En effet, la filiale du groupe Tunisair, connue sous les noms commerciaux de Tuninter de 1991 à 2007, puis de Sevenair de 2007 jusqu’au 14 janvier, vient officiellement d’adopter la nouvelle dénomination de Tunisair Express, afin de confirmer son adhésion au pavillon de la compagnie nationale de transport aérien Tunisair, rapporte l’agence Tap. Une manière aussi d'effacer les traces physiques d'une trop forte proximité avec la dictature et ses plus détestables symboles.
Dégage le mauve!
Dans un communiqué publié, samedi, le transporteur public précise que les avions de Tunisair Express vont arborer progressivement dans les prochains jours leur nouvel emblème fondé sur le logo de Tunisair auquel a été rajouté l’adjectif «Express» choisi pour exprimer l’idée des dessertes courtes et moyens courriers qui caractérisent la nature du trafic de la compagnie.
Exit donc la détestable couleur mauve que Ben Ali à réussi à faire vomir par tous les Tunisiens. C’est la couleur rouge du pavillon nationale qui va être réhabilitée. Et le bleu du ciel. Et c’est, pour ainsi dire, un juste retour sur terre…
«L’association de deux tons de couleurs a pour but de valoriser l’appartenance à la Tunisie (le rouge) et matérialiser la nature de l’activité (le bleu) qui renvoie l’imaginaire du consommateur vers le ciel», précise Tunisair, avec un lyrisme aussi surprenant qu’éculé, et qui peut paraître saugrenu pour qui connaît l’asservissement de ce groupe aux desideratas de l’ancien clan au pouvoir.
L’objectif de la compagnie sera également de s’impliquer au sein de Tunisair dans le développement de lignes régulières et charters de proximité grâce à des capacités en sièges appropriées permettant une optimisation du remplissage et des coûts d’exploitation dans un esprit de synergie et de complémentarité entre les différents types de trafic.
Masques, déguisements et coups de peinture
Reste une question : va-t-on enfin demander des explications aux Pdg successifs de la compagnie qui lui ont infligé, ainsi qu’à leurs clients, le chiffre 7 et la couleur mauve, dans une volonté évidente de s’attirer les faveurs du dictateur? Va-t-on aussi auditer les comptes de la compagnie, ainsi que ceux de la maison mère, Tunisair en l’occurrence, pour traquer des malversations possibles, d’autant que les deux entreprises ont souvent servi les intérêts de leur principale concurrente… Karthago Airlines, appartenant à Belhassen Trabelsi, le mafieux beau-frère de Ben Ali? Ou va-t-on se contenter de passer quelques couches de peintures… pour mieux dérober les preuves des concussions et des compromissions?
A voir comment les choses évoluent dans le pays, avec le retour éhonté sur les devants de la scène des anciens serviteurs de la dictature et de certains de ceux qui ont fait leur miel en traficotant avec l’ancien régime, on peut avoir sérieusement ce genre de craintes…
Alors, vigilance ! Les changements de dénomination, les coups de peinture et les déguisements de toutes sortes pourraient transformer la belle révolution du 14 janvier en un bal de vampires…
Zohra Abid