Le verdict de l'organisation patronale est sans appel: la situation est catastrophique et elle risque d'aller de mal en pis, si les actions nécessaires ne sont pas menées.
Par Marwan Chahla
Pendant l'éternité des 4 dernières années, l'économie tunisienne n'a jamais cessé de souffrir. Pour la énième fois, l'organisation patronale en appelle à toutes les parties de placer les intérêts de la Tunisie au-dessus de toutes les autres considérations.
Réunie, mardi 12 mai 2015, en une journée de réflexion pour dire que «l'entreprise qui réussit, c'est la Tunisie qui réussit» et faire un sempiternel état des lieux, l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), désarmée, a constaté ce que tous les Tunisiens savent déjà sur la dégradation de l'économie de leur pays, sur la timidité de la réaction des uns, la mauvaise volonté de certaines parties et l'insouciance de certaines autres.
Le bilan est là, au bout de plus de 4 années de révolution: une crise qui atteint, chaque jour, les abysses les plus profondes; une croissance économique souhaitée et chaque fois révisée à la baisse; des saisons touristiques qui se suivent et se ressemblent en fragilités, incertitudes et en réservations annulées; des sit-ins et des grèves qui paralysent toutes les activités et tous les secteurs; des investisseurs nationaux et étrangers qui, par étroitesse d'intérêts ou découragement, préfèrent attendre encore; un pays qui emprunte et tend encore la main; un citoyen, chaque jour plus appauvri, qui ne sait plus où donner de la tête et désespère d'attendre cette reprise que «tout le monde» lui promet et qui ne se réalise jamais.
Le verdict de l'organisation patronale est sans appel: la situation est catastrophique et elle risque, en l'absence de la responsabilité, du courage et de l'action nécessaires, d'aller de mal en pis.
M. Hichem Elloumi, premier vice-président de l'Utica, résume le constat de cette journée d'étude en des termes crus et directs: «La situation de l'économie tunisienne est très difficile. Et c'est surtout la situation sociale qui pose les plus graves problèmes et porte un coup dur à l'économie du pays.»
Pour le syndicat des patrons, il ne peut s'en suivre, logiquement, que régression de la création des richesses, baisse des investissements et des exportations et persistance du chômage.
Face à cette détérioration qui n'en finit pas, la solution de l'organisation patronale est évidente. Pour M. Elloumi, «dans cette affaire, toutes les parties devront assumer pleinement leurs responsabilités. Qu'il s'agisse du gouvernement, des hommes d'affaires ou des syndicats, tout le monde devra s'entendre sur cette priorité du sauvetage de la Tunisie. Et la réussite de la Tunisie passe immanquablement par la réussite de l'entreprise tunisienne.»
Présent à cette journée d'étude, Slim Chaker, le ministre des Finances, s'est contenté de déplorer que «depuis 2011, des fonds ont été alloués et qu'ils ont été distribués à travers toutes les régions du pays mais, malheureusement, tout cet argent n'a pas pu être dépensé, car les autorités régionales n'ont jamais eu l'occasion de mettre à exécution leurs projets. A cela, s'ajoutent les difficultés sécuritaires et les perturbations en tous genres...»
Où est, donc, la solution pour le commun des citoyens tunisiens? Où est, donc, l'issue lorsque les unes et les autres des parties concernées continuer de se refiler la patate chaude et lorsque certaines formations politiques, de gauche comme de droite, tentent de faire fortune sur la grogne et la détresse populaires?
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