Pour sauver la saison touristique et atténuer la crise économique, les professionnels du secteur se tournent vers le marché des croisières, qui pourrait faire du bien à la Tunisie libre.
C’est ce qu’a annoncé Slim Chaker, secrétaire d’Etat du Tourisme, lors d’une conférence de presse, jeudi à l’hôtel Sheraton, au terme d’une journée Eductour au profit des armateurs, professionnels et journalistes étrangers.
M. Chaker a préféré tenir un discours de vérité. Pour lui, la situation est grave et pourrait encore s’aggraver si on n’agit pas vite. Et le plus tôt serait le mieux. Car il s’agit d’aider la Tunisie à traverser cette période critique et à continuer son chemin vers la démocratie, sinon il y aurait des regrets.
M. Chaker a notamment rappelé que la Tunisie ne tourne pas facilement, et de manière définitive, la page du passé. Pour lui, la révolution du 14-Janvier a perturbé le pays, mais ce n’est qu’à court terme. Car la Tunisie est aussi capable de se relever et d’aller de l’avant vers la démocratie et le progrès grâce à l’appui de ses partenaires.
Booster le secteur à tout prix
M. Chaker a dit aussi que le secteur du tourisme tunisien, qui fait vivre des dizaines de milliers de familles, passe par des difficultés et si ça continue, des hôteliers seraient contraints de mettre les clés sous le paillasson. On aurait ainsi plus de chômeurs et plus d’instabilité sociale dans le pays. D’où l’urgence.
«La Tunisie, forte d’une infrastructure portuaire développée, de paysages magnifiques tout le long de son littoral et de la générosité de son peuple, constitue une destination privilégiée pour le tourisme de croisière en Méditerranée», a plaidé le ministre. Et de rappeler qu’en 2010, près de 900.000 touristes ont visité la Tunisie à travers des croisières. Ce flux a généré des recettes en devises estimées à 90 millions de dinars.
Aux interrogations de ses hôtes sur la sécurité dans le pays, M. Chaker a répondu: «Vous venez de faire une tournée au Port de la Goulette, à Sidi Bou Saïd, aux sites de Carthage, au centre-ville de Tunis, dans les souks de la Médina et au Musée du Bardo et vous avez remarqué qu’il n’y a rien à dire sur la sécurité dans le pays et que tout va bien», rassure-t-il. Les professionnels ont confirmé, tour à tour, les dires du responsable du tourisme.
Les retombées négatives de la situation en Libye
La situation en Libye pose un grand problème au tourisme tunisien. La guerre civile qui sévit dans ce pays ne rassure pas les touristes, qui continuent à tiquer et à bouder notre pays. «Nous savons que les temps sont durs pour le pays. Ça commence à peser lourd sur une économie qui peine à se relever et à se relancer. Mais il nous faut une réponse qui puisse convaincre nos partenaires», a expliqué l’un des participants à l’Eductour.
A cette inquiétude, M. Chaker a eu une réponse qui se voulait tranquillisante: «Entre Tunis et Tripoli, il y a 800 km. Il s’agit pratiquement de la même distance qui sépare Marseille de Tunis, à une centaine de km près. Essayez de passer un message positif à vos clients. Si vous voulez aider la Tunisie, c’est aujourd’hui que vous pourriez le faire. Demain, ce serait peut-être trop tard.» Et d’enchaîner: «Dites à vos clients que la Tunisie est stable, que la sécurité y est une réalité et mettez l’accent sur la richesse de l’offre touristique du pays qui allie la beauté de la mer à celle du Sahara. Ici, il y a un autre charme, c’est aussi le dépaysement et l’exotisme qui n’existent pas dans les autres pays méditerranéens. La Tunisie a aujourd’hui besoin de ses partenaires pour relancer son tourisme. N’attendez pas pour conseiller à vos partenaires la Tunisie. Car la Tunisie n’attend pas… Et n’oublier pas de raconter la success story de ce pays qui est en train d’écrire son histoire sans violence. Son arme, c’est Facebook et Internet». Pour M. Chaker, le message est clair. Le reste est l’affaire des partenaires de Tunisie, à qui on n’a rien caché. Ils savent tout sur le pays.
L’un de ces partenaires, armateur de son état, qui a pris à l’Eductour, a conclu sur un ton volontariste: «Nous faisons confiance aux jeunes qui ont fait la révolution, libéré le pays; et la coopération avec un pays démocratique est toujours mieux. Nous allons essayer de convaincre nos clients pour qu’ils ne changent plus de destination. La Tunisie, qui ne manque d’atouts, mérite d’être sur la liste de leur croisière et aider ce peuple ami est un devoir. Nous allons faire sa promotion et nous sommes conscients du rôle important que joue le tourisme dans la prospérité du pays».
Zohra Abid