Un forum sur le thème : «Economie sociale décentralisée et cohésion sociale: pour un modèle alternatif de développement» se tiendra le 27 mai à l’hôtel Concorde, aux berges du Lac, à Tunis.


Ce premier Forum d’économie sociale décentralisée réunit des universitaires, des experts, des hommes d’affaires et des Ong de tous bords. Il prétend poser les jalons d’une réflexion productive et approfondie sur les divers champs d’action dans un domaine incontournable, pour aboutir sur une feuille de route à moyen terme où l’économique et le social sont indissociables.

Les participants
Côté participants, on annonce la présence de Abderrazek Zouari, ministre du Développement régional, Chadly Ben Mustapha, directeur de l’Institut des hautes études économiques de Tunis (Ihet), Tahar El Almi , professeur à l’Institut supérieur de gestion (Isg) et à l’Ihet, Tahar Bayahi (Groupe Magasin général), Abdelwaheb Ben Ayed (Groupe Poulina), Ahmed El Karam (Amen Bank), Ezzeddine Saïdane (banquier et consultant international), Moez Joudi (Formapro – Ihet), Abdeljelil Bédoui (Fsegt), Farid Be,bouzid ( Imm Bank), Abdessatar Mabkhout (Pwc, Isg, Ihet), Mohamed Ali Trabelsi ( Isg), Mustapha Ben Hareth (Isg), Lassad  Aouidj (Institut national de neurochirurgie), Khaldoun Bardi (clinique Ibn Zohr), Med Ali El Almi (Isg), Mohamed Mohamed (ex-Utap), Nejib El-Gharbi (Esc Tunis), YVES Heymans (Strategic studies & consulting), Ameni Khzouri (Faculté de droit de Tunis), Wafa Ziadi (Magistrate) et Tarak Bouzayene (directeur général de la Cnam).
Nous reproduisons ci-dessous le texte de présentation du forum.  
La Tunisie, au même titre que les pays émergents, traverse une période historique qui se caractérise par un changement de la façon fondamentale de créer la richesse. Ce sont maintenant les facteurs mentaux, et non matériels, qui déterminent le phénomène et c’est ce phénomène technologique qui favorise le reste. De sorte que tenter de l’aborder comme un phénomène idéologique constitue la première erreur que nous risquons de commettre. Cela peut aussi nous amener à tracer un plan de vol qui risque de nous conduire sur des chemins erronés. Et la Tunisie ne peut pas se permettre de prendre de tels chemins.
Nous sommes engagés aujourd’hui, et c’est une rupture fondamentale, dans un mouvement social et culturel qui consiste à transformer l’individuel en collectif, sans vouloir élever l’individuel en le fondant dans le collectif comme le veut la morale civique, l’esprit national.

Diffusion des valeurs de cohésion sociale
Lorsque l’on compare un pays comme la Suède, et autres pays scandinaves, qui disposent d’institutions sociales particulières depuis près d’un siècle, et que l’on observe la répartition des revenus dans ces pays, on commence à comprendre le rôle de l’éducation dans la diffusion des valeurs de cohésion sociale.
Il semblerait que le défi aille bien au-delà de la conception d’un système éducatif. Le modernisme qui accompagne la culture industrielle. L’éducation publique a été conçue en pensant au type d’être humain qu’il fallait façonner en fonction des variables de cette culture. Ne conviendrait-il pas mieux de concevoir d’autres hommes pour une nouvelle culture, même si cette culture semble insaisissable. Elle ne correspond pas à un changement d’époque mais à une époque de changements permanents.
Nous sommes confrontés au défi le plus important que nous ayons connu en Tunisie: définir ce qui se passe, comment cela se passe, à quel rythme et répondre aux questions que pose la nature même de ce phénomène.
Tout cela représente un formidable défi à l'être humain. L’éducation traditionnelle a été modelée par une culture finissante et nous devons définir les nouveaux objectifs, les nouvelles méthodes à employer à une époque que nous nous sommes accordés à dénommer l'ère de la connaissance, usant ainsi un langage repris par des auteurs de grand renom.
Dans quelle mesure la transformation fondamentale commanderait les politiques sociales qui se substituent aux politiques sociales qui s’écroulent. Et nous sommes engagés, tous, aujourd’hui, à faire une politique sociale qui soit centrée sur l’individu sous tendue par un renversement de la situation où l’appel à la reconnaissance de la diversité constitue la pierre angulaire. A mon avis, on a déjà trop de social contre productif.
Le vrai défi aujourd’hui c’est de pouvoir dire NON au gaspillage des ressources.
D’aucuns considèrent qu'il règne une grande incertitude en ce qui concerne les manières de stimuler la croissance. Il existe différentes alternatives. Mais les opportunités sont très différentes. La question est de savoir comment allier l’efficience économique à l’efficience sociale.
Dans quelle mesure plus de croissance rime avec plus d’inégalités? Au point de modernité où nous sommes arrivés, en Tunisie, ne devons nous pas, renverser la vapeur pour construire un mode de société, où la démocratie est définie à partir des demandes d’autonomie, de responsabilité de chaque individu.
A un autre niveau, dans quelle mesure, la compréhension de l’économie sociale est sous tendue par l’idée que l'économie réelle ait plus d'importance que l'économie financière. Comment parvenir à une croissance plus élevée au niveau national et au niveau régional avec une politique monétaire moins restrictive et à une politique fiscale moins rigide.
Dans quelle mesure la stabilité exigée par la globalisation et l’ouverture extérieure ainsi que l'adoption nécessaire de réformes sur le marché du travail, auraient servi de prétextes à une réduction des prestations sociales.
Dans quelle mesure les réformes dans le marché du travail sans relancer la croissance, accroîtrait la frustration sociale: nous aurions des travailleurs plus efficients, mais sans emploi. En d’autres termes, ne serait-il pas erroné de perdre de vue l'aspect humain de l'offre d'emplois.
Dans quelle mesure, plus la société avance vers une cohésion et un consensus interne, plus les pouvoirs publics disposeraient de possibilités d’action au niveau national, sous contraintes du processus de mondialisation. Dans quelle mesure, la réussite d’un consensus national, constitue un préalable à l’action efficiente en matière de politique internationale, contribuant ainsi à ce que les partenaires, et plus spécialement de l’Union européenne ne soient pas seulement considérés comme des marchés, mais aussi comme un espace social, défini par les mêmes contours.
Dans quelle mesure, l’élaboration d’un Programme d’économie sociale décentralisée, qui allie l’efficience économique et l’efficience sociale, soutenable qui s’imposerait de lui-même, aux différentes composantes sociales ne serait-il pas réalisable à moyen terme.