Le président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) est un fervent partisan du rapprochement entre le Maghreb et l’Afrique subsaharienne. Son allocution à l’ouverture du 12e Forum de Carthage sur l’investissement, jeudi 3 juin, à Gammarth, n’a pas dérogé à la règle.



«Nous avons des jeunes bien formés, des ingénieurs et des spécialistes dans toutes les disciplines, souvent formés dans les meilleures universités du monde. Il nous faut nous battre pour créer un environnement maghrébin. L’Union du Maghreb arabe (UMA) est certes difficile à structurer, mais le marché commun maghrébin est inéluctable. Nous devons ouvrir les frontières de nos pays afin que l’économie ne soit pas victime de la politique. En créant un marché libre au Maghreb, notre souhait le plus cher n’est pas seulement d’avancer sur la voie de l’édification de l’Euro-Méditerranée mais de l’EuroAfrique, car l’Afrique, réservoir et ressort futurs de nos économies, est en train de nous échapper, investi par les Asiatiques, les Américains et les autres...»


«L’Afrique est la force de demain»

Quelques jours auparavant, le 28 mai, à l’ouverture de la conférence organisée par le ministère du Transport sur le thème: «Le rail, vecteur d’intégration maghrébine», M. Djilani a développé une réflexion géostratégique sur la place du continent noir dans le monde de main: «Il y a actuellement trois pôles économiques puissants: les Etats-Unis et l’espace américain, l’Asie du sud-est autour de la Chine et du Japon et, enfin, l’Europe, en cours de constitution avec son espace méditerranéen», a-t-il expliqué. Et d’enchaîner: «L’Afrique est la force de demain. En tant que Maghrébins, nous devons être capables d’assurer la synergie entre l’Europe et le continent noir.»
Le 15 avril, lors de l’ouverture des Rencontres de partenariat Afrique-Tunisie, co-organisées par l’Utica et le Centre de promotion des exportations (Cepex), M. Djilani avait lancé à l’assistance, formée d’hommes d’affaires du nord et du sud du Sahara: «Je ne comprends pas pourquoi, nous, investisseurs africains, essayons de consolider nos partenariats avec d’autres continents alors que le marché africain présente un potentiel de développement très important».

Ouvrir les frontières
Comment faire en sorte que les pays d’Afrique du nord et du sud du Sahara apprennent à développer des synergies économiques? Les accords préférentiels, les encouragements et les facilités accordés par les pays ne suffisent pas, estime le patron des patrons tunisiens. Il faudrait d’abord ouvrir les frontières pour le passage des hommes, des marchandises et des investissements. Il faut ensuite régler le problème du manque de moyens de transport, qui entrave le développement des échanges interafricains, à tel point que «l’on soit parfois obligé de faire le tour du monde pour accéder d’une capitale africaine à une autre.» Et, last but not least, il y a aujourd’hui un grand besoin d’une information fiable et actualisée sur les marchés subsahariens. Etant donné que les investisseurs qui sont en quête d’opportunités en Afrique, ne disposent pas toujours de l’information nécessaire sur les potentiels disponibles dans chaque pays.
On peut parier que ce tropisme africain du patron des patrons tunisiens ne tardera pas à se traduire par un déploiement des entreprises de son propre groupe financier dans le continent.

R. K.