Selon le Ctvie, l’indice de confiance dans l’industrie manufacturière, tel qu’il ressort des appréciations des chefs d’entreprises, est évalué pour le mois de mars à un niveau de -10.1 %.


 

A la suite des enquêtes menées en février et en mars derniers par le Centre tunisien de veille et d’intelligence économique (Ctvie) auprès des entreprises des secteurs du bâtiment, du commerce et des services, l’industrie manufacturière est à son tour soumis à une enquête visant à mesurer l’indice de confiance des chefs d’entreprises de ce secteur.
L’enquête, qui rentre dans le cadre du champ d’action du Ctvie pour mieux connaître l’environnement des affaires, est centrée autour d’un ensemble de questions relatives à l’activité des entreprises du secteur manufacturier tels que la régularité de l’approvisionnement, les niveaux de stocks de matières premières et des produits finis, les parts de marché au niveau local et au niveau international, les niveaux de commande, l’évolution des prix tant au niveau local qu’à celui de l’export, les conditions financières, les perspectives d’investissement et d’embauche, etc.
Les questions sont essentiellement qualitatives et sont relatives aux appréciations sur le vécu de l’entreprise durant les derniers mois ainsi que sur son présent et son futur.
Les appréciations des chefs d’entreprises interrogés ont permis d’évaluer l’indice de confiance pour le mois de mars à un niveau de -10.1%.

 

Les conditions de production
Au courant du mois de mars, près de 57% des entreprises déclarent ne pas avoir de difficultés d’approvisionnement. En matière de stocks de matières premières ou de demi-produits observés durant les six derniers mois, 44% des réponses affirment qu’ils sont stables par rapport à leurs niveaux habituels, seuls 21.7 % évoquent des stocks plus élevés qu’auparavant.
En ce qui concerne les délais de livraison, 60% des réponses estiment qu’ils sont les mêmes que précédemment et 10% des chefs entreprises estiment qu’actuellement les délais sont plus courts.
Pour les stocks de produits finis, près de 45% déclarent que leurs niveaux sont invariants contre 35% déclarant que ces niveaux sont plus faibles. Par rapport au niveau normal, seuls 10%  estiment que leurs niveaux de stocks sont supérieurs à la normale, alors que les autres entreprises sont réparties, à part égales avec 45% pour les niveaux de stock égaux à la normale et 45% pour les niveaux inférieurs à la normale.
S’agissant des parts de marché, les réponses sont distinctes selon qu’il s’agit du marché national ou des marchés étrangers. En effet, près de 62% des entreprises considèrent que les parts de marché sont moins bonnes sur le marché national alors que sur les marchés étrangers seuls 36% sont du même avis.
En termes de rythme d’utilisation des capacités de production des entreprises du secteur manufacturier, les niveaux actuels des opérations sont pour 66.7% des entreprises inférieurs aux niveaux des capacités installées contre 4.8% seulement qui déclarent que les niveaux des opérations actuelles sont supérieurs à leurs capacités.
La relative faiblesse des rythmes d’utilisation des capacités productives ne semble pas avoir un effet significatif sur le niveau de production. En effet, près de 65% déclarent produire autant voire plus qu’auparavant.
En matière de commandes reçues par les entreprises, toutes provenances confondues, 60% des réponses estiment qu’elles sont moins bonnes qu’auparavant contre 20% d’entre elles qui estiment qu’elles sont les mêmes et autant affirment que les commandes sont meilleures que précédemment.       
Pour ce qui concerne les prix de vente, les réponses des entreprises différent selon qu’il s’agit du marché local ou du marché étranger. Pour le premier marché, 45.5% des réponses affirment que le prix de vente est strictement  plus faible qu’auparavant alors que pour les marchés extérieurs, seuls 33 % des entreprises sont de cet avis sur l’évolution des prix.
Enfin, s’agissant des délais de paiement, l’écrasante majorité des chefs d’entreprises, avec près de 87 % des réponses, affirme que ces délais de paiement ont tendance à s’allonger  plus qu’auparavant.

