PoulinaA l’exception de quelques actionnaires, qui ont demandé des éclaircissements concernant l’endettement, jugé lourd, de certaines entreprises du groupe, l’Assemblée générale de Poulina Group Holding (PGH), tenue le mardi 18 mai, à la Maison de l’entreprise, aux Berges du Lac, a tourné au plébiscite du management avec à sa tête l’inusable Abdelwaheb Ben Ayed. Le président du groupe a mené l’assemblée à la baguette… celle d’un chef d’orchestre s’entend.

ag Poulina Holding
D’abord les inquiétudes, rapidement dissipées. Le ratio d’endettement ou gearing (dette nette /capitaux propres) est plutôt rassurant, puisqu’il a gagné un point, passant de 94% en 2008 à 93% en 2009. Il s’établissait à 135% en 2007.

Cet endettement est la conséquence des lourds investissements du groupe dans des activités industrielles (brique, céramique, etc.) qui n’ont pas commencé à donner leurs fruits. Il est d’autant moins inquiétant qu’il est maîtrisé et que le groupe, du fait de sa bonne santé et de la confiance dont il jouit sur la place, bénéficie de crédits à des taux raisonnables.
Quid du Comité d’audit du groupe, dont aucune mention n’a été faite dans le rapport annuel 2009 ? Simple omission, répond M. Ben Ayed, qui promet de la réparer dès le prochain exercice.

Tout baigne…

Karim Ammar, le DG du groupe présentant le Rapport annuel 2009.Pour le reste tout baigne. Et pas seulement dans l’huile d’olive tunisienne vierge-extra, bientôt commercialisée en Chine, sous le label Vitalia, par une filiale chinoise du groupe, Medfood, qui a installé une chaîne de conditionnement et de mise en bouteille à Jiangsu, près de Shanghai.
A l’exception de quelques secteurs impactés par la crise – le bois&biens d’équipement (-11% à cause de la politique de dumping pratiquée par les pays européens), l’acier (+0,4%, à cause des fluctuations des cours des matières premières), le commerce & services (-21% pour les mêmes raisons) et  l’immobilier (-2%) –, PGH a enregistré, en 2009, un total produit d’exploitation en hausse de 3% par rapport au budget et de 2% par rapport à l’exercice 2008. Le résultat des activités net d’impôt s’est accru, lui aussi, de 11%.
Le groupe a certes été touché par la crise au 4e trimestre de 2008 et au 1er trimestre  de 2009. Mais, à partir du 2e trimestre, la situation a commencé à s’améliorer. Au 4e, l’impact s’est carrément estompé. «Si nous continuons à ressentir des effets retardés de la crise, celle-ci est déjà derrière nous», affirme M. Ben Ayed.  
Comment PGH a-t-il pu «sortir indemne de la crise» ? «Nous avons changé certaines de nos orientations et méthodes de travail», explique le président. Il ajoute : «Notre groupe est très flexible. Comme nous exportons beaucoup en Europe et que l’Europe a été fortement impactée, nous avons réorienté nos activités vers la Libye, les autres pays du voisinage et l’Afrique noire. Nous avons également développé des activités plus rémunératrices dans des secteurs à forte croissance, à forte valeur ajoutée et moins sensibles aux retours de la conjoncture économique.»
Résultat : PGH a fait mieux que ses prévisions en enregistrant une hausse de 2%% par rapport à 2008, plus même si l’on tient compte des flux entre les entreprises du groupe.

14% de croissance en 2010
Autre bonne nouvelle annoncée par le management: cette croissance soutenue se maintiendra en 2010. Les hausses enregistrées au cours du 1er trimestre le laissent espérer: +24% pour aviculture, +2% pour l’agroalimentaire, +21% pour l’acier, +24% pour l’emballage, +36% pour les matériaux de construction et +19% pour le commerce & service. Dans le domaine des travaux publics, la joint-venture de BTP créée en Libye ayant commencé à facturer à partir du 3e trimestre de 2009, l’on s’attend à une forte hausse des revenus de ce métier au cours de l’exercice courant.
PGH a donc de bonnes raisons de tabler sur une croissance de 14%. «Si l’on arrive à faire plus, ce serait tant mieux. Mais on ne peut garantir davantage», précise M. Ben Ayed. Il ajoute: «Il y a toujours des risques et des imprévus. Nous préférons avancer des chiffres que nous sommes certains de pouvoir réaliser, grâce à nos activités très diversifiées et à notre gestion flexible.»
Question orientation stratégique, PGH ne va pas poursuivre sa diversification en Tunisie, car ses activités y sont déjà assez diversifiées. Aussi, pour se développer, le groupe va-t-il plutôt se consolider sur les plans régional et international.
«Nous avons une base solide qui nous permet d’aller à l’étranger», souligne M. Ben Ayed. Il ajoute: «Nous pensons aux pays voisins, mais aussi à l’Afrique noire, où nous cherchons des implantations dans des pays avec lesquels il existe  un fort courant de commerce. Probablement le Ghana.» Le Maroc est aussi dans le viseur de PGH, qui y a dépêché, récemment, un groupe de spécialistes. «En Algérie, c’est encore difficile, mais nous y sommes déjà présents et nous y récolterons un jour les fruits de nos engagements», estime le président.
En ce qui concerne les actifs du groupe en bourse, M. Ben Ayed a tenu à souligner sa défiance vis-à-vis de l’actionnariat volatile, qui cherche le revenu immédiat ou rapide, et sa préférence pour l’actionnariat qui table sur un revenu réaliste, qui se considère comme partenaire et tient ses actions pour «un vrai patrimoine».
Peut-on dès lors s’étonner du fait que l’annonce du dividende à distribuer au titre de l’année 2009 – établi à 0,275 dinars pour une action d’une valeur nominale de 1 dinar – n’ait suscité aucun commentaire, sauf celui de M. Ben Ayed qui l’a qualifié de «sympathique» (sic !) ?
R. K.