«Les actes de vandalisme, incendies, sit-in et grèves ont coûté aux entreprises du pays des dégâts estimés à 400 millions de dinars. Et la croissance est en dessous de zéro».


C’est ce qu’a annoncé Mohamed Ben Sedrine, président du bureau exécutif provisoire de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), au cours d’une conférence de presse, jeudi, au siège de l’organisation. «Il faut mettre fin à tous les abus, sinon, le pays ira à la dérive», a-t-il prévenu.
Après la révolution et le départ «forcé» de Hédi Djilani, l’ancien patron des patrons, les différends au sein de la centrale n’arrêtent pas. Au sein même du bureau exécutif, plus rien ne va et entre ses membres nationaux et régionaux, aucun terrain d’entente. On parle même aujourd’hui d’une affaire en justice.
La plainte a été portée par le nouveau comité «Sauvons l’Utica» qui demande «la dissolution du bureau provisoire et son remplacement par un comité restreint de cinq personnes indépendantes, reconnues pour leur intégrité et n'ayant aucun lien avec le bureau exécutif dissous».



Des membres de ce comité se sont expliqués, mercredi, sur les ondes d’une radio. Ce qui a attisé la colère de M. Ben Sedrine qui s’est empressé d’organiser une conférence de presse pour déclarer que «90% de ce qui a été dit est faux». A chacun bien sûr sa version.

Qui veut la peau de Hédi Jilani?
L’ancien comité vient de décider: «d’accélérer l’examen de la situation des unions régionales et de consacrer sa prochaine réunion au renouvellement des différentes structures du patronat en prévision du prochain congrès dont la date n’a pas été encore fixée. Cinq membres de l’ancien bureau exécutif, 5 représentants des fédérations sectorielles nationales, 5 présidents des unions générales, 4 représentants des jeunes et une représentante de la chambre nationale des femmes chefs d’entreprise siègent à ce comité provisoire, chargé de diriger l’organisation patronale en proie à une crise touchant notamment sa direction», a expliqué M. Ben Sedrine. Et d’insister qu’il n’est pas question de se laisser faire et qu’il va se défendre. Ou plutôt de défendre l’ancien président de l’Utica à qui il ne lui reproche rien.
«Impossible de travailler dans un climat pareil. Le comité ‘‘Sauvons l’Utica’’ a porté plainte contre M. Djilani qui, pendant toute la période de sa présidence de la centrale n’a reçu aucune rémunération de quelque nature qui soit. Mais puisque le comité n’a pas retiré sa plainte, nous ne travaillerons pas avec ses membres et nous allons nous défendre», précise le président du comité provisoire de l’Utica. Il accuse, au passage, ses nouveaux adversaires de ne pas le laisser travailler, de perturber toutes ses réunions et de mettre de l’huile sur le feu en poussant à des manifestations qui n’en finissent pas. Comme si le pays en a encore besoin.

Des boulets de fer qui freinent l’économie 
Après cette mise au point, M. Ben Sedrine est passé aux dossiers qu’il faut gérer dans l’immédiat. Selon le conférencier, il faut redresser au plus vite la pente, pour que le pays ne s’effondre pas davantage. «Ils nous mettent aux pieds des boulets de fer. Avec les contestations et les grèves, on ne peut plus avancer. Les promoteurs étrangers ne veulent plus investir en Tunisie. Pour que les activités reprennent, il faut indemniser rapidement les entreprises touchées pendant les événements. Si ça continue, des dizaines de milliers d’emplois seront perdus», ajoute M. Ben Sedrine. Qui ne voit pas vraiment la porte de sortie de crise et que le moment n’est pas propice aux négociations sociales. A propos des élections auront lieu dans quelques semaines, M. Ben Sedrine a dit qu’elles se dérouleront «dans un climat d’ouverture, démocratique, transparent et les urnes diront tout», a-t-il conclu.

Zohra Abid