«Le troisième gouvernement après la révolution a trouvé le pays dans une situation économique catastrophique: des entreprises pillées et mises à feu, d’autres fermées, un taux de croissance frôlant 0%, un chômage qui touche entre 500 et 600.000 sans emploi, dont 140.000 parmi les diplômés du supérieur, auxquels s’ajoutent 40 à 50.000 chaque année, et une dérive sécuritaire et médiatique dangereuse», a affirmé le Premier ministre du gouvernement provisoire.
Pour cette première réunion publique avec les chefs d’entreprise, M. Caïd Essebsi s’est entouré de cinq ministres chargés des départements économiques (Finances, Industrie, Développement régional) et sociaux (Emploi, Affaires sociales).
Relancer l’économie et aider les régions
Face à cette conjoncture difficile, le gouvernement provisoire a commencé par l’examen des dossiers prioritaires et l’élaboration de stratégies d’urgence basées sur une nouvelle approche socio-économique visant, à la fois, à relancer la machine économique et à améliorer la situation dans les régions intérieures les plus défavorisées.
Le gouvernement s’est ainsi attelé à l’élaboration d’un projet fondé sur quatre axes: l’emploi, le développement régional, la dynamisation de l’économie et l’octroi d’aides sociales, à travers un financement exclusivement tunisien assuré par l’Etat et par des entreprises nationales qui se sont portées volontaires.
Ce programme vise à remédier au chômage endémique à travers la création de 60.000 postes d’emplois directs, dont 20.000 par le secteur privé, particulièrement dans les régions déshéritées, a expliqué M. Caïd Essebsi. «La réalisation de cet objectif est tributaire de la garantie du bon fonctionnement des entreprises nationales et étrangères implantées en Tunisie», a-t-il ajouté. Or, la situation sécuritaire tarde à se stabiliser, en raison des grèves, des sit-in et des mouvements sociaux. « Les soi-disant défenseurs de la révolution ont poussé partout comme des champignons. On veut éliminer les symboles de l’ancien régime. Or, on sait, au moins 3 millions de Tunisiens ont collaboré avec l’ancien régime. On ne va pas tous les mettre en prison. La plupart n’était que des pions», a souligné le Premier ministre.
Le gouvernement a reçu des offres d’aides extérieures pour réaliser ce programme ambitieux, mais il a décliné ces propositions, profondément convaincu que la Tunisie est capable de régler ses problèmes par elle-même et que toute aide étrangère doit s’inscrire dans le cadre de projets futurs, a assuré le Premier ministre.
Le gouvernement provisoire, a indiqué M. Caïd Essebsi, est aussi conscient des difficultés auxquelles font face les entreprises économiques tunisiennes et du désir des investisseurs étrangers de quitter le pays, ce qui nécessite de redoubler d’effort pour endiguer les dérives sécuritaires. «La situation s’est beaucoup amélioré, mais elle reste en-deçà de ce qui est requis», a expliqué M. Caïd Essebsi. Qui a formé l’espoir de voir le pays retrouver rapidement «sa pleine stabilité», «condition sine qua non pour minimiser les pertes, sauver la saison touristique, maintenir les entreprises étrangères en Tunisie et réduire le taux du chômage».
Consolider les attributs de la stabilité
Evoquant les mouvements sociaux orchestrés contre le gouvernement provisoire, M. Caïd Essebsi a indiqué que le gouvernement est tout à fait conscient qu’il y a certaines parties sont derrières ces agissements, appelant, à cet effet, la majorité silencieuse à agir pour consolider les attributs de la stabilité.
La constitution de ce gouvernement, a-t-il souligné, n’est pas motivée par le désir de ses membres d’accéder à un poste de responsabilité, mais elle est dictée par l’appel du devoir au service de l’intérêt supérieur de la patrie.
Le Premier ministre intérimaire a exprimé l’espoir de voir ces efforts trouver tout le soutien nécessaire auprès de tous et en particulier auprès des médias «crédibles». Avant de conclure: «Nous ne souhaitons que du bien à la Tunisie et nous espérons laisser le pays à nos successeurs après le 24 juillet prochain dans une situation meilleure».
Kapitalis (avec agence Tap).