Les deux conventions signées jeudi au ministère du Tourisme entre professionnels du transport aérien et du tourisme permettront-elles de redresser l’un des secteurs les plus touchés par la crise? Les responsables y croient.


Pour sauver la saison touristique, 14 poids lourds de la profession se sont dit prêts à booster le secteur qui affiche grise mine. Conjoncture exceptionnelle oblige, les professionnels du tourisme et du transport ont tous répondu à l’appel de deux ministères du Transport et du Tourisme et signé une série de mesures, avec des concessions de part et d’autre. L’essentiel est que le marché reprenne et que le flux touristique revienne.

 

Tant qu’il s’agit de l’intérêt général
Les représentants de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (Fth), la Fédération tunisienne des agences de voyages (Ftav), l’Office nationale du tourisme tunisien (Ontt), Tunisair et Tunisair Express (ex-Sevenair) se sont mis d’accord sur un panier de décisions et tous sur la même longueur d’onde ont plaidé l’intérêt général.
Selon Mehdi Haouas, ministre du Commerce et du Tourisme, qui était accompagné de Slim Chaker, secrétaire d’Etat chargé du Tourisme: «Le moment est historique et il était temps de mettre la main dans la main, tenter de propulser le secteur et redresser la pente tout en préservant l’intérêt particulier de chacun».
Pour le ministre, il s’agit d’un accord spécifique et qui va perdurer quelque temps. «C’est un accord qui nous est propre et qui se distingue par sa ‘‘tunisianité’’. C’est la marque de notre fabrique, qui repose sur pas grand-chose, mais sur l’intelligence, la nôtre, principal pilier, principal capital du pays», a-t-il déclaré.
De quoi s’agit-il? Les deux conventions prévoient tout d’abord un meilleur travail de la part de tous les partenaires sur le marché du tourisme en Tunisie afin de récupérer au plus vite les flots touristiques. Parmi les objectifs de cette alliance: le soutien financier, l’effort commercial du pavillon national pour le redémarrage, le maintien des vols charter des tours opérateurs dont le taux de remplissage est inférieur à la capacité convenue.

Un soutien à prix… cassé
«Ce soutien est mis en place du 15 avril au 15 juin. Mais chaque partie peut suspendre cette convention en cas de désaccord entre les signataires dans la mise en place de ses modalités d’application, ainsi que son mode d’emploi. Le soutien peut être également prorogé, s’il aboutit aux résultats escomptés et si les budgets sont encore disponibles, sans toutefois dépasser le 1er juillet 2011. Il peut être accordé aussi, pour les vols dont le coefficient de remplissage est supérieur à 50% et inférieur ou égal à 80%. La différence de sièges invendus, sera alors réglée à la compagnie concernée du pavillon national, au prix de vente du siège réellement facturé au tour opérateur», a précisé l’un des responsables. Et d’ajouter qu’un effort exceptionnel sera déployé pour vendre les sièges à d’autres tours opérateurs et sites marchands. Au cas où des sièges restaient  invendus, la Fth, la Ftav et l’Ontt pourraient en disposer pour inviter des agents de voyages, des tours opérateurs, des journalistes ou autres afin de promouvoir le tourisme. Et c’est toujours une solution bonne à court ou long terme pour le pays.
Combien ça coûte? Un siège est estimé à une poignée d’euros. Mais combien vraiment! Des questions qui dérangent. Mais devant l’insistance, un responsable a hésité avant de répondre qu’un siège pourrait coûter une cinquantaine d’euros.

Bientôt l’Inde, la Chine et le Canada en ligne
Au terme de son intervention et avant de céder la place aux signataires, le ministre du Commerce et du Tourisme a précisé qu’il s’agit d’une première opération qui répond à une conjoncture spécifique. Et d’annoncer que bientôt la Tunisie va s’ouvrir sur de nouveaux marchés. Pour le ministre, cet accord de solidarité peut être élargi pour conquérir d’autres marchés en dehors de l’Europe. «Il y aura les marchés de demain qui sont l’Inde, la Chine et le Canada», annonce-t-il sur une note positive.
Quant au bilan du premier trimestre, il n’y a pas de quoi se réjouir pour le moment. Les recettes touristiques ont atteint 303,4 millions de dinars. C’est-à-dire une baisse de 43% par rapport à la même période de 2010. La fréquentation des hôtels a aussi chuté de 59,9% soit 1,8 million de nuitées pour les trois mois de l’année contre 4,3 millions entre le 1er janvier et le 31 mars 2010.
Autant dire que toutes les solutions susceptibles de redresser la situation sont les bienvenues.

Z. A.