dignité humaine.
Le moment est historique et il est vécu avec un mélange d’émotion, de crainte et d’espoir par les employés de l’entreprise. Pour eux, il s’agit surtout d’être au diapason des changements dans le pays.
«Pour répondre aux revendications de ses employés, Tunisie Telecom a créé une cellule d’écoute pour recevoir leurs doléances à travers une boite mail créée à cet effet. Ces doléances seront traitées avec diligence et au cas par cas», explique un cadre de l’entreprise. Il ajoute: «Nos employés ne se contentent pas d’exprimer des revendications. Nombre d’entre eux se sont proposés à faire don d’une ou plusieurs journées de travail manifestant ainsi leur solidarité et l’engagement pour la reconstruction du pays».
Malek Naïli