Les trains de la Société nationale des chemins de fer tunisiens (Sncft) ont causé 44 accidents au niveau des intersections au cours du premier semestre 2011, qui ont occasionné 9 morts et 25 blessés.


La Sncft assure le transport de 5 millions de voyageurs par an sur les lignes de longs trajets et près de 40 millions sur celles des banlieues de Tunis.
Selon des témoignages recueillis par l’agence Tap, à la gare de la place Barcelone, la flotte de l’entreprise publique de transport ferroviaire compte 20 trains, dont la plupart sont vétustes. Les conditions de transport et de conduite révèlent certaines défaillances.

Deux accidents en un mois
Si beaucoup de voyageurs préfèrent le train pour son coût avantageux, notamment pour les voyages en famille, ainsi que pour la sécurité assurée par ce moyen de transport, certains usagers estiment que les conditions à l’intérieur des wagons sont déplorables, en raison des portes qui restent ouvertes, alors que le train est en marche.
En juillet, au cours d’une même semaine, deux accidents ferroviaires ont eu lieu, causés, selon la Sncft, par des défaillances humaines.
Le 19 juillet, un accident a eu lieu entre un train partant de Tunis en direction de Sousse et un camion en panne, et le 23 juillet, deux trains se sont percutés au niveau de la station de Borj Cedria.
Les causes des accidents ferroviaires relèvent toujours, selon le directeur central de la Sncft, Mouldi Zouaoui, de l’erreur humaine. Le conducteur du train est considéré comme le responsable principal des accidents.
La société emploie 1.000 chauffeurs dont 450 travaillant à partir de la station de Barcelone. Les conducteurs de train sont accompagnés, dans leurs voyages, d’assistants qui peuvent, selon la loi, prendre le volant en cas d’incapacité du chauffeur. Les cabines de conduite, sont dotées d’équipements pouvant contrôler le train en cas de défaillance du conducteur où de son aide.

Le manque d’équipement
En principe, les chauffeurs du train, titulaires du certificat d’aptitude professionnelle, sont soumis à une formation complémentaire de six mois (théorique et pratique). Cependant, certains conducteurs et leurs assistants estiment que la formation assurée au centre de Hammam-Lif ne dépasse pas 30 jours pour la théorie et une semaine pour la pratique. Ces professionnels soulignent l’importance de rééquiper la cabine de conduite d’un système de répétition à bord (Crb), délaissé par la société en raison des coûts de la maintenance. Il n’existe actuellement, qu’un appareil de veille automatique pour le conducteur, lequel n’est généralement pas utilisé à bord des trains des banlieues. Les conducteurs ont souvent attiré l’attention plus d’une fois sur les risques de conduite dans les conditions actuelles. Ils ont adressé aussi des correspondances officielles, accompagnées de preuves et de films vidéo enregistrés, à l’administration et au ministère de Transport pour montrer les mauvaises conditions dans lesquelles ils travaillent. Ils ont souligné, entre autres, que les règles de sécurité de base ne sont pas garanties, dont l’absence de visibilité des signaux lumineux au sol.
Les experts de l’Institut de sécurité au travail (Ist) avaient eux aussi relevé, depuis 2007, l’absence de conditions de sécurité dans les cabines de conduite des trains et pointé du doigt les risques inhérents au bruit, à l’inconfort des sièges conducteurs et au non respect des normes de sécurité professionnelle pour ce qui est des habits et des chaussures des conducteurs. De fait, les conducteurs du train ne revêtent pas leurs tenues de travail, alors que la société leur fournit des uniformes d’été et d’hiver.
Face à cette situation, une commission a été constituée, récemment, pour diagnostiquer toutes les défaillances en matière de sécurité. Le chargé de l’information au ministère de Transport, cité par la Tap, annonce la tenue prochaine d’une rencontre entre le ministre du Transport et 40 conducteurs de train pour discuter des problématiques posées.