Une dose d’optimisme
En ce qui concerne les six prochains mois, les appréciations des chefs d’entreprises de l’industrie manufacturière sont relativement plus  optimistes que celles relatives au présent ou au passé.
Sur l’ensemble des entreprises interrogées, près d’un chef d’entreprise sur deux estime que la situation économique globale sera meilleure durant les six prochains mois et près de 35% des répondants prévoient que la situation sera similaire à la situation actuelle.
Pour l’évolution future dans le secteur manufacturier, les avis sont plus tempérés du fait que la proportion de ceux qui estiment que la situation va rester stable ou va s’améliorer n’est que de 56  % des enquêtés.
En confirmation des résultats précédents, on retrouve une proportion voisine de 56% de chefs d’entreprises qui considèrent que la production au cours des six prochains mois sera de même niveau voire d’un niveau plus élevé.
Dans le même ordre d’idées, on observe à peu près la même proportion de 56% de chefs d’entreprises qui estiment une évolution stable ou croissante des commandes toutes provenances confondues.
Pour les entreprises exportatrices, les perspectives de vente durant le prochain semestre sont pour 60% des réponses les mêmes ou meilleures que celles qui prévalent actuellement.
S’agissant de l’évolution future des prix de vente, les anticipations à la hausse sont évoquées par 33 % pour le marché local et par 41% pour les marchés étrangers.
Dans le même ordre d’idées, près de 61% estiment que la situation financière sera la même ou meilleure que la situation actuelle.
En matière d’investissement, la conjoncture n’est toujours pas très favorable puisque près de 87% des chefs d’entreprises enquêtés estiment que la situation actuelle n’est pas propice à l’engagement de dépenses d’agrandissement des installations ou d’accroissement des stocks de machines ou de matériels. Les 13% d’entreprises ayant répondu favorablement estiment en grande majorité, avec près de 84% des réponses, qu’elles comptent accroitre leur investissement d’un niveau variant entre 10% et 20% des capacités installées.
Les obstacles aux investissements les plus évoqués par les chefs d’entreprises sont dans l’ordre décroissant: les politiques économiques gouvernementales avec près de 30% des obstacles cités, la faiblesse de la demande et la faiblesse des liquidités globales de l’entreprise avec chacune près de 25%.  
Les politiques économiques gouvernementales concernent en fait la persistance de l’insécurité, l’existence du marché parallèle, le rôle croissant des syndicats, etc.

Une relative amélioration des appréciations
Etant donné les soldes d’opinion aux diverses questions, et notamment les soldes relatifs aux questions qui impliquent la dynamique future du secteur, on peut évaluer l’indice global de confiance du secteur pour le mois de mars. Cet indice est susceptible de varier entre -100% et +100 %. Une valeur de 100% signifie que toutes les appréciations relatives aux variables clés de l’évolution future sont totalement favorables. La valeur de -100% signifie le contraire.
Le calcul de la moyenne des soldes d’opinion situe l’indice de confiance des chefs d’entreprises de l’industrie manufacturière pour le mois de mars 2011 à un niveau proche de  - 10.1 %.
Cette valeur traduit certes une appréciation assez négative de la situation future  mais elle constitue néanmoins une amélioration des appréciations relatives à la situation passée et présente. Cela signifie que l’indice aurait pu être encore plus pessimiste si la mesure avait été réalisée un mois et demi auparavant. On aurait eu alors une valeur voisine des celles du secteur bâtiment ou celui du commerce avec respectivement -16 % et - 17 %. La comparaison avec l’indice du secteur service dont la valeur avoisine - 5.2 % n’est pas opportune en raison des capacités d’adaptation de ce secteur qui font de lui un secteur plus à l’abri de la difficile conjoncture que traverse momentanément la Tunisie.  
Par ailleurs, l’indice de l’industrie manufacturière aurait pu prendre une valeur négative plus importante s’il n’avait pas été quelque peu tempéré par les appréciations positives des chefs d’entreprises relatives à l’évolution des marchés étrangers en termes de prix de vite et de commandes.  
Ainsi, à l’instar des secteurs du bâtiment et du commerce, l’industrie manufacturière enregistre des appréciations en baisse pour ce qui concerne le premier trimestre de l’année courante et laisse pointer un relatif optimisme pour les mois à venir.

Source: Iace.