La Tunisie va débloquer 251,3 millions de dinars (environ 126 millions d’euros) supplémentaires en 2011 pour des programmes régionaux d’infrastructures.


L’annonce a été faite par le ministre du Développement régional, Abderrazak Zouari, lors d’une conférence de presse lundi à Tunis.
Ce ministère a été créé au lendemain de la chute du régime de Ben Ali, le 14 janvier dernier, provoquée par le soulèvement des régions de l’intérieur, longtemps abandonnées à leur destin et maintenues dans le sous-développement.

Des stratégies désormais locales
«Grâce à cette enveloppe complémentaire, le montant des investissements régionaux atteindra 1.483 millions de dinars (environ 748 millions d’euros) pour financer des infrastructures, notamment des travaux d’électrification et d’accès à l’eau potable», a précisé le ministre. Sur ce montant, 80 millions de dinars seront consacrés à financer «10 millions de journées de travail, soit près de 42.700 emplois, dans différents chantiers entre avril et décembre 2011», a-t-il indiqué.
M. Zouari a également souhaité que ces plans d’investissements régionaux soient décentralisés, conçus et réalisés au niveau local. «Les plans d’investissement ne doivent plus être émis par Tunis et appliqués en régions. Les propositions, le potentiel d’action et les stratégies locales sont désormais entre les mains des citoyens de chaque région. Avant d’investir, il faut au moins consulter les bénéficiaires des plans de développement», a insisté le ministre.
Etant membre d’un gouvernement provisoire (jusqu’aux élections de juillet prochain), il a toutefois indiqué qu’il ne pouvait lui-même décider de «décentraliser les dépenses», remettant au prochain gouvernement élu la délégation de compétences de l'Etat aux régions.

Inversion des priorités
Pour donner la mesure de l’effort du gouvernement, le ministre a rappelé que seulement «129,8 millions de dinars étaient prévus pour le développement régional dans la loi de finance 2011, votée sous l’ère Ben Ali». Cette loi prévoyait que «les 10 régions côtières toucheraient 82%, contre 18% en faveur des 14 régions de l’intérieur du pays», a-t-il précisé. «J’ai décidé d’inverser la répartition de l’enveloppe supplémentaire. Ainsi sur les 251,3 millions de dinars, 18% iront aux régions côtières et 82% aux régions de l’intérieur», a-t-il souligné.
Selon lui, les plans de développement régionaux sous l’ancien régime étaient «politiques» et non économiques. Estimant qu’il faudra «50 ans» pour réduire les disparités régionales, il a indiqué qu’il s’employait à les réduire.
Selon lui «70% du montant global d’investissement régional» bénéficiera encore cette année aux régions côtières, où se trouvent 68% de la population.