Les entreprises étrangères installées en Tunisie n’ont pas chômé pendant la crise et la plupart d’entre elles se sont positivement déployées pour contenir les revendications sociales et pour se projeter dans le futur.
C’est ce qu’a souligné l’Agence tunisienne d’investissement étranger (Fipa), lors d’un point de presse tenu mercredi à son siège à Tunis. Noureddine Zekri, son nouveau directeur général, a laissé entendre que les entreprises étrangères n’ont cessé leur production «qu’à peine pendant les deux premières semaines sanctionnées par le couvre-feu» pour, ensuite, reprendre leurs activités «normalement».
Et, toujours selon la Fipa, 34 entreprises étrangères uniquement, sur les 3.355 implantées dans le territoire tunisien, ont fermé leurs portes définitivement à cause de la crise. Une fermeture qui nous a fait perdre tout de même 2.400 emplois et plusieurs autres initialement prévus.
M. Zekri a aussi noté que les revendications sociales, qui ont envahi le tissu économique du pays après le 14 janvier, ont été prises par le bon côté de la part des investisseurs étrangers. Pour répondre aux nouvelles exigences des Tunisiens, plusieurs de celles-ci ont dû recruter parfois au-delà de leurs capacités et plusieurs ont augmenté les salaires des leurs employés, même si ces augmentations ont constitué, pour plusieurs d’entre-elles, «un réel danger pour leur compétitivité».
Le retour à la normale
Critiquant la concentration (des médias tunisiens) sur le chaos qui a régné pendant et après la révolution et leur «négligence d’évoquer les facteurs positifs», M. Zekri a appelé à «dévoiler et faire valoir » le retour louable à la normale du climat des investissements étrangers en Tunisie.
La FIPA a annoncé que plusieurs entreprises étrangères existantes ont déjà affiché leur intention d’élargir leurs activités. Les investisseurs étrangers qui avaient annoncé, avant le 14 janvier, leur intention d’investir en Tunisie, ont commencé à réaliser leurs projets.
Selon M. Zekri, tous ceux-ci et plein d’autres investissements directs étrangers (Ide), sont désormais incités par un climat d’investissement «plus prospère» caractérisé par «la disparition (espérons-le) de tout genre de corruption, beaucoup plus de transparence et la fin du clientélisme et de la mainmise d’un clan particulier», autant de facteurs «qui ont autrefois spolié le monde des affaires en Tunisie». Des pratiques qui avaient, nous le savons tous, découragé et chassé un grand nombre d’investisseurs et d’entreprises internationaux. Et tunisiens.
Un effort de communication à l’étranger
M. Zekri a lancé un appel pour désormais «bâtir sur ce qu’il ya de positif dans le climat post-révolutionnaire d’investissement» et reconnu qu’un «énorme effort de communication à l’étranger» est urgent. Il est persuadé que «l’amélioration de notre classement dans les classifications mondiales fiables, telles que celles de Davos ou de Doing Business, est à la fois possible et très bénéfique pour l’image du secteur».
Pour ce responsable, les axes les plus importants d’une communication susceptibles d’attirer plus d’Ide sont:
- la délocalisation des investissements, pour cibler les régions non-traditionnelles (c’est-à-dire oubliées et délaissées par le régime déchu). A cet effet, M. Zekri a promis que des études consistantes seront faites sur le climat d’investissement dans les différentes régions du pays;
- la transparence (aussi bien lors de la prospection, des négociations que de la réalisation) est nécessaire pour parvenir à convaincre et à attirer les investisseurs des États-Unis, de la Grande Bretagne et des pays scandinaves, soit les plus grands émetteurs des Ide dans le monde ;
- la diversification des secteurs à promouvoir et la concentration sur les plus rapporteurs, tels que l’off-shoring;
- ne plus laisser les dossiers d’Ide dans les mains de parties officieuses et douteuses (comme c’était le cas sou l’ancien régime) et en charger des structures officielles et fiables;
- l’amélioration de la compétitivité des télécommunications, vecteur essentiel dans le monde des investissements;
- l’intéressement, l’attraction et l’implication des compétences tunisiennes à l’étranger dans toutes les étapes de l’investissement;
- le développement du réseau de la Fipa dans le monde;
- la coordination entre les institutions concernées par la promotion de la destination Tunisie, à savoir la Fipa, l’Api, le Cepex… notamment en ce qui concerne la communication à l’étranger
Les grands projets seront maintenus
Lors de la même rencontre, M. Zekri a dit que les grands projets (notamment émiratis et qataris) qui avaient un moment suscité beaucoup de quiproquo, sont toujours d’actualité.
Si ces projets, une dizaine au total dont Dubaï Sport City et la raffinerie de la Skhira, «sont désormais pris en charge par la Fipa qui va les traiter cas par cas», plusieurs d’entre eux «nécessitent une autorisation préalable, ce qui les oblige de passer d’abord et essentiellement par les ministères concernées», souligne Zekri.
Mourad Teyeb