Le smig tunisien a baissé de 25% en équivalent en euros entre 1990 et 2011, alors qu’il s’est accru dans tous les autres pays du Maghreb. Un rattrapage est nécessaire pour relancer la consommation et la croissance. Par Rafik Souidi
Le salaire minimum interprofessionnel garanti (smig) pour le régime de 48 heures s’élève en Tunisie à 273 dinars par mois soit environ 139 euros. En 1990, il était de 170 dinars qui valaient alors l'’équivalent de 190 euros. Il a donc baissé de 25% en équivalents euros ces vingt dernières années.
Une caissière française est payée 14 fois plus qu’une Tunisienne
Le salaire minimum interprofessionnel de croissance (smic) pour le régime de 35 heures s’élève en France à 1.365 euros par mois. En 1990, il était de 823 euros pour 39 heures, ce qui reviendrait à 738 euros pour 35 heures. Le smic français a donc augmenté de 85% depuis 1990 à nos jours lorsque le smig tunisien diminuait de 25%.
Le smig tunisien se monterait donc à 100 euros pour 35 heures, toutes proportions gardées, l’ouvrier de chantier de base ou la caissière de supermarché en France sont payés quatorze fois plus que leurs homologues en Tunisie en 2011 alors que ça n’était que cinq fois plus en 1990.
Le smig pour une durée hebdomadaire maximale de 44 heures au Maroc est l’équivalent de 370 dinars tunisiens. Il s’élèverait donc à près de 400 dinars pour une durée de 48 heures, soit 50% de plus qu'en Tunisie!
Le smig tunisien est le plus faible des cinq pays membres de l’Union du Maghreb arabe (Uma). Même la Mauritanie fait mieux.
Ces chiffres seront une désagréable surprise pour bon nombre de Tunisiens longtemps bercés par le mythe du miracle économique et de la juste répartition des richesses.
Sur-endettement et la baisse continue des salaires
En effet, la stratégie économique néfaste du pays a malheureusement été basée sur le surendettement et la baisse continue des salaires de base en valeur réelle.
Le gouvernement de transition devrait donc remédier d’urgence à la situation très dégradée des minima salariaux en Tunisie.
Aussi, nous proposons de relever immédiatement le smig à 350 dinars, soit une augmentation de 25 %. Cette mesure de salubrité publique serait plus claire et plus parlante que bien des discours. D’autant que le pouvoir d’achat de la population a été sérieusement écorné ces dernières années du fait de la flambée des prix des matières premières et des denrées alimentaires de première nécessité. Quant à la perte de compétitivité à l’export, il conviendrait de faire davantage d’efforts en organisant les tâches de manière plus rationnelle car les gisements de gains de productivité dans notre pays sont énormes pour peu que les employés soient plus motivés et les managers plus imaginatifs.
Le smig à 350 dinars n’est en fait qu’un juste rattrapage et cette mesure sans fioriture contribuerait à relancer la consommation et la croissance tout en apaisant le climat social.
Commentaire de Mehdi Jerbi:
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre article et je voudrais apporter une rectification. En effet, vous avez écrit: «Une caissière française est payée 14 fois plus qu’une Tunisienne. Le salaire minimum interprofessionnel de croissance (smic) pour le régime de 35 heures s’élève en France à 1.365 euros par mois.»
Je voulais juste vous préciser qu’en France, et contrairement à notre pays, il faut retrancher l’impôt sur le revenu qui est payé par tous les fonctionnaires même ceux travaillant dans le secteur public. Le calcul et la comparaison sont donc différents et il faut se renseigner sur le taux d’imposition de cette
tranche de salaire en France pour avoir le revenu net d’impôt et pouvoir le comparer au nôtre.
Cependant, je partage votre avis concernant une augmentation correcte du Smig pour dynamiser notre économie et notre rendement et diminuer ainsi l’endettement et ce qui en résulte de corruption et vol. De quel ordre de grandeur sera cette augmentation? Là il faut s’adresser aux économistes de notre chère Tunisie.
Réponse de M. Rafik Souidi.
Comme tout le monde le sait: les smicard ne payent pas d'impôt sur le revenu-IRPP. En revanche, ils contribuent en France à la sécurité sociale et cela leur offre des prestations qu'on ose à peine imaginer en Tunisie. Je maintiens donc la comparaison du smig tunisien brut au smic francais brut étant tous deux exemptés d'impôt sur le revenu.