Au chapitre des mauvaises nouvelles, Mehdi Houas affirme le nombre de touristes attendus cette année devrait tomber à 3,5 millions, contre 7 millions en 2010, avant le renversement de Ben Ali le 14 janvier dernier.
Le chiffre d’affaires du secteur, qui représente 6,5% du produit intérieur brut, devrait ainsi baisser à 1,8 milliard de dinars (916 millions d’euros) contre 3,5 milliards en 2010.
Impact négatif sur l’emploi
Ces nouvelles sont d’autant plus préoccupantes que les recettes du tourisme représentent 50% des échanges extérieurs du pays et que leur baisse de moitié va impacter fortement l’économie dans son ensemble. Par ailleurs, le tourisme représente directement ou indirectement un emploi sur cinq en Tunisie. On imagine aussi l’impact négatif de la baisse d’activité sur l’emploi, au moment où le gouvernement cherche à atténuer les effets du chômage qui touche désormais quelque 700.000 personnes, selon les chiffres officielles.
Tout en admettant que la Tunisie a «beaucoup perdu», surtout si l’on compare avec ce qu’elle aurait dû avoir, le ministre émet un espoir: «Je veux que nous revenions au premier plan l’an prochain», a-t-il dit.
Selon M. Houas, l’image d’instabilité qu’offre la Tunisie ne devrait pas normalement dissuader les touristes d’y revenir en grand nombre. Il ose d’ailleurs une comparaison très peu diplomatique: «L’Afrique du Sud est infiniment plus dangereuse que la Tunisie, mais on continue à y aller, on accepte de rester dans des hôtels cernés de vigiles», explique M. Houas. Le ministre a de bonnes raisons de penser qu’«il n’y a pas de crise», en Tunisie. «C’est une révolution. Mais de nombreux touristes n’ont pas compris. L’an prochain, ils reviendront», ajoute le ministre qui garde espoir dans une reprise souvent annoncée, mais toujours reportée.
Mieux «vendre» le pays
Tunis a signé ces dernières semaines des accords de coopération pour mieux «vendre» le pays en France – dont 1,4 million de ressortissants prennent chaque année la direction des côtes tunisiennes –, en Espagne ou en Italie. «Nous allons faire pour la première fois une campagne spécifique pour chaque pays. Nous avons triplé le budget pour cela», déclare M. Houas à Reuters. Le ministre souhaite diversifier l’offre, au-delà des forfaits-vacances classiques au bord des plages, en s’orientant vers l’éco-tourisme, le night-clubbing ou le tourisme haut de gamme.
Autre bonne nouvelle qui montre que la destination ne manque pas d’atouts au regard des opérateurs internationaux du secteur: les groupes hôteliers Hilton Worldwide et Accord vont reprendre leurs activités dans le pays, suspendues avec la révolution.
I. B. (avec Reuters)