Penny Pritzker Banniere

La Tunisie doit faire des réformes urgentes, notamment dans son secteur bancaire, pour pouvoir attirer les investisseurs internationaux et dynamiser son économie.

Par Zohra Abid

C'est ce qu'a déclaré Penny Pritzker, secrétaire d'Etat américaine au Commerce, lors d'un point de presse organisé en marge de la conférence sur «l'investissement et l'entrepreneuriat», jeudi 5 mars 2015, à Tunis. Car, selon elle, pour s'épanouir, l'économie tunisienne a besoin d'un environnement sain et fiable.

«Pour avoir la crédibilité nécessaire, la Tunisie doit présenter des garanties à ses partenaires. Nous savons que les responsables tunisiens veulent développer l'investissement privé. Ce secteur, nous le savons, a besoin aussi de soutien, de formation, d'encadrement et d'aides techniques», a déclaré Mme Pritzker, en annonçant une aide américaine de 37,5 millions de dollars US (73 millions de dinars) pour permettre aux PME tunisiennes de financer leurs projets auprès des banques et créer ainsi quelque 2.500 emplois.

Habib Essid recoit Penny Pritzker

Séance de travail entreHabib Essid et Penny Pritzker à la Kasbah.

Pour que les aides et les investissements puissent donner les résultats escomptés, «la Tunisie doit impérativement réformer son économie et particulièrement son secteur bancaire. Les réformes, qui seront mises en route, lui permettront de devenir un modèle de paix et de prospérité non seulement au Maghreb, mais aussi en Afrique et dans le monde arabe», a souligné Penny Pritzker.

Un marché de libre-échange avec les Etats-Unis

Interrogée à propos de la création d'une zone de libre-échange entre la Tunisie et les Etats-Unis, Penny Pritzker a indiqué que son pays est déjà en libre échange avec les pays de l'Europe et de l'Océan Pacifique, ajoutant que la Tunisie pourrait se joindre à ce grand marché mondial après la mise en route des réformes économiques nécessaires. Car la mise en place d'une zone de libre échange répond à des critères techniques exigeants et compliqués.

«Nous avons, aujourd'hui, entre 70 et 80 sociétés américaines en Tunisie, dont les géants Coca-Cola, General Motors, Microsoft... Après les réformes, d'autres investissements américains prendront le chemin de votre pays, notamment dans les secteurs de l'agriculture, du tourisme, de la communication, de l'électronique et de la mécanique», a indiqué la responsable américaine, se disant convaincue qu'après les réformes de son secteur bancaire, la Tunisie pourra drainer de nouveau les investissements étrangers.

Beji Caid Essebsi reçoit Penny Pritzker

Penny Pritzker reçue par Beji Caid Essebsi  à Carthage. 

«J'ai discuté, hier (mercredi 4 mars 2015, Ndlr), avec le président de la république, le chef du gouvernement, les députés et les ministres. J'ai senti qu'ils ont tous une volonté et une envie de passer rapidement aux réformes. Il faut que l'environnement des affaires soit adéquat pour que la destination puisse bénéficier de la crédibilité nécessaire et attirer des investissements extérieurs», a encore dit Penny Pritzker.

Une révision des lois s'impose

Dans son intervention aux travaux de la conférence, la responsable américaine a indiqué que la Tunisie est devant un important défi : mettre en route dans l'urgence 4 réformes économiques afin de donner un signal fort aux investisseurs internationaux et relancer son économie. Selon elle, le code d'investissement doit être plus clair, plus transparent et favorable à l'investissement privé. Le système bancaire doit être assaini et modernisé. Il doit se débarrasser du legs de l'ancien régime, fermé et corrompu, et œuvrer dans la transparence. Mme Pritzker a appelé aussi à revoir la loi sur la faillite de manière à protéger les investisseurs qui prennent des risques et minimiser les retombées négatives des faillites. Elle n'a pas omis de mettre le doigt sur les dysfonctionnements des systèmes fiscal et douanier, «inefficaces et imprévisibles», alors qu'ils doivent être «transparents et fiables».

Ce n'est qu'à ce prix que la Tunisie pourra créer un environnement propice à l'initiative et à l'entreprenariat.
Penny Pritzker a, enfin, recommandé aux responsables tunisiens d'adopter au plus vite la loi relative au partenariat public/privé, afin de créer un meilleur climat pour la mise en route des grands projets d'infrastructure, et de réduire les formalités administratives pour les investisseurs souhaitant monter des projets dans le pays.

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