Malgré une baisse de 25% au cours des quatre premiers mois de 2011, les investissements directs étrangers reprennent timidement, mais sûrement, attirés par le nouveau climat de liberté et de transparence dans le pays.
Le Tunisia Investment Forum (Forum de Tunisie sur l’investissement), qui se tient aujourd’hui et demain, à l’hôtel Ramada Plaza à Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis, devrait donner aux autorités des indications plus justes sur les perspectives de relance de l’investissement extérieur.
Noureddine Zekri, directeur général de l’Agence tunisienne de promotion des investissements étrangers (Fipa), note déjà «une grande sympathie pour la révolution». Selon lui, «les financiers croient en un meilleur environnement d’affaires, plus transparent, avec plus de liberté d’investir». Et cela se traduit déjà par un niveau record de missions de prospection et la confirmation de participation de 350 sociétés étrangères sur les 1.000 inscrites au Tunisia Investment Forum. En plus des entreprises européennes, qui sont familières du site tunisien, on annonce la participation de leurs homologues russes, américaines et asiatiques.
Les binationaux en première ligne
Autre indicateur intéressant à relever: les hommes d’affaires binationaux, et particulièrement les Franco-tunisiens, semblent très intéressés par le déploiement de leurs activités dans leur pays d’origine. Des confrères français font part de la détermination de certains de ces entrepreneurs à investir en Tunisie, enfin libérée de l’emprise de l’ancien clan mafieux au pouvoir.
C’est le cas, par exemple, de Lotfi Bel Hadj, patron du fonds luxembourgeois Greenrock Funds, rapporté par ‘‘Le Monde’’. Ce dernier avait fait une première tentative d’entrée en Tunisie en 2005, mais ses sociétés ont été spoliées par le clan Ben Ali et il a été interdit de retourner en Tunisie.
Aujourd’hui, ce Franco-tunisien de 46 ans, spécialisé de la compensation carbone, s’apprête à créer en Tunisie un fonds d’investissement éthique et solidaire avec plusieurs dizaines de millions d’euros de capital de départ. Mais aussi un groupe de presse WinPress Group, afin de contribuer à la libération du secteur de l’information, qui avait été l’un des instruments de la dictature de Ben Ali.
Avec son associé, un autre Franco-tunisien, Mohammed Hadfi, consultant de 35 ans et responsable du projet Insaf Fund, M. Bel Hadj espère s’allier à un fonds public pour créer des entreprises leaders dans chacun des secteurs économiques et ancrées dans différentes régions de Tunisie. Ce partenariat public-privé devrait aider à diversifier le tissu économique, «en spécialisant des bassins d’emplois régionaux amenés à devenir des pôles d’excellence.»
Autre histoire, autre engagement…
Un autre franco-tunisien, Issam Hakimi, ingénieur système, s’apprête à franchir la Méditerranée pour tenter l’aventure dans la Tunisie postrévolutionnaire et, au-delà, dans le reste du monde arabe enfin libéré des dictatures.
Développeur des solutions de sécurité autour des logiciels libres et d’Internet, devenu un entrepreneur autonome et complet à 30 ans, M. Hakimi a décidé de franchir le pas, après avoir été l’un des acteurs du web francophone avec l’opérateur Transnode.
Fort de ses compétences dans la sécurité des systèmes d’information et le social engeneering, ou ingénierie sociale, ainsi que le développement web en général et de la gestion d’infrastructures réseaux, le jeune entrepreneur a déclaré, dans un entretien à nos confrères des ‘‘Grandes oreilles’’, qu’il se «consacre à mettre en place de futurs projets en Tunisie».
M. Hakimi n’en dit pas plus, se contentant d’affirmer que «la Tunisie et le courage des Tunisiens méritent que toutes les personnes se sentant proches de ce peuple apportent leurs compétences afin de soutenir cette transition démocratique». Et d’ajouter : «La Tunisie est sans doute le seul pays du monde arabe à avoir en sa possession toutes les cartes pour réussir la mise en place d’une démocratie exemplaire.»
Le principal atout de la Tunisie, est, selon lui, le niveau d’éducation très élevé de la jeunesse tunisienne, qui «n’a rien à envier aux pays occidentaux», même si «le profil de compétence durant ces dernières années n’a pas été assez diversifié». La Tunisie apporte aussi «tous les avantages de l’offshoring pour les entrepreneurs souhaitant diminuer leur coût de production», explique le jeune entrepreneur.
Par ailleurs, la Tunisie «est actuellement un marché vierge dans certains secteurs d’activités des Ntic par exemple et puis la Tunisie apportera, dans un avenir très proche, toutes les garanties de stabilité et de sécurité pour ceux qui souhaitent investir massivement sur le marché local», ajoute M. Hakimi.
Imed Bahri