En confiant la réalisation et l’hébergement de ses sites à des sociétés étrangères, le ministère du Commerce et du Tourisme suscite un malaise parmi les opérateurs locaux. Samih Cherif
A peu près un mois après la révolution tunisienne, le ministère du Commerce et du Tourisme ne semble pas ménager ses efforts pour exploiter au mieux la saison touristique qui commence sous peu. Très vite, une campagne Internet a vu le jour, notamment via la mise en ligne des sites I Love Tunisia et Ministère du Tourisme, l’enregistrement de plusieurs noms de domaine dérivés et la diffusion en masse du logo ‘‘I love Tunisia, «the place to be now».
Un tropisme français
Certes, la réactivité du ministère est appréciable au vu de la nécessité urgente de remettre le secteur touristique à flot. Ce secteur, qui représente 7% du Pib est extrêmement vital pour notre pays de par les précieuses devises qu’il injecte dans les caisses de l’Etat et les milliers d’emplois qu’il génère. Cependant, les circonstances et les modalités entourant cette campagne suscitent un certain malaise au sein du secteur des Tic tunisien.
En effet, il se trouve que les noms de domaine déposés ont été commandés auprès d’un fournisseur français pour le compte d’un certain Nicolas Chadeville, collaborateur de la société Bygmalion, spécialisée dans la communication politique et proche de l’Ump. Le contenu lui à été développé et hébergé en France.
Qualité exécrable des sites
Pourquoi donc a-t-il fallu que le ministère du Commerce et du Tourisme se tourne vers la France pour sa communication? Sachant que la Tunisie exporte aujourd’hui son savoir-faire en matière de développement et d’externalisation et qu’elle compte parmi ses jeunes entreprises des gens diplômés et extrêmement compétents. Ajoutez à cela la qualité exécrable des sites en question qui emploient des chartes graphiques (templates) standards et pas très adaptées à la nature des sites.
Au moment où le pays a besoin de consolider son économie et ses emplois, ce ministère semble privilégier l’emploi français et octroie des marchés à des agences françaises sans même prendre la peine de lancer un appel d’offres local. Cette démarche est pour le moins que l’on puisse dire intrigante.
*- Les titre et intertitres sont de la rédaction.