Comme du temps où Ben Ali, la marque sud-coréenne Kia, distribuée par City Car, la société qui appartenait à Mohamed Sakher El Materi, le gendre de Ben Ali, vient en effet de dédouaner une importation de voitures sans le moindre problème. Idem pour la société Ennakl, concessionnaires de Volkswagen, Audi et Porsche, qui appartenait à la même personne. Dans quel contexte ces importations ont-elles été faites? Mystère et boule de gomme.
On continue d’appliquer les mêmes quotas
Sous l’ancien régime, on le sait, les volumes hors quotas étaient accordés de manière régalienne par l’ex-président en personne, qui veillait à privilégier les intérêts de ses proches: son gendre Sakher El Materi (Ennakl, City Car), son beau-frère Belhassen Trabelsi (Alpha International), son autre gendre Marwan Mabrouk (Ital Car) et son futur gendre Mehdi Belgaïd (Stafim Peugeot).«Il est tout de même étonnant de constater que le ministère du Commerce et du Tourisme continue d’appliquer les mêmes quotas, comme si de rien n’était», se demande un concessionnaire.
Le titulaire du poste, Mehdi Houas, avait pourtant déclaré, le 11 mars, au cours d’un point de presse à Paris, que les quotas étaient illégaux. «Il n’y a pas de quotas. Que chacun travaille dans le respect de la loi», a-t-il lancé. Il a ajouté: «J’ai reçu les représentants locaux et c’est ce que je leur ai dit». Puis, en réponse à un collègue qui soulignait que les concessionnaires n’étaient pas au courant de la fin des quotas, M. Houas a martelé: «Oui, les quotas sont illégaux, les importateurs doivent travailler dans le seul respect de la loi. C’est la seule contrainte.»
Les quotas vont-ils être annulés
Rappelons que dans un «droit de réponse» parvenu à Kapitalis, qui a diffusé les propos du ministre, le ministère du Commerce et du Tourisme a confirmé la fin des quotas d’importation des véhicules. «Sous l’ancien régime, la représentation des marques étrangères de constructeurs automobiles ainsi que l’importation du matériel roulant obéissaient aux instructions du président déchu qui faisait profiter les membres de sa famille. La stratégie suivie, s’il en est, se basait essentiellement sur des pratiques confuses ayant conduit à des répartitions inéquitables entre les différents concessionnaires de la place», a expliqué le ministère dans son « droit de réponse. Et d’ajouter qu’«au regard de la loi et dans l’Etat de droit où nous sommes, cela relève de l’abus et de l’illégal».
Ceci étant, pourquoi donc le secrétaire d’Etat chargé du Commerce intérieur, qui s’occupe du dossier des importations des véhicules, Mohsen Laroui, et le directeur général du Commerce extérieur, Nasser Oueslati, continuent-ils d’appliquer à la lettre les quotas décidés sous l’ancien régime? Ce que dit le ministre du Commerce et du Tourisme à Paris n’engage-t-il pas les hauts fonctionnaires du ministère à Tunis? Re-mystère et re-boule de gomme !
Il revient donc à M. Houas de clarifier les choses une fois pour toute.
Imed Bahri
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