Une nouvelle usine dans le pays ce sont de nouveaux emplois. Cela signifie aussi plus de productivité pour couvrir le marché local et ceux des pays voisins. Avec Tetra Pak 3/Speed de Grombalia (au Cap Bon), le marché se profile juteux! Reportage de Zohra Abid
Jeudi matin, au siège de la Société nouvelle des boissons gazeuses (Snbg) – filiale du groupe Sonobra, détenue en partie par le Néerlandais Heineken – dans la zone industrielle de Grombalia, il y a eu du monde. On a même déroulé à l’entrée un tapis vert et posé une alignée de plantes. C’est l’inauguration, tant attendue, de Tetra Pak 3/Speed, ligne de conditionnement aseptique la plus rapide au monde pour les emballages familiaux en carton.
Les invités qui ont assisté au premier tour de manivelle de la Tetra Pak 3/Speed, ont eu droit au rituel speech des responsables avant de faire un tour dans l’usine ultramoderne. Et pour bien arroser l’événement, un banquet de salés sucrés sans oublier les paquets de jus de fruits sortis de la fabrique.
Haute technologie
Selon Maarten Koudenburg, directeur du groupe Sonobra, tout va au mieux à Grombalia et sa confiance en la Tunisie et ses compétences est intacte. «La croissance est bonne. Je dirai même qu’elle est en deux chiffres. Malgré les perturbations qu’a connues le pays en ce début d’année, le groupe n’a jamais arrêté de fonctionner. Ceci est un signe positif pour le futur», a expliqué le directeur du groupe. L’homme, qui avoue être de nature difficile à satisfaire, ne se fait pas prier pour dire sa satisfaction que ce projet va démarrer en décembre, alors qu’il vient de «tourner pour la première fois le 21 juillet».
Tetra Pak A3/Speed, qui répond aux exigences des normes internationales les plus strictes telles que celles de la U.S. Food and Drugs Administration (Fda), représente un investissement de 3 millions de dollars et va permettre à la Snbg d’augmenter substantiellement sa capacité de production et de répondre à la demande des consommateurs locaux et ceux des pays voisins.
Selon Zuzana Zeleznikova, la directrice générale, Sonobra a toujours «cru en ce pays». La preuve : «60 millions de dinars ont été investis depuis la création de l’entreprise, avec plus de 25 millions de dinars d’investissements supplémentaires prévues entre 2011 et 2012, et nous continuons de croire en l’avenir de la Tunisie».
Travail à la chaîne
A l’intérieur de l’usine, entre les machines géantes, les ouvriers, plus d’une vingtaine, tout sourire, en tenue stérilisée, attendent impatiemment le premier tour. Hichem, quant à lui, sur la réussite de la première phase : la pasteurisation de l’eau qu’il vient de programmer. L’homme a fait déjà carrière dans le domaine. Après son diplôme de technicien supérieur en alimentaire, il a vite intégré le groupe. Ça fait plus de dix ans qu’il est là (déjà!). A côté de la grosse machine, qui ressemble à un lave-linge industriel, deux des collaborateurs de Hichem.
Hichem à gauche avec ses camarades
A chacun, sa petite tâche technique qui ne nécessite pas beaucoup d’effort, mais de l’attention. Pas une seconde de distraction. Tout autour de la salle, des vitres et plein de tuyaux qui vont jusqu’à la salle voisine.
Ici, des hommes et des femmes, pas en blanc stérilisé mais en bleu de travail estampillé d’un petit logo de la maison. Leur travail consiste à prendre le relais des machines pour ranger les paquets de boisson avant la prochaine et dernière étape de la livraison. «Nous faisons de l’emballage. Nous travaillons huit heures par jour, mais le travail n’est pas vraiment très fatigant. On s’estime heureux de travailler et les conditions ne sont pas vraiment pénibles. Quant au salaire, bon ça peut aller», a dit à Kapitalis Mahbouba Younès, ouvrière dans le groupe.
La chaîne se met en branle
Soudain, les machines ont accéléré, des jets à l’intérieur des blocs vitrés et tout s’est mis à tourner. De l’autre côté, vers la sortie, les paquets de jus de fruits tournent à une vitesse constante, suivent des plaques de pipes et, très vite, tout est scellé, empaqueté, prêt à la distribution.
Un tonnerre d’applaudissements a retenti dans la salle. Dehors, sous la tente, quelques ouvriers des trois autres sociétés du groupe sont venus, rien que pour voir ce qui se passe. C’était au moment de leur petite pause de la journée. Parmi eux, des personnes non titulaires, d’autres qui réclament une petite augmentation de salaire. Ils ont voulu passer en douce leur message à la direction. Après tout, c’est leur droit le plus légitime. «Notre groupe n’a pas subi des dégâts pendant la révolution grâce à nous. Nous avons su comment garder l’usine et nos emplois», a précisé l’un des ouvriers qui lui aussi demande son droit aux primes.
A la conquête des marchés maghrébins
«Le groupe emploie aujourd’hui 1.010 personnes et prévoit 120 recrutements supplémentaires d’ici la fin de l’année. Il n’y a que deux expatriés : M. Koudenburg, le directeur du groupe, et la directrice générale, Zuzana Zeleznikova», a précisé Elyès Ben Ali Kacem, directeur marketing.
Le groupe est composé de trois société : La Snbg, qui opère dans les boissons gazeuses (Viva, Florida, Fayrouz et Rc Cola) et les jus de fruits (Tropicana, Diva, Raoua, OH); la Société nouvelle d’eaux minérales (Sonem) fondée en 2003 avec la marque Fourat et la Société nouvelle de brasserie (Sonobra) pour les bières Golden Brau et Heineken.
Selon M. Ben Ali Kacem, il y a une forte demande de boissons à l’intérieur du pays et grâce à Tetra pak 3/ Speed, le groupe va conquérir d’autres marchés dans le Maghreb.