Le Festival de la Mode de Tunis, qui se déroule les 16 et 17 avril, à Gammarth, vise à promouvoir la filière textile-habillement dans une ambiance festive et bariolée.
Par Zohra Abid
C'est ainsi que l'a voulu Samir Ben Abdallah, son fondateur et président de l'Association Textile Habillement Club (Athac), qui espère, à travers cet évènement, booster le secteur, tout en joignant l'utile à l'agréable.
Un défi pour la créativité
Suite à l'attaque terroriste du 18 mars dernier au Bardo, le festival a failli ne pas avoir lieu. «Bouleversés comme tous les Tunisiens et les amis de la Tunisie – si j'en crois les manifestations de solidarité que nous avons reçues de la part nos partenaires étrangers –, nous avons beaucoup hésité à maintenir cet évènement auquel les professionnels du textile-habillement sont très attachés. L'annuler aurait été un aveu de défaite face à la barbarie et donné un très mauvais signal à nos partenaires étrangers. C'est la raison par laquelle, tout en adressant nos pensées aux victimes et à leurs familles, nous avons décidé de maintenir la 3e édition et d'en faire un évènement phare pour notre secteur», a souligné M. Ben Abdallah.
Zied Ladhari, ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, avocat de son état, n'est pas très familier du secteur textile-habillement, mais il a pris le soin de s'informer auprès de ses services. «Notre pays tient à garder ses partenaires, consolider ses relations avec les pays auxquels le lie une tradition d'amitié et offrir un meilleur cadre juridique pour les investisseurs», a-t-il assuré.
La Tunisie restera debout
S'adressant aux partenaires étrangers présents, le ministre a ajouté: «Votre présence parmi nous est un message de soutien à notre pays, dans un moment historique et délicat. Soutenir les Tunisiens, suite aux tragédies qu'ils ont vécues, est une vraie marque d'amitié. Mais je vous assure que la Tunisie restera débout et avancera grâce aussi au soutien de ses amis et partenaires. Elle démontrera au monde entier qu'elle reste fière de son histoire, de ses femmes, de ses hommes et de ses jeunes talents. Et qu'elle constitue un modèle unique dans la région».
M. Ladhari a indiqué, par ailleurs, que le secteur textile-habillement, qui assure plus de 200.000 emplois directs et 1 million d'emplois indirects, risque de stagner voire de régresser s'il n'est pas soutenu par toutes les parties concernées, à commencer par le gouvernement qui a intérêt à ce qu'il reste un secteur phare de l'industrie tunisienne. Et ce ne sera pas une sinécure. Pour preuve : en 2013, la Tunisie s'est classée au 6e rang des pays exportateurs de textile-habillement. Rudement concurrencée par les pays asiatiques, elle a perdu 2 places, en 2014, pour occuper le 8e rang mondial.
«Nous devons soutenir ce secteur vital de notre économie, qui contribue énormément à l'exportation et à l'emploi. Nous devons l'aider à se mettre à niveau, à se développer et à monter en gamme. Dans ce cadre, le ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle a mis en place, en collaboration avec le secteur privé, un programme pour moderniser les équipements des centres de formation en textile-habillement et améliorer la formation dans ces centres, de manière à mieux répondre aux besoins du secteur», a encore expliqué M. Ladhari.
Mise à niveau et montée en gamme
«La Tunisie, qui a réussi sa transition politique, grâce à ses élites, ses jeunes et ses talents, est capable de réussir aussi sa transition économique», a conclu le ministre, en appelant les professionnels du secteur textile-habillement à y contribuer.
Le débat, qui a suivi la cérémonie d'ouverture, a permis aux professionnels et experts venus de nombreux pays à présenter un tableau assez contrasté du secteur : ses performances, ses atouts mais aussi ses carences structurelles et les voies de sa possible régénération, la Tunisie devant passer du statut de simple atelier de sous-traitance pour les grandes marques étrangères de prêt-à-porter à celui de site d'invention et de création. Le Festival de la Mode de Tunis vise, d'ailleurs, à contribuer à cette métamorphose et à permettre aux modélistes et couturiers tunisiens de montrer l'étendue de leur talent, de leur savoir-faire et de leur créativité.
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