Qu’attend Tunisie du G8? C’est un signe fort pour que les investisseurs étrangers aient plus de confiance dans la politique du gouvernement post-révolution.
C’est ce qu’a affirmé Mehdi Haouas, ministre du Commerce et du Tourisme, lors de la 32e assemblée générale de la chambre tuniso-allemande (Ahk), qui a eu lieu récemment à Tunis. Une manifestation qui a soulevé beaucoup de questions dont notamment la stabilité économique de la Tunisie, les procédures administratives qui diffèrent d’un gouvernorat à l’autre et l’échéance électorale du 24 juillet.
Un optimisme à faire partager
M. Houas s’est distingué, au cours de cette soirée, par son franc-parler et sa spontanéité. Il a voulu être rassurant et tenait à ce que son optimisme soit partagé par tous les présents à cette manifestation. Il a fortement insisté sur un point particulier qui est celui des investisseurs étrangers qui sont de plus en plus récalcitrants à venir s’installer en Tunisie. Une peur certes légitime mais elle ne doit pas freiner outre mesure l’élan de ces industriels qui sont à la recherche de réelles opportunités d’affaires.
Plusieurs industriels allemands se sont indignés des pratiques malsaines que pratiquent certains fonctionnaires de l’Etat. A en croire certains d’entre eux, la législation en matière de douane et d’affrètement n’est pas la même dans tous les gouvernorats. Des pratiques qui datent de l’ancien régime mais qui se sont aggravées après le 14 janvier 2011. Un laisser-aller manifeste est en train de se produire et qui n’encourage nullement les potentiels investisseurs à venir s’installer en Tunisie. Les responsables de ces établissements portuaires et douaniers semblent être dépassés par les évènements et ils ont tous la même réaction, celle d’attendre les prochaines élections.
La jeunesse aux avant-plans
L’échéance du 24 juillet (reportée désormais au 16 octobre) est certes importante mais elle ne doit pas prendre des dimensions grandioses. Il est vrai que le sort de la Tunisie nouvelle sera définitivement fixé mais on ne doit pas oublier que la Tunisie est entrée dans une nouvelle phase depuis le 14 janvier 2011, date à laquelle la jeunesse tunisienne a mis fin à la dictature de Ben Ali. Ce sont ces jeunes qui vont construire la Tunisie de demain. Ils auront certes des difficultés au départ et ce qu’ils nécessitent c’est juste un peu de confiance.
Tout repose sur cette confiance tant souhaitée, car sans cette mutuelle transparence on ne peut pas avancer et la Tunisie a fortement besoin d’avancer dans la bonne voie. Aujourd’hui, la Tunisie est appelée à se prendre en main. Elle ne peut plus reculer et elle doit envisager l’avenir avec beaucoup de clarté et de clairvoyance.
L’épouvantail islamiste ne fonctionne plus
On doit tirer des leçons des erreurs du passé et essayer de ne pas tomber dans le même panneau. L’aide étrangère va être primordiale et sans cette aide nous allons échouer et le moment est mal choisi pour connaitre de nouvelles déconvenues.
Ceux qui redoutent l’arrivée des islamistes au pouvoir, et c’est une option à ne pas négliger, doivent se mettre en tête que la Tunisie ne sera jamais une copie conforme de l’Iran car si dans ce pays la révolution islamique a tenu le coup, le mérite revient au fait que ce pays regorge de gisements pétroliers. Ce n’est pas le cas de la Tunisie qui ne dispose pas de richesse minière et qui a tant besoin de l’apport financier des investisseurs étrangers. Même avec un gouvernement islamiste la Tunisie restera toujours un pays d’accueil, on ne peut pas négliger l’apport considérable du tourisme et ses retombées sur l’agriculture et l’industrie agroalimentaire.
De nos jours ce sont les intérêts économiques qui régissent la pérennité d’une nation, il n’est plus question de s’attarder sur les pensées philosophiques et les idéologies ancestrales. Le chemin est tracé et la Tunisie n’a qu’une seule option. Elle a opté pour la mondialisation et il n’est plus question de retourner en arrière. Aucun pays au monde ne peut rester en dehors de la sphère économique. Même l’Arabie Saoudite, qui a les moyens de s’isoler du monde, commence à opter pour une forme de modernisme contrôlé.
Ali Ben Mabrouk