Au total: 17 mesures décidées par le gouvernement par intérim ont été annoncées, jeudi, par le ministre des Finances au siège du Premier ministère à La Kasbah.


Pour rendre publique une botte de mesures urgentes prises par le gouvernement de transition, il a fallu à Jalloul Ayed, le ministre des Finances, près d’une heure pour lire machinalement une dizaine de pages. Les journalistes présents avaient du mal à noter les chiffres. Au terme de la conférence de presse, les questions ont fusé de partout. Quant aux réponses, elles étaient jugées peu convaincantes. Quelques-uns sont allés jusqu’à critiquer la forme beaucoup plus que le fond et comparer le discours du ministre à ceux d’une époque révolue. «Nous avons cru ne plus appartenir à l’époque de Mohamed Ghannouchi et à l’ancien régime. Mais nous voilà tourner en rond pour ne pas avancer», a lancé une consœur, dont la verve révolutionnaire est de très fraîche date.

Un bilan morose et une période délicate
Pour mettre la conférence dans son cadre, le ministre a commencé par dire que seul un retour au travail et à la normale pourrait sauver l’économie du pays et instaurer la démocratie. «La révolution tunisienne a brisé le plafond de verre de l’anti-démocratie, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour l’économie tunisienne», a-t-il dit. Et d’ajouter que l’économie tunisienne passe sur le court terme par une situation difficile et délicate caractérisée par une baisse d’activités dans des secteurs clés de l’économie comme l’industrie, l’agriculture, le phosphate, les travaux publics, le transport et les exportations.
Selon M. Ayed, «les prévisions initiales du budget économique 2011 tablaient sur une croissance du Pib en termes réels de 5,4%, un déficit budgétaire de 2,5% et un taux d’endettement public de 39%. En outre, il consacrait une enveloppe de 1,5 milliard de dinars en termes de subventions dont 570 millions de dinars (MD) pour l’énergie et ce, sur la base de 83 dollars le baril Brent».
L’économie tunisienne passe donc par une phase critique. Il n’empêche que le gouvernement est appelé à réaliser «une croissance variant de 0 à 1%, une baisse des investissements de l’ordre de 1,5 milliards de dinars dont 1 milliard de dinars sous forme d’investissement direct étranger (Ide) et la création de 15.000 postes d’emplois contre les 80.000 prévus initialement», a annoncé le ministre. Qui a notamment mis l’accent sur un déficit budgétaire de 5%, compte tenu de la baisse des recettes fiscales, de l’augmentation des dépenses publiques, des subventions de produits alimentaires et de l’énergie qui vont augmenter et seront de 900 MD à cause de la hausse des prix à l’échelle mondiale et de l’augmentation des besoins en financement extérieur de l’ordre de 5 milliards de dinars.

Un nouveau contrat social
Pour que le pays se développe, il faut une mobilisation générale et un renforcement des relations avec les partenaires et investisseurs étrangers, a estimé M. Ayed. L’essentiel est d’attirer ces investisseurs et ne pas les laisser partir ailleurs. Pour ce, la sécurité des biens et des citoyens est une priorité. Sans celle-ci, le pays sera à la dérive et pourrait plonger.
En deuxième position, vient l’emploi. «Nous avons établi un programme de recrutements exceptionnels dans la fonction publique (20.000 emplois), ainsi qu’un plan de relance pour inciter les entreprises à faire un effort similaire (20.000 autres). C’est-à-dire 40.000 emplois entre le public et le privé seront à l’ordre du jour», a-t-il annoncé tout en mettant l’accent sur le programme Amal de l’emploi, ainsi que sur le doublement des montants alloués aux programmes d’utilité publique dans les régions.
Les entreprises en difficulté économiques auront aussi leur part d’aide dans ce programme à court terme. Tout comme le financement des Pme et la création de pôles bancaires dans les régions. Le gouvernement insiste sur l’investissement dans les zones reculées avec des offres et des exonérations accordées aux entreprises qui souhaitent se développer dans ces régions.
Le développement régional ne cesse de remonter à la surface des priorités du gouvernement qui a programmé des aides aux familles nécessiteuses vivant en dessous du seuil de la pauvreté, soit 185.000 familles. 20.000 autres familles seront concernées par des microcrédits ou des donations pour améliorer leur logement.
Parmi les autres mesures, les personnes qui viennent de Libye auront une prime. La somme de 400 dinars sera versée à chaque personne et une autre de 600 dinars par famille.
Le ministre n’a pas omis de rappeler que les difficultés que le gouvernement éprouve à faire face aux difficultés économiques conjoncturelles et les efforts financiers qu’il est appelé à faire dans l’urgence sont peu de choses devant le sang des martyrs de la révolution.

Z. A.