Sans surprise, un nouvel handicap majeur est cité par les entreprises exportatrices allemandes en Tunisie: le manque de stabilité politique et sociale. Merci la révolution!


Comme les années précédentes, la Chambre tuniso-allemande d’industrie et de commerce (Ahk Tunisie) a mené une enquête sur «la situation et les perspectives des entreprises exportatrices allemandes implantées en Tunisie».
L’objectif de cette enquête, réalisée en collaboration avec Riadh Bey, responsable d’un cabinet d’étude de marché et de marketing, Consultant Partner de  Global Partner International (Gpi Tunisie), est d’obtenir une évaluation de la situation économique actuelle par les entreprises exportatrices avec participation allemande au capital en Tunisie et de connaître leurs perspectives.
Cette année, les enquêteurs ont ajouté certaines questions pertinentes en tenant compte de la situation dans la Tunisie postrévolutionnaire. La participation de la majorité des entreprises exportatrices allemandes à l’enquête a permis de donner une image représentative et fondée de la situation réelle de la Tunisie actuelle. Par conséquent, les résultats constituent toujours une base importante pour le dialogue avec les institutions et administrations tunisiennes.
Le questionnaire a été adressé cette année à 105 entreprises. Le pourcentage de régression s’élève à 60%. Les chiffres indiqués se rapportent à ce pourcentage de régression.

Répartition en fonction du secteur et de la taille
Parmi les entreprises qui ont participé au questionnaire de cette année, le secteur du textile et de la confection continue à représenter le groupe le plus important avec 50% tandis que la branche de l’industrie électrotechnique représente 36% des sociétés exportatrices participantes. D’autres secteurs industriels comme celui de la céramique ou celui du Btp sont représentées à hauteur de 14%.
L’enquête à permis de montrer qu’avec 58% de participation, ce sont essentiellement les petites et moyennes entreprises qui sont représentées en Tunisie: le personnel de 28% des sociétés ayant participé au sondage ne dépasse pas les 100 collaborateurs; 30% des entreprises à participation allemande au capital en Tunisie emploient entre 100 et 300 personnes. Les sociétés de 300 à 500 employés sont à 10% et les plus grandes sociétés (plus de 500 collaborateurs) représentent 32% des entreprises exportatrices participant à l’enquête de cette année.

Evolution des affaires en 2010
30% des entreprises qualifient l’évolution des affaires de «bonne» et 46% de «plutôt satisfaisante».
Tandis qu‘en 2009, 41% des sociétés considéraient l’évolution de leurs affaires comme positives, cette année ils sont plus de 70% à le penser tous secteurs confondus.
Quant à la répartition sectorielle, les appréciations positives sont sensiblement égales pour les secteurs textiles (76%) ou électrotechnique (78%), la différence se faisant sur l’extrême positif (bonne) en faveur du secteur électrotechnique avec 50% contre 16% pour le secteur textile.
Les années 2008 et 2009 où l’évolution du chiffre d’affaire à l’export a présenté des difficultés pour les entreprises allemandes, au cours de l’année 2010, la situation s’est nettement améliorée. Aujourd’hui, la proportion des entreprises qui ont vu leur chiffre d’affaires à la hausse est passé de 29% en 2009 à 66% pour 2010. Un chiffre d’affaires à l’export qui a augmenté de manière considérable (>10%) pour 34% des entreprises interrogées (2009: 14%). En revanche, la proportion des entreprises qui ont vu leur chiffre d’affaires à l’export baisser, est passée de 59% en 2009 à 20% pour 2010.
En 2010, 62% des entreprises ont embauché du personnel supplémentaire, par rapport à 26% en 2009. Pour 32% des sociétés les effectifs restaient inchangés. 6% des entreprises indiquent une compression des effectifs par rapport à l’année précédente où la compression affichait les 39% (2009).

