Mehdi Houas souffle le chaud et le froid. Selon lui, les conséquences de la révolution sont apparentes mais pas aussi négatives qu’elles puissent paraitre. Le verre est à moitié vide, ou a moitié plein. Cochez la bonne case!
Lors d’un point de presse tenu mercredi au siège du Cepex, le jeune ministre en charge du Commerce, du Tourisme et de l’Artisanat a dressé un bilan mitigé, défendu les attentes des Tunisiens et les a appelé à reprendre du travail.
Il a commencé par rappeler que les trois secteurs d’activité de sa tutelle emploient presque un million de personnes. Cela représente 30% de la population active et 11% du Pib. Une manière de rappeler l’ampleur de sa tâche, fut-elle provisoire. Mais l’est-elle vraiment?
Pas si mauvais qu’on le pense!
Pour ce qui est du secteur du commerce, les plus grands défis sont, selon lui, l’approvisionnement et la distribution qui «n’étaient tout de même pas affectés par la révolution». Le pouvoir d’achat est jusque là préservé, la hausse des prix n’ayant pas dépassé 0,5% et la compensation sur les matières de première nécessité a continué. L’exportation a augmenté en valeur (+10%) mais baissé de 26% en quantité. Le ministre a souligné qu’il y a «demande sur le marché mondial et qu’il est temps de reprendre la production».
Le tourisme est bien évidemment le plus affecté par la crise. Le taux d’activité a baissé de 45 % depuis janvier. Le recul devra se poursuivre les trois prochains mois, notamment au niveau du tourisme saharien (à cause de la situation dans la région du sud-ouest du pays).
Il faut donc se concentrer sur la saison estivale. M. Houas prévoit un plan de relance (marketing et communication). A lancer au bon moment, dit-il. «Probablement dès la normalisation de la situation en Libye». D’autres plans de sauvetage incluent une campagne sur le marché algérien et la relance du tourisme intérieur, à travers, entre autres, l’adaptation de l’infrastructure et du service.
L’objectif de tous ces plans est de réaliser 60 à 80 % de la capacité pendant la saison d’été. Mais le ministre regrette que les 60 millions de dinars, consacrées au budget de communication, soient très insuffisants. Sans comparaison avec le budget consacré par le Maroc, par exemple, à la communication touristique.
Dans le secteur de l’artisanat, «tout est à revoir», pense Mehdi Houas.
«Il faut commencer par écouter et soutenir les professionnels, appelle-t-il. Développer le commerce électronique est indispensable pour la commercialisation de nos produits».
Les dégâts du secteur s’élèvent à 450 millions de dinars. D’où l’importance de mettre en place des mesures d’accompagnement pour les sinistrés, à travers des dons directs et des aides à la trésorerie.
A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles
Le ministère a créé trois «task-forces» chargées des dossiers les plus urgents. Il s’agit de la communication, la main courante (pour gérer les plaintes et les revendications des citoyens et des professionnels) et la gestion des conflits sociaux (dans les hôtels…).
«Les revendications sociales sont légitimes et légales et il y a lieu d’affronter le dialogue social», admet M. Houas. «Mais il faut aussi reprendre l’activité économique pour commencer à exporter car il y a de la demande». Et il y a des pas à franchir en toute urgence. Dans le secteur touristique, la présence sur internet est à développer et la qualité du produit à repenser.
Le ministère pense aussi à l’adaptation des plans de communication et de marketing aux spécificités des régions. Mais la campagne touristique «ne sera pas axée sur la révolution», souligne le ministre.
Quant à l’endettement des hôtels, c’est pour lui «un problème structurel qui n’est pas une priorité du moment».
Dans le commerce, le contrôle sera multiplié pour éviter que des lieux de vente (petits commerces ou grandes surfaces) augmentent illégalement les prix.
Le marché parallèle est l’un des maux du secteur sous l’ancien régime. A cet effet, M. Houas a promis d’être «plus rigoureux dans la gestion des conteneurs importés ». Il a aussi dit que les produits contrefaits importés après le 14-Janvier ne seront plus autorisés sur le marché. Ceux importés avant cette date seront étudiés cas par cas.
Par ailleurs, les prix et les taxes des bananes importées seront révisés.
Pour ce qui est des quotas de l’importation des voitures, M. Houas a annoncé que les concessionnaires continueront à travailler comme ils l’ont toujours fait. «Jusqu’à la refonte totale du secteur». Laquelle mènera, selon lui, à sa libéralisation totale.
Question pas moins importante pour le consommateur, celle de la disponibilité des produits de base. Le ministre rassure: les stocks actuels sont suffisants pour trois mois et l’approvisionnement pour l’été et pour ramadan a démarré.
Mourad Teyeb