L’Aiefbt, une nouvelle structure professionnelle et citoyenne, vient d’ouvrir sa branche tunisienne, après celle européenne lancée le 14 février dernier.
En l’absence d’une structure associative les regroupant et pouvant jouer un rôle plus influent dans le renouveau de la place financière tunisienne, une centaine de banquiers et d’experts financiers tunisiens, résidents en Tunisie et à l’étranger, ont lancé l’Association internationale des experts financiers et bancaires tunisiens (Aiefbt).
Après Paris, il y a un mois, les fondateurs ont annoncé lundi à Tunis l’ouverture de la filiale tunisienne de leur association. Le dossier de la création de la branche a été déposé le samedi 9 avril courant.
Selon Souhayel Tayeb, l’un de ses fondateurs, l’Aiefbt a pour mission d’aider à l’essor du secteur bancaire et financier de la Tunisie «à travers des initiatives minutieusement réfléchies et adaptées, un lobbying auprès des autorités compétentes et le développement de la base financière tunisienne».
«Après des décennies de vol, de corruption et de népotisme, notre secteur était à la disposition des clans du régime déchu et a constitué un vrai puits de richesse dans lequel ils puisaient», rappelle M. Tayeb.
L’Association se veut aussi «un lieu d’échange entre les Tunisiens travaillant dans le domaine bancaire et financier et tous ceux qui s’intéressent à ce domaine dans leurs fonctions et recherches académiques afin de redynamiser la place financière tunisienne.
Une association citoyenne
Conscients des défis qui se posent aujourd’hui à l’économie tunisienne, les membres fondateurs de l’Aiefbt ont vu la nécessité de se lancer dans une branche d’actions sociales visant à contribuer à l’effort de l’emploi des jeunes diplômés notamment ceux créateurs de micro-projets. Le portail est dédié à cette œuvre. L’association récoltera des dons pour des jeunes promoteurs qui feront la promotion de leurs microprojets sur le site Internet et l’association les aidera dans une démarche de création d’entreprise en ayant une très grande proximité avec eux. «Grâce à nos adhérents, relais sur le terrain, on sera au cœur des quartiers, villes et villages où la demande va être la plus forte, de par les conditions socio-économiques des demandeurs d’aide», expliquent les membres de l’Aiebft.
Des partenariats seront conclus avec des cabinets d’expertise comptable locaux bénévoles pour la gestion administrative de la création des projets. «Nous avons besoin aussi de bénévoles qui seraient intéressés par l’accompagnement de ces microprojets sous différents titres et sous différentes formes. Des banquiers, juristes, chefs d’entreprises, diplômés en langues, financiers, etc., seront les parrains de ces microprojets. Ils accompagneront les micro-entrepreneurs tout au long du projet. Tout type de volontaires peut trouver au sein de notre association une façon d’agir pour les projets et ainsi la Tunisie», ajoutent-ils.
Un kiosque de journaux à Béja et un restaurant touristique à Mareth, deux projets pilote de l’action des micro-crédits, ont été annoncés lundi au cours d’une table-ronde organisée à l’occasion de l’annonce de l’ouverture de la branche tunisienne de l’Aiefbt. Ce n’est qu’un début, et le meilleur est encore à venir.
Pour l’Association, qui s’apprête à éditer la ‘‘Revue tunisienne de Banque, Finance et Gouvernance’’, le soutien et l’accompagnement des étudiants thésards et autres universitaires et chercheurs font aussi partie de ses activités. Les responsables promettent que cet effort sera couronné d’un prix de la meilleure œuvre universitaire dans le secteur.
Impliquer les compétences tunisiennes à l’étranger
La révolution du 14-Janvier a dévoilé combien les très nombreuses compétences tunisiennes exerçant et vivant à l’étranger ont été (délibérément) marginalisées par le régime de Ben Ali.
Du coup, l’Aiefbt annonce faire l’une de ses priorités «l’association de ces compétences, basées à Paris, à Londres, à New York…, aux politiques financières de la Tunisie», aux dires de Hamadi Mokdadi, membre fondateur de l’Association et directeur général d’Ubci Finance.
«En plus de leur apport à l’économie tunisienne, souligne M. Mokdadi, les experts tunisiens basés partout dans le monde peuvent aussi et à tout moment accompagner les professionnels tunisiens là où ils voyagent».
M. Mokdadi, ainsi que tous les membres de l’Aiefbt ont tenu à préciser que leur structure est apolitique. «Nous somme des praticiens, des experts du terrain, disent-ils, et nous voulons contribuer au développement du secteur en dehors de toute appartenance partisane ou idéologique ».
Mourad Teyeb