En ces temps de vaches maigres, recruter 120 jeunes diplômés, d’un seul coup, ce n’est pas rien. La Banque internationale arabe de Tunisie (Biat) l’a fait. Par esprit de solidarité. Mais aussi pour l’exemple…
Le geste n’est pas anodin, qui plus est en ces temps difficiles, où le chômage touche plus 700.000 personnes, dont 220.000 diplômés. La première banque privée tunisienne a tenu à le célébrer, vendredi, en grandes pompes. Avec une cérémonie de circonstances, des invités, des discours officiels, et tout le tralala, au grand bonheur de futurs fonctionnaires de la Biat.
Pour accueillir tout ce beau monde, la banque a dû ouvrir la grande salle de conférence de son siège de Tunis, qui ressemble plutôt à un espace de théâtre, et offrir une réception de bienvenue. Pour reconnaître les 120 stars du jour parmi les cols blancs, ce n’est pas sorcier ! Nous les avons reconnus grâce à leur badge autour du cou.
Bienvenue à votre banque !
Le premier à prendre la parole, c’est bien sûr Slaheddine Laajimi, le Pdg: «Cette opération s’inscrit dans le cadre d’un programme global lancé par la Biat en guise de contribution à l’effort du gouvernement provisoire afin d’impulser le rythme du développement régional», a-t-il expliqué. En effet, les 120 agents recrutés sont en grande majorité issus des régions intérieures. Ce qu’a confirmé à Kapitalis Thameur Derbal, secrétaire général dans la banque. «Parmi les 120 recrus, 78% sont des hommes et 22% des femmes.
La joie des nouvelles recrues.
Ils sont spécialisés dans le commerce, le marketing, la gestion», a-t-il précisé. Et d’ajouter que 80% de ces jeunes ont eu leur diplôme au cours des 5 dernières années. Mieux: 73 nouveaux recrus viennent des gouvernorats de l’ouest du pays, les plus déshérités. «Des grandes villes, nous n’avons pris que 7 personnes en tout. En revanche, nous avons recruté 113 personnes des délégations», a-t-il déclaré. Les gouvernorats qui ont le plus profité de l’opération sont le Kef, Kairouan, Sidi Bouzid, et Siliana.
Les jeunes recrues ont déjà commencé leur formation. «Ils sont depuis le 11 mai au Centre de développement des compétences de la rue Jamal Abdennasser. Ils ont à leur disposition 12 salles dans un espace de 800 m² et des formateurs à la pointe», a ajouté M. Derbal.
Ni favoritisme ni piston
Autour d’un festin offert par la maison, Slim, l’enfant de Kelibia, n’a rien goûté des sucrés salés. Pour le moment, il se contente de savourer ce moment et il s’estime heureux de n’avoir pas trop chômé. Car, il vient d’avoir sa licence en gestion en 2010. «En mars dernier, j’ai passé un entretien écrit et oral ensuite un test en informatique. En fait, je suis chanceux», a-t-il dit.
Son collègue Yacine vient du gouvernorat de Ben Arous. Il dit qu’il doit sa chance au bureau de travail qui l’a bien orienté, mais aussi au fait qu’il n’y a pas eu, dans le concours de la Biat, ni favoritisme ni piston.
Saïd Aidi en discussion avec un jeune recrue.
Aux côtés des deux jeunes, Mohammed, issu d’un quartier populaire de Tunis, a le sourire timide. Il dit qu’il est fier de son master en finances, promotion 2010. «Oui, content. Il y a de quoi!». Pas loin des garçons, un groupe de filles. Elles tournent autour de petits plats. Au coin, et dans la discrétion la plus absolue, trois autres filles qui viennent de faire connaissance, lundi dernier. L’une vient de Meknassi (gouvernorat de Sidi Bouzid), l’autre de Sers (Le Kef) et la troisième de Sbikha (Kairouan). Toutes semblent comblées. «Ma famille n’en revient pas encore. Toute ma vie va changer, celle de mes parents aussi», raconte Meriem, l’une des filles. Ses yeux brillent d’espoir. Au milieu de la foule, quelques jeunes demandent timidement aux photographes de les prendre en photos aux côtés de Saïd Aïdi, le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, qui a tenu à être présent à la cérémonie. Le membre du gouvernement provisoire a annoncé que cette première initiative sera rééditée, au cours des prochains jours, par le recrutement de nouvelles promotions au sein de la banque.
Bientôt de nouveaux recrutements dans le privé et le public
«Il s’agit de la détermination de plusieurs institutions et entreprises privées qui nous ont promis de recruter des jeunes, tous niveaux scolaires confondus. Nous y croyons. Les 120 recrus d’aujourd’hui sont 120 espoirs et des ambassadeurs des programmes et mécanismes de promotion de l’emploi engagés par le gouvernement dont le programme Amal. Le plan de la banque inclut, en plus du recrutement des jeunes agents, la création d’un fonds d’investissement d’une valeur de 10 millions de dinars pour le financement et le soutien des projets de développement et d’emploi dans ces régions ; ainsi que l’accélération du rythme d’ouverture de nouvelles agences de la banque à l’intérieur du pays notamment à Sidi Bouzid, Gafsa et Siliana», a annoncé le ministre. Et d’ajouter que tous «les programmes en place requièrent du temps et de la patience pour aboutir à des solutions non temporaires».
Cette contribution va s’ajouter à une autre opération, dès la semaine prochaine, après la publication du décret-loi dans le Journal officiel de la république tunisienne (Jort), a ajouté M. Aïdi, avant de conseiller aux jeunes d’être patients et persévérants le long de leur carrière. Message reçu avec un large sourire. Le bonheur, finalement, tient à si peu chose.