Les attentes pour 2011
Pour cette période difficile pour le site Tunisie, 36% des entreprises interrogées prévoient une augmentation des investissements par rapport à l'année précédente contre 22% qui prévoient une diminution. 36% ne s’attendent à aucun changement dans l’évolution des investissements en 2011 par rapport à l’an dernier.
La distribution sectorielle nous montre que le secteur électrotechnique se montre légèrement plus optimiste avec près de la moitié (45%) des entreprises qui envisagent une augmentation des investissements. 33% n’envisagent aucun changement et 11% prévoient un recul des investissements par rapport à l'année précédente.
Dans le secteur de la confection, ce sont 36% des entreprises interrogées qui prévoient de renforcer leurs investissements. 20% s’attendent à une diminution par rapport à l’an dernier. La majorité des sociétés du secteur textile (44%) ne prévoit aucun changement par rapport à l’année précédente quant à l’évolution des investissements en 2011.

Les points forts
Parmi les avantages du site de production en Tunisie les plus fréquemment cités par tous les secteurs, on trouve la proximité géographique de l’Europe (72%), jugée importante par le secteur du textile (76%) et celui de l’industrie électrotechnique (74%). Les entreprises exportatrices citent les avantages fiscaux (66%). Les coûts de production compétitifs sont cités par 48% des entreprises avec 44% pour le textile et 56% pour l’électrotechnique.

Les points à améliorer
Le principal problème de la Tunisie en tant que site de production reste le manque de stabilité politique et sociale (92%) alors que pour 2009 et 2008, ce problème n’existait pas.
La faible productivité des employés (22% alors qu’en 2009, 47%) : ce constat est dressé essentiellement dans le secteur électrotechnique (44%, et en 2009 on en était à 17%), et seulement dans une mesure nettement moindre par les entreprises exportatrices du secteur textile (13% alors qu’en 2009 ce taux était de 63%).
De plus, la réglementation excessive et la rigidité des administrations (18%, ici aussi on constate une amélioration étant donné que ce problème représentait un handicap pour 47% des entreprises).
Finalement le manque de personnel qualifié (20%) est considéré comme inconvénient du site par 39% des entreprises exportatrices du secteur électrotechnique et 8% des celles du textile.
Les facilités dues à des circonstances en 2010
L’évolution du taux de change reste un facteur facilitateur pour les exportations. Ce taux de change de l’euro par rapport au dinar tunisien facilite énormément l’activité commerciale des entreprises allemandes (56%).
La collaboration avec l'Ahk a nettement gagné en importance en 2010 (38%) par rapport à l’année précédente.
Quant au facteur de la coopération avec les institutions tunisiennes, il reste pratiquement inchangé (18%).

Difficultés dues à des circonstances
Une série de facteurs externes et internes ont été ressentis comme une charge par les entreprises allemandes en Tunisie en 2010. La question des coûts de transport reste en 2010, malgré un recul de 43% à 39%, une difficulté particulière pour les entreprises.
L’évolution des débouchés européens représente en 2010 a perdu en importance pour les entreprises exportatrices allemandes en Tunisie en passant de 56% en 2009 à 18% en 2010.
Parmi les facteurs internes qui représentent une difficulté en Tunisie, c’est le niveau et l’évolution du coût du travail qui a été majoritairement cité par les entreprises (41%).
Les problèmes au niveau des télécommunications représentent un frein pour 10% des entreprises interrogées (32% en 2009).
Le questionnaire de cette année comportait une question variable concernant les effets de la révolution. Il s’agit d’en connaître l’impact positif ou négatif sur les entreprises à travers trois questions qui portent également sur les demandes du personnel, les négociations salariales et les avantages et inconvénients de cette nouvelle situation.
En conclusion, les enquêteurs constatent qu’après la révolution, on assiste à une diminution d’importance de tous les critères généralement cités durant les dernières études comme handicap de la Tunisie en tant que site de production, et à l’apparition d’un handicap majeur après la révolution: le manque de stabilité politique et sociale. Il semblerait que ce handicap est tellement important pour les entreprises exportatrices allemandes que tous les autres handicaps «habituels» perdent en importance.

Source : communiqué.