Boeing a récemment manifesté son désir de revenir en force en Tunisie. Or Airbus a dû implanter une activité industrielle dans notre pays pour décrocher le contrat de 2 milliards de dollars. Et Boeing devra suivre la même démarche que son concurrent pour espérer pouvoir effectuer son come back en Tunisie.
La délégation qui a accompagné Nicole Lamb-Hale en février dernier dans sa tournée en Algérie, Libye et en Tunisie, comptait une vingtaine de représentants et responsables d’entreprises américaines, dont une équipe de Boeing. Avec l’appui de la sous-secrétaire d'Etat américaine au commerce, les émissaires du fabricant d’avions de Seattle ont concentré leurs efforts sur la Tunisie et la Libye. L’objectif pour Boeing étant d’effectuer un retour en force dans ces deux pays où il est distancé par Airbus.
Parce que la Tunisie et la Libye se fournissent traditionnellement plus souvent auprès d’Airbus , à l’inverse du Maroc et de l’Algérie qui préfèrent Boeing. Ainsi, sur les 32 avions achetés à ce jour par la Libyan Airlines, on ne compte que 2 Boeing pour une vingtaine d’Airbus. La flotte de Tunisair paraît plus «équitable» puisqu’elle compte 19 Airbus pour 11 Boeing. Mais à l’avenir, le rapport sera plus défavorable à la firme américaine. Car c’est à Airbus que ces deux pays maghrébins se sont adressés pour le renforcement des flottes de leurs compagnies aériennes lors des derniers marchés.
Le cas libyen
En décembre 2007, la Libye a signé, lors de la visite du Colonel Kadhafi à Paris, un contrat d’une valeur de 3,2 milliards de dollars pour l’achat de 21 Airbus (quatre longs-courriers A-350, quatre longs-courriers A-330 et sept monocouloirs A-320 pour la compagnie Libyan Airlines, et six Airbus A-350 pour la compagnie libyenne Afriqiyah).
Quatre mois plus tard, la Tunisie en faisait de même, à l’occasion de la visite du président Sarkozy, durant laquelle Airbus a décroché une commande de Tunisair de 16 Airbus (trois A-350, trois A-330-220 et dix A-320) pour 2 milliards de dollars.
Boeing aimerait renverser la vapeur en Tunisie et en Libye. Ses représentants en ont du reste récemment manifesté la volonté. Mais c’est peut être en Libye que la tâche de la firme de Seattle pourrait s’avérer (relativement) plus facile. D’abord, parce que la mise à niveau du transport aérien libyen, fortement désorganisé par les années d’embargo international, est aujourd’hui à l’ordre du jour. Ensuite, parce que les autorités libyennes, engagées dans le développement de leurs relations avec les Etats-Unis (rétablies en 2003, après une rupture de dix-sept ans) pourraient, afin de servir ce dessein, faire une fleur à Washington en réservant à Boeing une partie au moins de leurs futures commandes d’avions.
Le donnant-donnant à la tunisienne
A l’inverse, en Tunisie, les choses pourraient être plus compliquées pour le constructeur américain. Notamment parce que les autorités tunisiennes pratiquent la politique du «donnant-donnant». Airbus a dû ainsi implanter une activité industrielle en Tunisie pour décrocher le contrat de 2 milliards de dollars. Dans ce contexte, Boeing devra suivre (directement ou à travers certains de ses sous-traitants) la même démarche que son concurrent pour pouvoir effectuer son «come back » dans notre pays.
C’est là l’essence du message qui a été indirectement adressé par les autorités tunisiennes aux représentants de Boeing en février dernier. La prochaine édition d’Aerospace Space Meetings Tunisie (Tunis, 5-7 juillet 2010) donnera à voir la manière dont la compagnie de Seattle a décidé d’y répondre.
Mohamed Laaroussi