Dans l’attente des élections de l’assemblée constituante du 24 juillet, le gouvernement provisoire s’emploie à mettre en place les conditions d’une reprise économique de la Tunisie. Parallèlement, les contributions internationales s’organisent…
Par Gérard Maillet*


Néanmoins, la période récente a permis une mise en exergue des principaux points de difficultés du secteur financier tant sur un plan des engagements que sur celui des risques couverts ou non.

 

Un schéma de restructuration du secteur financier
Au-delà des aspects quantitatifs, plus de 30 banques et compagnies d’assurance, une mise en perspective des transformations nécessaires à partir d’une bonne connaissance du marché, nous conduit à imaginer un schéma de restructuration du secteur financier avec notamment:
- la création d’une Caisse des dépôts et consignation afin d’assurer, à terme, le réemploi d’une épargne longue disponible pour financer les grands projets d’infrastructures en ligne avec les ambitions de création de valeur au plan national. Les premières missions de cette CDC pourrait être de:
- la consolidation l’ensemble des avoirs «mal acquis» afin d’en assurer une bonne gouvernance au profit de la nation et avant de prendre décision sur l’avenir capitalistique de ces entreprises;
- le cantonnement les dossiers d’investissements du secteur hôtelier avant les transformations ou cessions à opérer;
- les trois missions régaliennes en tant qu’investisseur institutionnel long terme pourraient alors trouver leur essor: intervention sur les marchés, financement du développement des entreprises en synergie avec la Banque de financement des Pme (Bfpme) et participation au financement des infrastructures.

Consolidation des banques publiques
La reprise du schéma de consolidation des banques publiques afin de constituer un fort pôle bancaire public accompagnant les investissements des grandes entreprises, en sus de son activité de banque de détail, tout en assurant une meilleure prise en compte des risques. La reprise du projet de fusion Société tunisienne de banque (Stb)/Banque de l’habitat (BH), avant son éventuelle extension, et son aboutissement rapide devrait permettre de relever les principaux défis portant sur :
- l’aspect social et de mise en perspective des nouvelles opportunités professionnelles;  
- la mise à niveau des systèmes d’information et l’intégration progressive des meilleures solutions du marché.
La mise en œuvre du programme visant le renforcement du rôle et de l’implantation régionale de la Bfpme afin d’assurer la relance et le développement d’un tissu de Pme/Pmi performantes au travers d’un financement adapté.

Création d’un grand pôle de banques privées
L’impulsion politique conduisant à la création d’un grand pôle de banques privées tunisiennes afin de préparer une offensive internationale à partir d’un puissant socle national. Ce pôle pourrait fédérer des banques telles que la Biat, Amen Bank, la Banque de Tunisie.
La recherche d’un adossement de la Banque Zitouna afin de capitaliser sur l’investissement réalisé et d’accompagner le lancement en Europe d’offres de finance islamique/alternatif/participative en coopération ou non avec d’autres acteurs internationaux. La Tunisian Foreign Bank pourrait, peut être, jouer ce rôle.
Le réexamen des ambitions et attributions des banques privées internationales afin qu’elles contribuent au développement des investissements sur des axes à forte valeur ajoutée comme la délocalisation de certaines activités dans une logique de «producteur-distributeur», apports technologique… Le développement de cet axe est tributaire notamment de quelques ajustements dans la législation concernant la protection des données personnelles. Par ailleurs, le savoir-faire sur la mise en place d’offres d’épargne long terme serait d’un apport prépondérant dans la période actuelle.
Par anticipation d’une situation «post crise», un examen des ambitions du pôle tuniso-libyen afin d’imaginer des scénarii de regroupement des activités d’Alubaf, de Banque Tuniso-libyenne (Btl) et de la Naib qui, au-delà des aspects capitalistiques et politiques, pourrait conduire à la mise en œuvre d’un seul système d’information performant, fusse-t-il à base d’un progiciel international relayé par un ou acteurs locaux.
Une étude sur les performances des banques dites «ex banque de développement» pourrait conduire à des décisions de réintégration, de regroupement ou de disparition afin de clarifier le paysage et probablement de stopper quelques dérives en regard des cadres réglementaires internationaux.
Les projets pilotés par la Banque centrale de Tunisie (Bct), notamment celui de la restructuration, devront intégrer, plus largement, les contraintes des cadres réglementaires internationaux (Bâle II/III et Ifrs) afin de préparer l’ouverture et peut être la mise en place de la «Place financière de Tunis». La Bct s’emploierait également à définir le cadre réglementaire en lien avec les banques et la Caisse des dépôts sur la mobilisation de l’épargne locale et le développement des marchés financiers.
Les actions concertées entre le ministère de l’Economie et la Banque centrale, relayées par l’ensemble des acteurs du secteur, devraient restaurer la confiance des épargnants locaux et des investisseurs internationaux.

Restructuration du secteur de l’assurance
Par effet collatéral de la récente période et en sus d’une situation financière très contrastée entre les différents acteurs, au-delà de la simple dichotomie entre la «Vie» et le «Dommage», le secteur de l’assurance devra également se restructurer en regard :
- des situations bilancielles;
- des capacités à développer des offres performantes aptes à satisfaire les demandes dans le nouveau contexte social;
- des opportunités de regroupement de producteurs «Dommage, Vie, Santé, Retraite» face à l’extension des activités des différents distributeurs de produits et services;
- des ambitions de développement économique du pays (Ratio Pib/Assurances);
- de création de nouvelles offres adaptées (épargne, MRH, Takaful...);
- de collecte d’une épargne «moyen–long terme» en propre et au travers des réseaux de distribution des banques et de la Poste…
L’Association des professionnels des banques (Aptbef) et la Fédération tunisienne des assurances (Ftusa) pourraient contribuer plus efficacement à la modernisation des secteurs tout en se préoccupant, en permanence, de la qualité des offres et services perçue par les clientèles, d’une part, et de l’accompagnement en termes de formation des acteurs du secteur et du développement de la communication autour de la bancarisation et de l’épargne, d’autre part.
La maîtrise des nouvelles technologies devraient contribuer à la création de valeur tout en capitalisant sur le potentiel de savoir-faire d’une jeunesse globalement bien formée.

* Associé Gérant I-Veda Consulting.
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