Lors d’une rencontre mercredi à Paris, des investisseurs français en Tunisie ont loué l’extrême maturité des employés qui ont fait rempart pour protéger leur outil de production.
Paris, correspondance spéciale.


La Chambre tuniso-francaise de commerce et d’industrie (Ctfci) a organisé une journée sur «la nouvelle dynamique des échanges franco-tunisiens», mercredi matin, au siège de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris.
Cette rencontre, à laquelle ont pris part plus de 150 opérateurs, Tunisiens et Français, a été ouverte par Abdelhamid Triki, ministre de la Planification et de la Coopération internationale, et clôturée par Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat français auprès de la ministre de l’Economie et des Finances, chargé du Commerce extérieur

Une révolution tunisienne finalement «peu coûteuse»
Après la présentation et les débats sur le niveau de la coopération entre la Tunisie et la France (premier client et fournisseur de la Tunisie) par le responsable tunisien et les hauts cadres de l’Agence de promotion de l’industrie (Api) et l’Agence de promotion des investissements extérieurs (Fipa) et des chambres de commerce, des témoignages d’opérateurs français en Tunisie ont mis en exergue le fait que la révolution tunisienne a été «peu coûteuse» en termes humains et de dégâts collatéraux, puisque, sur 1.250 entreprise françaises, seulement 30 ont subi des perturbations et 20 ont fermé. Les fermetures concernent les entités les plus fragiles et les moins outillées pour maîtriser les conflits sociaux.
Certains témoignages ont rendu hommage à l’extrême maturité des employés des entreprises qui ont fait rempart pour protéger leur outil de production; ce qui ne serait pas étonnant de la part d’une population où la frange moyenne est éduquée et habituée au dialogue des partenaires sociaux, une tradition syndicale dans le pays.
Le problème des participations françaises aux entreprises dans lesquelles le clan Ben Ali était impliqué a également été débattu.
Aux interrogations concernant le chiffre significatif de 5% de croissance par an, enregistré durant la décennie écoulée malgré la corruption du régime, il a été répondu que la Tunisie le doit justement à ses fondamentaux: jeunesse instruite et administration compétente.

Pour une Union pour la démocratie en Méditerranée
Les participants ont été sensibilisés au fait que le nouveau contexte exempt de corruption devrait booster les investissements en général et les investissements directs étrangers (Ide) en particulier, surtout que les grands projets d’infrastructure ferroviaire, autoroutière, immobilière, et dans le domaine de l’énergie et de l’environnement, d’un montant de plusieurs milliards d’euros, vont être relancés et les opérateurs français ont toutes leurs chances d’y participer dans un contexte de transparence.
Un avocat d’affaires connaissant bien la Tunisie a affirmé que si les formalités de création et d’établissement d’une entreprise ont été améliorées notamment en termes de délais, il n’en est pas de même pour ce qui des appels d’offres publics où les formalités sont tellement complexes et longues – aucun dénouement n’a lieu avant 365 jours, des reports continuels, et une procédure d’attribution opaque – que seule la Bulgarie fait pire.
M. Lellouche a conclu en disant qu’à part l’émotion qui le gagne chaque fois qu’il parle de son pays natal et de sa révolution, il a toujours défendu au sein de l’Europe – comme il compte le faire aujourd'hui à Bruxelles – la nécessité de supporter les pays du sud de la Méditerranée (où l’aide de l'Union européenne ne dépasse guère 3 euros par habitant) autant qu'elle l’a fait pour les pays de l’Europe de l'Est (40 euros par habitant) et que son rêve serait de muer l’Union pour la Méditerranée (UpM) en Union pour la démocratie en Méditerranée (UdM).