Zohra Abid
Tunisie. Heureux un nouveau fonctionnaire de la Biat
En ces temps de vaches maigres, recruter 120 jeunes diplômés, d’un seul coup, ce n’est pas rien. La Banque internationale arabe de Tunisie (Biat) l’a fait. Par esprit de solidarité. Mais aussi pour l’exemple…
Le geste n’est pas anodin, qui plus est en ces temps difficiles, où le chômage touche plus 700.000 personnes, dont 220.000 diplômés. La première banque privée tunisienne a tenu à le célébrer, vendredi, en grandes pompes. Avec une cérémonie de circonstances, des invités, des discours officiels, et tout le tralala, au grand bonheur de futurs fonctionnaires de la Biat.
Pour accueillir tout ce beau monde, la banque a dû ouvrir la grande salle de conférence de son siège de Tunis, qui ressemble plutôt à un espace de théâtre, et offrir une réception de bienvenue. Pour reconnaître les 120 stars du jour parmi les cols blancs, ce n’est pas sorcier ! Nous les avons reconnus grâce à leur badge autour du cou.
Bienvenue à votre banque !
Le premier à prendre la parole, c’est bien sûr Slaheddine Laajimi, le Pdg: «Cette opération s’inscrit dans le cadre d’un programme global lancé par la Biat en guise de contribution à l’effort du gouvernement provisoire afin d’impulser le rythme du développement régional», a-t-il expliqué. En effet, les 120 agents recrutés sont en grande majorité issus des régions intérieures. Ce qu’a confirmé à Kapitalis Thameur Derbal, secrétaire général dans la banque. «Parmi les 120 recrus, 78% sont des hommes et 22% des femmes. Ils sont spécialisés dans le commerce, le marketing, la gestion», a-t-il précisé. Et d’ajouter que 80% de ces jeunes ont eu leur diplôme au cours des 5 dernières années. Mieux: 73 nouveaux recrus viennent des gouvernorats de l’ouest du pays, les plus déshérités. «Des grandes villes, nous n’avons pris que 7 personnes en tout. En revanche, nous avons recruté 113 personnes des délégations», a-t-il déclaré. Les gouvernorats qui ont le plus profité de l’opération sont le Kef, Kairouan, Sidi Bouzid, Sidi Bouzid et Siliana.
Les jeunes recrues ont déjà commencé leur formation. «Ils sont depuis le 11 mai au Centre de développement des compétences de la rue Jamal Abdennasser. Ils ont à leur disposition 12 salles dans un espace de 800 m² et des formateurs à la pointe», a ajouté M. Derbal.
Ni favoritisme ni piston
Autour d’un festin offert par la maison, Slim, l’enfant de Kelibia, n’a rien goûté des sucrés salés. Pour le moment, il se contente de savourer ce moment et il s’estime heureux de n’avoir pas trop chômé. Car, il vient d’avoir sa licence en gestion en 2010. «En mars dernier, j’ai passé un entretien écrit et oral ensuite un test en informatique. En fait, je suis chanceux», a-t-il dit.
Son collègue Yacine vient du gouvernorat de Ben Arous. Il dit qu’il doit sa chance au bureau de travail qui l’a été bien orienté, mais aussi au fait qu’il n’y a pas eu, dans le concours de la Biat, ni favoritisme ni piston.
Aux côtés des deux jeunes, Mohammed, issu d’un quartier populaire de Tunis, a le sourire timide. Il dit qu’il est fier de son master en finances, promotion 2010. «Oui, content. Il y a de quoi!». Pas loin des garçons, un groupe de filles. Elles tournent autour de petits plats. Au coin, et dans la discrétion la plus absolue, trois autres filles qui viennent de faire connaissance, lundi dernier. L’une vient de Meknassi (gouvernorat de Sidi Bouzid), l’autre de Sers (Le Kef) et la troisième de Sbikha (Kairouan). Toutes semblent comblées. «Ma famille n’en revient pas encore. Toute ma vie va changer, celle de mes parents aussi», raconte Meriem, l’une des filles. Ses yeux brillent d’espoir. Au milieu de la foule, quelques jeunes demandent timidement aux photographes de les prendre en photos aux côtés de Saïd Aïdi, le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, qui a tenu à être présent à la cérémonie. Le membre du gouvernement provisoire a annoncé que cette première initiative sera rééditée, au cours des prochains jours, par le recrutement de nouvelles promotions au sein de la banque.
Bientôt de nouveaux recrutements dans le privé et le public
«Il s’agit de la détermination de plusieurs institutions et entreprises privées qui nous ont promis de recruter des jeunes, tous niveaux scolaires confondus. Nous y croyons. Les 120 recrus d’aujourd’hui sont 120 espoirs et des ambassadeurs des programmes et mécanismes de promotion de l’emploi engagés par le gouvernement dont le programme Amal. Le plan de la banque inclut, en plus du recrutement des jeunes agents, la création d’un fonds d’investissement d’une valeur de 10 millions de dinars pour le financement et le soutien des projets de développement et d’emploi dans ces régions ; ainsi que l’accélération du rythme d’ouverture de nouvelles agences de la banque à l’intérieur du pays notamment à Sidi Bouzid, Gafsa et Siliana», a annoncé le ministre. Et d’ajouter que tous «les programmes en place requièrent du temps et de la patience pour aboutir à des solutions non temporaires».
Cette contribution va s’ajouter à une autre opération, dès la semaine prochaine, après la publication du décret-loi dans le Journal officiel de la république tunisienne (Jort), a ajouté M. Aïdi, avant de conseiller aux jeunes d’être patients et persévérants le long de leur carrière. Message reçu avec un large sourire. Le bonheur, finalement, tient à si peu chose.
Zohra Abid