Un bus de touristes caillassé, l’aéroport de Tunis-Carthage livré à lui même pour cause de couvre-feu, un personnel nonchalant dans les hôtels… Quelle image donne la révolution tunisienne à ses hôtes étrangers? Par Haykel Ezzeddine, Genève.
Où va la Tunisie? La démocratie... est un long fleuve mouvementé. Mais sait-on vraiment la chance (et les risques) que recèle la situation de transition actuelle?
Le maillon faible de la Tunisie actuelle est la sécurité. Je n’invente rien; je constate amèrement ce que vivent nos compatriotes au quotidien. La démocratie n’est pas un cadeau quand on n’y est pas préparé. Mais qui blâmer? Les Occidentaux complices et coffres-forts des dictateurs ou certains Tunisiens qui ne saisissent pas encore la vraie chance qu’ils sont en train de vivre? Que montre la télévision nationale durant ces derniers mois: des débats interminables et surtout le compte rendu très détaillé et bientôt au millime près des exactions du régime corrompu de Ben Ali et de la famille de son épouse Trabelsi?
Ras-le bol de professionnels!
On sait depuis longtemps que la Tunisie a vécu 23 années de privation de liberté et de vols à grande échelle. La Tunisie sous Ben Ali est devenue une multinationale qui roule pour le président, son épouse et leur entourage. Avant ce n’était pas aussi réjouissant, loin de là. Sous Bourguiba c’était plus contenu mais pas plus positif. On ne va pas refaire l’histoire!
Actuellement, on «exhume» les cadavres; on recherche des coupables; on essaye d’évaluer l’étendu du désastre. Mais on oublie le plus important. Il y a des échéances électorales à respecter et une économie à redresser. Les procès, on peut les programmer pour plus tard quand les esprits se seront apaisés et qu’on aura pris assez de recul pour juger en toute indépendance et sérénité.
Les membres du gouvernement provisoire font du sur place et on a l’impression qu’ils gèrent mal une situation qui de toute façon leur échappe. Leur but est de conduire le pays tel quel sans une véritable volonté de changement jusqu’aux élections.
Avec toutes les forces vives du pays, la Tunisie n’arrive même pas à offrir la sécurité minimum à ses citoyens. Débordements dans les stades, scènes de pillage un peu partout, vols et destructions en tout genre, non respect du couvre- feu et de toute autorité... Le tableau de la nouvelle Tunisie de transition n’inspire pas confiance.
Peut-on aujourd’hui visiter la Tunisie?
Malgré tous les efforts des voyagistes en Suisse pour relancer la destination Tunisie, le moral n’est pas au rendez-vous. Les annulations dans les agences de voyages se succèdent au rythme des violences quotidiennes qui surviennent en Tunisie. Un bus de touristes caillassé, l’aéroport de Carthage livré à lui même suite au dernier couvre-feu, un personnel nonchalant dans les hôtels… Quelle image donne la révolution tunisienne à ses hôtes étrangers?
Dernièrement, Kapitalis a reçu en primeur le programme de l’Office national du tourisme tunisien (Ontt) à Zurich. A part son directeur, Abdennaceur Jerbi, personne n’y croit. Un méga tour réunissant des professionnels suisses est organisé pour la fin de ce mois. Les annulations aussi parmi les professionnels se succèdent. Même gratuitement, la destination Tunisie ne fait pas l’unanimité! Il est grand temps que la sécurité occupe les priorités du gouvernement actuel, il y va de la stabilité du pays et de sa survie!
Programme de l’Ontt en Suisse pour la Tunisie
* Participation à tous les salons et foires du tourisme et des vacances en Suisse alémanique et romande (7 publiques et 2 salons de golfs);
* Voyages de presse chaque deux à trois semaines pour les journalistes suisses;
* Eductours avec les Tours opérateurs;
* Megatour pour 100 agents de voyages du 28 au 31 mai;
* Sponsor de 10 tournois de golf en Suisse alémanique et romande;
* Grandes campagnes de communication avec les tours opérateurs alémaniques et romands ;
* Soirées Tunisie, workshop et get together avec les tours opérateurs;
* Participation au salon automnale du 11 au 20 novembre à Palexpo à Genève; en tant que pays hôte d'honneur avec le Cepex et l’Ontt pour une superficie de 526 m2, sous l’égide de l’ambassade de Tunisie à Berne;
* Semaine gastronomique en cours de confirmation avec le tour opérateur Le Must Air Marin à l’hôtel Intercontinental à Genève (fin septembre);
*Participation aux salons professionnels du tourisme en Suisse, le TTW à Genève en septembre et celui de Zurich en octobre;
* Participation à l’assemblée générale de l’Association des journalistes écrivains de tourisme (Asset) du 19 au 23 mai, en France, pour représenter la Tunisie et déposer la candidature pour la tenue de cette assemblée en 2012 à Douz, dans le Sud Tunisien.
* Grande campagne de publicité programmée à partir du 15 mai et qui se compose des volets suivants:
- Affichage public en Suisse romande et alémanique, pour 2 semaines, soit 443 affiches à Zurich, Berne, Bale et Genève;
- Habillage entier, tram Tunisie à 2 wagons pour trois mois à partir du 15 mai;
- Campagne à la gare de Zurich, tableau électronique de 60 m2, avec fréquence toutes les 3 mn;
- Internet dans les grands moteurs de recherche;
- Insertions dans la presse professionnelle et publique.
D’autres opérations sont en cours et feront l’objet d’une nouvelle communication.