L’ancien PDG des AMS et de la Stia, depuis peu aux commandes de la Stip, affronte un troisième défi – peut-être le plus difficile – de sa carrière managériale.
Pantoufler, quitte à connaître une fin de carrière en queue de poisson ? Mohamed Ezzaouia aurait pu, comme certains, se laisser séduire par une telle perspective. Mais ce n’est visiblement pas le genre de l’ancien président directeur général des Ateliers mécaniques du Sahel (AMS) et, depuis peu, nouveau patron de la Société tunisienne des industries de pneumatiques (Stip).
Avant d’être appelé au chevet de cette entreprise, Mohamed Ezzaouia avait piloté, en janvier 2008, la privatisation des AMS – à la tête desquels il avait également été rappelé à cet effet –. Le repreneur, le groupe Loukil en l’occurrence, l’a remplacé en décembre 2008 par un tandem issu du groupe: Lotfi Dogui, directeur général, et Bassem Loukil, président du conseil. Placé à la tête d’une filiale régionale d’Aures Citroën, Mohamed Ezzaouia n’est resté à ce poste que quinze mois, puisqu’il a été appelé de nouveau par les pouvoirs publics à conduire le processus de privatisation de la Stip. Ce rappel s’explique par les compétences de Mohamed Ezzaouia dans ce domaine. Ce diplômé de l’Institut des techniques de banque (ITB, Paris) a déjà réussi une mission similaire aux AMS.
Fait unique dans les annales de l’entreprise publique tunisienne, Mohamed Ezzaouia est en effet le seul PDG à avoir dirigé la même entreprise – les AMS – à deux reprises. Une première fois au début des années quatre vingt-dix, quand – avant que le concept ne devienne d’actualité, après la conclusion de l’Accord de partenariat Tunisie-Union européenne en juillet 1995 – il mène une mise à niveau qui transforme complètement les AMS. Au moment où il les quitte vers la fin des années 90, les AMS sont une entreprise plus efficiente et rentable.
Mais les performances de l’entreprise s’étant dégradées par la suite, les autorités font de nouveau appel à l’ancien PDG en 2005 pour requinquer l’entreprise et en réaliser la privatisation. Il mettra près de trois ans pour mener à bien cette mission couronnée avec la cession en janvier 2008 au groupe Loukil des 90,76% du capital détenus par la Société tunisienne de banque (STB).
Mohamed Ezzaouia restera encore une année aux commandes des AMS durant laquelle il lance la politique d’internationalisation de l’entreprise qui se traduit, d’abord, par l’ouverture de deux showrooms en Libye et en Algérie, respectivement en août et en octobre 2008, puis à Paris en mars 2009, deux mois après son départ.
Aujourd’hui aux commandes de la Stip, en grosses difficultés, Mohamed Ezzaouia va devoir confirmer ses talents de «redresseur-privatiseur».
L. M.