Selon les analyses de l’Observatoire de la conjoncture économique (Oce) au ministère de la Planification et de la Coopération internationale, le système économique national a enregistré une «convulsion brutale», bien qu’elle dépende des degrés d’exposition des divers secteurs aux répercussions du séisme politique qui a ébranlé la Tunisie au début de cette année.
Le tourisme le plus affecté
Les activités liées au tourisme ont été les premières à en faire les frais, avec un effondrement des fréquentations hôtelières de près de 60% et une cascade d’effets d’entraînement négatifs sur les autres secteurs connexes, note le rapport de l’Oce.
Conjointement, les revenus du tourisme se sont repliés de près de 40% pour s’établir à 190,1 millions de dinars (MD), au 28 février pour une baisse de 60,5% des nuitées. De ce fait, les avoirs nets en devises ont continué leur reflux, entamé début 2010, pour se situer à - 5,6% pour l’ensemble des deux premiers mois.
Effondrement du commerce extérieur
Au rayon des échanges extérieurs en volume, les analyses de l’Observatoire font ressortir «un effondrement» des exportations durant le mois de janvier de (-20%) par rapport à décembre, selon les données des exportations mensuelles en volume.
Cette évolution est imputable aux mouvements opérés par les unités off-shore, qui ont plus que compensé le ralentissement d’activité durant le mois précédent pour hisser de nouveau le rythme de progression de leurs exportations à plus de 20% en glissement annuel.
Cette dynamique a principalement prévalu pour les industries mécaniques et électriques dont les ventes à l’étranger pour l’ensemble des deux premiers mois de 2011, se sont finalement accrues de 9% par rapport à la même période de l’année précédente.
L’évolution de l’activité à très court terme des unités totalement exportatrices serait relativement favorable avec une demande étrangère bien orientée comme l’attestent les enquêtes du Purchasing Managers Index (PMI), en zone euro, réalisées auprès de directeurs d’achats et donnant une idée sur la santé de l’activité manufacturière.
Ce constat est confirmé par la vigueur des importations sous régime off-shore, particulièrement, pour les industries mécaniques et électriques.
Les importations de textiles, habillement et cuirs destinées à être réexportées connaissent, quant à elles, depuis l’été dernier une volatilité accrue mais les exportations maintiennent un palier stable qu’elles ont de nouveau rejoint, en février après un décrochage le mois précédent.
L’évolution relative des volumes échangés conjuguée à la constance des termes de l’échange nets a été bénéfique au solde commercial qui continue son redressement depuis son point bas de mars 2010.
Sur deux mois, le déficit de la balance commerciale s’établit à 871,7 MD pour un taux de couverture à 80,9% contre 1070,3 MD et 76% à fin février 2010.
Baisse de 22% des flux d’investissement extérieur
Les flux d’investissements directs étrangers (Ide) se sont, également, contractés durant le mois de janvier, s’établissant à 116,4 MD contre 142,2 MD en 2010, soit une baisse de 22%.
Parallèlement, les intentions d’investissement recensées par l’Agence de promotion de l’industrie et de l’innovation (Apii) se sont inscrits en hausse de 9,7%, sur les deux premier mois, grâce à un doublement des investissements prévus dans l’agroalimentaire mais avec des baisses significatives pour les industries mécaniques et électriques (-46%), les industries du textile et du cuir (-50,3%) et les industries chimiques (-61%).
De même, les créations d’entreprises se sont repliées de 8,8% en janvier-février par rapport aux deux premiers mois de 2010.
Une inflation moyenne de 4,4%
L’année 2010 s’est achevée sur une inflation moyenne de 4,4%. Cependant, le glissement annuel en fin d’année s’était stabilisé à 4% après un plus haut à 5,2% en février.
Le report d’inflation pour 2011 était de l'ordre de 2,1 points. Le début de l’année en cours a cependant été marqué par une baisse de l’indice général des prix en janvier (-0,1%) et en février (-0,5%) qui a ramené l’acquis d'inflation à 1,5%.
Perspectives pour les prochains mois
Pour les prochains mois, il est probable que l’inflation (2,9% en février) remonte graduellement pour se stabiliser dès l’été autour d’un palier à 3,3%.
L’inflation hors énergie et alimentation ainsi que le rythme de croissance de la masse monétaire (12,1%) en décembre et janvier, à son niveau moyen depuis un an et demi, concourent dans le sens d’un relâchement des pressions inflationnistes au cours des prochains trimestres.
Cependant, d’autres éléments plaident pour un retour des tensions sur les prix à la consommation en 2012 et qui pourraient même se manifester plus tôt en cas d’ajustements tarifaires sur les produits à prix encadrés.
Ces pressions se sont, récemment, manifestées au niveau des prix à la production qui se retendent en réaction au biais haussier des prix à l'importation.
Source : Tap.