Comment aider l'industrie à réduire le volume de ses rejets toxiques, à réaliser des gains en consommation d'eau et d'énergie et assurer la transition vers l'industrie verte?
Par Wajdi Msaed
Telle est la question à laquelle l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi) essaie de répondre à travers son programme Med-Test, qui a fait l'objet d'un séminaire, le 12 mai 2015, au siège de l'Utica, à Tunis. Une 2e édition de ce séminaire est prévue le le 26 mai, à Sousse, et une 3e le 28 mai à Sfax.
Une industrie inclusive et durable
Le programme Med-Test vise à renforcer la contribution de l'industrie au développement industriel inclusif et durable dans la rive sud de la Méditerranée.
L'on se demande, de prime à bord, pourquoi cette attention portée à cette partie du globe?
La réponse est que les entreprises des pays en développement et en transition font face à de nombreux défis dans leur effort pour maintenir ou accroître leur compétitivité sur le marché local, commercialiser des produits de qualité sur les marchés internationaux, satisfaire les standards environnementaux et réduire leurs coûts opérationnels. L'Onudi, qui voudrait aider ces pays à relever tous ces défis et les orienter vers l'«industrie verte», a conçu la méthodologie Test, à la fois approche intégrée et programme global.
Ce programme cible donc les sources terrestres de pollution dans les points chauds industriels et vise à démontrer que l'introduction de meilleures pratiques et de systèmes de gestion intégrée dans l'industrie des régions du sud de la Méditerranée s'avère efficace dans la réduction des coûts et l'accroissement de la productivité et de la performance environnementale.
Un ensemble de 43 sites de fabrication – principalement des PME – opérant dans 7 secteurs industriels en Egypte, au Maroc et en Tunisie, ont activement pris part à cette initiative dans sa première étape.
Les résultats engendrés ont été encourageants : 17 millions USD/an de gains, 9,7 millions de m3/an d'économie en eau et 263 GWh/an d'économie en énergie, et ce pour une enveloppe d'investissements de 20 millions USD.
Vers l'industrie verte
Ainsi l'entreprise se trouve appelée à concentrer ses efforts pour rester compétitive en réduisant son empreinte écologique en faveur de l'industrie verte.
Parler de l'industrie verte implique une utilisation plus efficace des ressources nécessaires à la production, des systèmes intégrés de gestion de l'environnement et de l'énergie. Il implique aussi une conception durable des nouveaux projets d'investissement, outre la conformité à la réglementation nationale sur l'environnement.
Une première copie de ce projet a été réalisée en 2009 en Tunisie sous l'appellation Med-Test I. Elle a ciblé 3 secteurs industriels, à savoir le textile, l'agroalimentaire et le cuir. Ces 3 secteurs importants de l'économie tunisienne comptent parmi les principaux fauteurs de pollution industrielle en eaux usées, charges organiques et émission de substances toxiques. Ils sont aussi les principaux utilisateurs d'eau et d'énergie; l'objectif étant de faciliter la transition vers des modes de consommation et production plus durables.
Les résultats concrets de ce programme ont été présentés à travers les témoignages de représentants d'entreprises qui y ont participé et à travers la projection d'un film retraçant, au sein de quelques unités industrielles, les procédés appliqués et leur impact sur la vie de l'entreprise.
Pourquoi le choix de la Tunisie?
La Tunisie est l'un des pays les plus compétitifs d'Afrique: elle a été la première à signer le partenariat euro-méditerranéen. Sa proximité avec l'Union européenne (UE) et son marché a accéléré l'introduction de réformes institutionnelles, dont celles relatives à la protection de l'environnement.
Le pays a mis en place un cadre consolidé de régulation et d'application environnementales, ainsi que plusieurs programmes nationaux et systèmes d'incitation pour réhabiliter et rénover les industries, dans l'intention de garantir un développement industriel durable.
Le secteur industriel en Tunisie est constitué essentiellement de PME, appartenant pour la plupart au secteur privé, tandis que le rôle du secteur public est limité aux industries lourdes d'extraction, de transformation et de traitement. Et les principaux points sensibles de pollution industrielle des eaux de la Méditerranée sont Tunis, Sfax, l'Ariana, Bizerte, Sousse, Nabeul, et Gabès.
L'enveloppe d'investissements consacrée à la Tunisie est de l'ordre de 4,5 millions USD/an, qui génère des gains de 3,3 millions USD/an.
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