La crise à Tunisie Télécom ne semble pas près d’être réglée. La question des cadres contractuels continue d’empoisonner l’ambiance au sein de l’entreprise.
Cette question oppose le syndicat à la direction, sans que la tutelle ne parvienne à rapprocher les positions, sur fond de menace de grève.
La réunion, samedi, au ministère de l’Industrie et de la Technologie, entre Samy Zaoui, secrétaire d’Etat chargé des Technologies de la communication, et les représentants de la Fédération générale de la poste et des télécoms (Fgpt), dépendant de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), n’aura duré qu’une dizaine de minutes. Signe que les deux parties ne sont pas arrivées à un accord acceptable.
Cause du blocage: la direction de Tunisie Télécom et la tutelle ont décidé de maintenir l’application normale des clauses des contrats des 64 contractuels, qui gardent ainsi inchangés leurs salaires et tous leurs privilèges.
Un dialogue de sourds
«La réunion a commencé par la présentation de la situation de l’entreprise et des circonstances qui l’ont amenée à recourir à des compétences toutes tunisiennes et reconnues aux niveaux international et national. Mais avant l’examen des cas particuliers [des contractuels] dont l’apport est nécessaire à l’entreprise, et qui ont été indiqués dans l’accord [du 9 février], les points de vue et les positions de l’administration et du syndicat ont divergé sur la méthodologie d’application de cet accord», lit-on dans le communiqué diffusé par la tutelle à l’issue de la réunion.
Le fond du problème: le syndicat, qui représente les quelque 8.000 salariés de Tunisie Télécom, estime que les 64 contractuels recrutés au cours des dernières années perçoivent des salaires très élevés et sans commune mesure avec ceux en vigueur au sein de l’entreprise. Le syndicat, qui va jusqu’à exiger le départ de ces 64 contractuels, selon lui largement surpayés, affirme que ces derniers perçoivent jusqu’à 30% de la masse salariale de Tunisie Télécom et que certains d’entre eux gagnent jusqu’à 200.000 dinars par an. Ces chiffres restent, bien sûr, à vérifier. S’ils sont confirmés, on peut estimer qu’ils sont quelque peu élevés, dans le contexte de l’économie tunisienne.
Les écarts de salaires en question
L’administration considère, pour sa part, que ces 64 salariés ont été recrutés sur la base de leur compétence, qu’ils ont été, pour la plupart, débauchés d’autres entreprises, et qu’à ce titre, elle a dû leur payer des salaires conséquents.
Quoi qu’il en soit, la situation au sein de l’entreprise exige, aujourd’hui, de toutes les parties, une meilleure intelligence de la situation générale dans le pays. Ni les grèves dont menace le syndicat, ni le maintien du statu quo défendu par le management ne saurait faire avancer sur la voie d’une solution viable.
En d’autres termes: si l’égalitarisme salarial n’a plus de raison d’être dans un environnement économique devenu très compétitif, les énormes écarts de salaires – pour ne pas dire les privilèges et les rentes de situation – sont tout aussi difficile à accepter.
Dans la Tunisie de l’après 14 janvier 2011, tout le monde gagnerait à remettre les pieds sur terre. Car l’enjeu est de taille: la pérennité même de l’outil de production, sans lequel aucun salaire ne saurait être servi.
Malek Naïli