Cette note du Centre tunisien de veille et d’intelligence économique (Ctvie) dépendant de l’Institut arabe des chefs d’entreprise (Iace) est consacrée à la réforme du système de la statistique, qui a été mis à mal par l’ancien régime.
Pour une gestion rationnelle d’une organisation, d’un pays, l’information statistique constitue une matière première d’une importance stratégique. Celle-ci est incontournable pour disposer d’un ensemble d’éléments objectifs de diagnostic et d’aide à la décision.
Ben Ali et la censure statistique
Les applications de la statistique permettent de mener diverses investigations couvrant l’analyse, la planification, la programmation, la prévision, le suivi de projets, etc. De la matière statistique de base, les experts élaborent un ensemble d’indicateurs retraçant avec cohérence et fiabilité l’état de santé économique, son évolution future, etc.
Après un indéniable saut qualitatif durant le début des années 2000 en termes de diversification de la production statistique et en termes de renouvellement organisationnel, le système de la statistique de la Tunisie a été profondément affecté par une censure de plus en plus pesante au niveau de la publication des informations que le régime considère comme gênantes.
La censure qui se traduit par une absence d’autorisation des publications statistiques ou par un effort de défiguration des informations collectées, notamment celles relatives à des variables préoccupantes telles que l’emploi, le chômage, l’inflation, est devenue une pratique courante.
Pour un système national de statistique autonome
Pour l’ancien régime, les statistiques nationales doivent authentifier les discours de propagande officielle et non pas refléter la réalité en toute objectivité. Le pouvoir a toujours réfuté catégoriquement l’idée d’une indépendance administrative de l’appareil statistique des instances ministérielles. Mettre en place un système d’observation, d’analyse et de suivi statistique à la fois techniquement efficace et organiquement indépendant du pouvoir exécutif, à l’instar des pays démocratiques, n’est pas du goût du dictateur.
Pour être au service de la communauté nationale, et non entre les mains de l’organe exécutif, il convient d’inscrire le système national de la statistique dans la dynamique démocratique, et ce en lui accordant une totale autonomie dans la réalisation de sa mission. A défaut, on court le risque réel de concentrer les pouvoirs d’observation, de suivi et de contrôle entre les mains de l’administration, qui sera dans ce cas à la fois juge et partie de son action.. L’ombre de la tentation de tout contrôler et de tout arranger, nous amène inexorablement à l’autoritarisme et la dictature.
Source : ‘‘Iace Online’’.