Intermarine, société internationale d’études et de réalisations maritimes, dirigée par le Tunisien Anis Lahouel, a parrainé une rencontre technique sur la présentation d’Ecoplage, un système de protection contre l’érosion des plages de sable et de réhabilitation du littoral.
La rencontre, organisée en collaboration avec le bureau d'étude Azimut, s’est déroulée le 16 avril, à la Cité des Sciences, à Tunis. Elle a permis à Jean-Yves Audrain, directeur général d’Ecoplage, société française basée à Nantes, de présenter ce système inventé par l’Institut Géotechnique Danois en 1983 et qui permet de produire de l’eau de mer filtrée et, ce faisant, diminue les effets de l’érosion dans la zone drainée, sans impact négatif sur le littoral voisin ni sur la faune ou la flore.
Ce système a déjà été mis en route en France dans les trois installations pilotes aux Sables d’Olonne sur la façade atlantique, à Villers sur mer sur le Manche et à Saint Raphaël, sur la façade méditerranéenne. Deux autres chantiers sont en cours dans l’Hexagone : à Sète et au Touquet. Certains pays africains ont montré de l’intérêt pour la mise en place du système dans des plages touristiques. Interrogé à ce sujet par Kapitalis, M. Audrain a cité le Sénégal, l’Egypte et le Maroc.
Ecoplage pourra-t-il aider à protéger et à réhabiliter les plages tunisiennes dont la dégradation, provoquée par des causes naturelles et par la boulimie bétonnière, semble très avancée ? Réponse de M. Audrain : «Le procédé Ecoplage n’est pas un outil miracle contre l’érosion. Il ne s’applique pas forcément partout, mais c’est une méthode écologique qui utilise le sable déjà présent et n’a aucun inconvénient.»
Ce procédé a certes donné des résultats partout où il a été testé. Mais les plages en Tunisie présentent un grand problème : le disponible sableux y est assez réduits. Ce sont des plages sont relativement dégradées. Les dunes, parfois détruites jusqu’à 70%, n’y sont pas suffisamment fixées et elles souffrent des effets du vent qui provoque un envol continu du sable. La mise en place du système Ecoplage dans des plages aussi sensibles à l’érosion, doit être couplée avec d’autres mesures de prévention, notamment la recharge artificielle par du sable prélevé dans d’autres zones.
Question coût, M. Audrain estime que «chaque plage est unique par ses conditions et ses nécessités de rejets». Il faut aussi, selon lui, prévoir l’investissement pour la mise en place du système et le coût de son entretien. Pour le premier point, il faut compter 1 500 à 3 000 € de mètre linéaire de plage. En Tunisie, ce coût peut être réduit, les frais de main d’œuvre étant moins importante qu’en France. Pour ce qui est du coût de la maintenance, il convient de prévoir entre 8 000 et 10 000 € par an. La consommation d’électricité, par exemple, coûte, à elle seule, 5 000 € par an pour 600 mètres linéaires de plage.
Imed Bahri