C’est ce qu’a affirmé, vendredi, lors de la rencontre périodique des journalistes à la Kasbah, Habib Ammar, directeur général de l’Office national du tourisme tunisien (Ontt).
Absence de vision
«51% de recul des recettes pour le premier semestre 2011. En termes de devises, c’est une chute de 53% en euros. En 1991, le tourisme a régressé de 26%. En 2002, nous avons enregistré 13% de pertes. Quant à la crise actuelle, c’est une première du genre dans l’histoire du tourisme. Jusqu’au 10 juin, la perte a été estimée à 550 millions de dinars», a-t-il affirmé. Et d’ajouter que ces chiffres auront un impact négatif sur les deux années à venir.
Le secteur a été impacté par les événements qui ont suivi la révolution, mais il subit aussi les effets de la crise structurelle qui remonte à dix ans. «Nous n’avions pas eu une bonne vision et il n’y a pas eu vraiment de volonté politique de réformer le secteur», a expliqué M. Ammar.
Selon lui, le tourisme sera basé sur d’autres produits comme ceux de la culture, de la santé, de l’écologie, du Sahara, des congrès et des affaires... «Le secteur ne sera plus concentré sur le balnéaire et l’exploitation exclusive du littoral. Un travail dans les régions vient de commencer pour y développer des activités de tourisme. C’est ce que nous sommes en train de gagner de la révolution et de la transition vers la démocratie», a ajouté M. Ammar.
Développer le marché algérien
Pour la haute saison, le responsable a dit que le ministère a doublé d’efforts dans des campagnes de pub et de sensibilisation et espère sauver l’année. «Nous avons invité 200 journalistes et 600 agents de voyage étrangers, notamment des Algériens. Il y a eu déjà 52% de réservations. Nous comptons sur les clients de dernière minute et nous espérons atteindre au moins 70%», a précisé M. Ammar. Qui a insisté sur la nécessité de développer le marché algérien. «Nous devons mieux le structurer. Autrefois, c’était du tourisme spontané. Le budget alloué pour la promotion de la Tunisie en Algérie ne dépassait pas les 120.000 dinars. Nous venons de multiplier cette somme par 4,5%. Nous venons de consacrer 700.000 dinars pour une campagne large sur Internet, les journaux et la télévision algérienne. Quant à la sécurité, le ministère de l’Intérieur vient de nous confirmer que tout est revenu à la normale et il n’y a plus de risque», a affirmé M. Ammar.
Interrogé sur le tourisme intérieur, le responsable de l’Ontt a confirmé que ce secteur était toujours négligé. «Ce qui intéressait les politiques, c’était les devises. Pourtant, le tourisme intérieur pourrait sauver la saison et les emplois. Comme c’est souvent le cas dans les pays occidentaux où le tourisme intérieur représente 45% de l’activité globale. Nous allons travailler en ce sens. Notre souhait, c’est que le Tunisien ait le réflexe d’aller réserver d’avance auprès des agences de voyage où le prix est nettement plus bas».
Z. A.